Nucléaire : « Des petits calculs de bouts de chandelles »

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Publié le 23/11/2014 à 14:04 - Mise à jour le 23/11/2014 à 14:04

Un texte signé par le président de l’assemblée Marcel Tuihani et la représentante Loïs Salmon-Amaru, demande une indemnisation financière à la France pour le préjudice écologique consécutif aux essais nucléaires et à l’occupation de Moruroa et Fangataufa. Il a été examiné par la commission du tourisme et de l’écologie à l’assemblée vendredi. 
Les élus du Tahoeraa, dans leur résolution, estiment le préjudice écologique subi à 90.4 milliards de Fcfp. Ils se réfèrent à un contentieux qui a eu lieu en Nouvelle-Calédonie à la suite d’une pollution à l’acide sulfurique (lire notre dernier article ICI ). Le préjudice lié  à l’occupation des atolls est quant à lui évalué à 12.2 milliards de Fcfp.   
Jeudi, les représentants étudierons le texte à l’assemblée de la Polynésie. S’il est voté, une loi organique pourrait être publiée. Il sera également demandé à l’Etat un plan de sauvegarde de Moruroa et Fangataufa. 

Quelle a été votre première réaction quant à la résolution de Marcel Tuihani ?
« Nous avons été très étonnés de la précipitation avec laquelle la présidente de la commission de l’environnement et du tourisme nous a convoqués pour examiner ce dossier. A tel point que nos membres, qui font partie, en tant que membres décisionnaires de cette commission, n’ont pas pu quitter leur atoll pour pouvoir venir à cette séance. Et donc j’ai dû les remplacer avec quelques collègues de l’UPLD. Et mon étonnement a été de courte durée bien entendu, quand j’ai vu entrer monsieur Flosse à l’intérieur de la salle des commissions et répondre à toutes les questions. Ce que nous laisse à penser ce dossier c’est que on a encore pris le nucléaire par le mauvais bout, on a pris ce dossier par le mauvais bout parce qu’aujourd’hui, s’il y a un parti qui peut se réclamer de la pérennité, de s’être toujours levé pour combattre le nucléaire en Polynésie, c’est bien le Tavini Huiraatira. Et je pense qu’aujourd’hui on a épuisé on pourrait dire, toutes les voies de recours dans le cadre de transactions bipartites entre le Pays et l’Etat pour obtenir gain de cause. C’est un débat qui doit rationnaliser, et on a la chance d’avoir été réinscrits depuis 2013 et de pouvoir porter ce débat là-bas. D’ailleurs ça fait l’objet, dans l’écriture de notre première résolution qui a été adoptée par l’ONU en 2013, d’une demande de la venue d’un comité d’experts en Polynésie pour pouvoir faire, non pas ces petits calculs de bouts de chandelles mais un vrai calcul. »
 
Est-ce que vous comprenez justement le calcul qui a été effectué ?
« Non mais c’est la démarche qu’on ne comprend pas. Alors d’un côté on a un président qui essaie de tout faire pour amener l’Etat au financement de 2 milliards afin de permettre de sauver le RST (Régime de solidarité territoriale, NDLR), et d’un autre côté, il y a une majorité à l’assemblée qui est supposée soutenir ce gouvernement, qui demande à l’Etat à travers une résolution. C’est une résolution et une résolution ne débouche pas forcément sur une loi organique, et encore ce serait un peu léger si l’Etat acceptait de donner suite à une telle résolution. Ceci étant, nous restons vigilants sur la manière dont les choses sont présentées aujourd’hui. Il faut arrêter de négocier cette affaire uniquement à l’ombre d’une petite salle comme ça a été à l’époque à l’ombre de la commission permanente. Aujourd’hui je crois que c’est un débat qui doit se démocratiser. Et il faut, autour de la table, appeler Moruroa e tatau, appeler les membres du CESC (Conseil économique, social et culturel, NDLR), appeler les confessions religieuses, appeler les familles qui ont été touchées dans leur santé par les essais nucléaires, appeler les associations qui sont concernées par le sujet pour pouvoir véritablement ouvrir le débat. Mais non pas en catimini comme ça s’est passé. »
 

90 milliards pour préjudice environnemental : pour vous, est-ce que c’est suffisant ou pas assez ?
« Ecoutez, il n’y a pas que le préjudice environnemental. Il y a des gens qui en sont morts, il y a des gens qui continuent à mourir aujourd’hui. Et si on peut faire la relation entre tous ceux qui ont un cancer, aujourd’hui, la majorité… On a un taux de cancer le plus élevé par rapport à ce qui existe dans le monde. Donc il faudrait pouvoir avoir une expertise dans ce domaine. Et ce n’est pas en faisant des petits calculs comme on vient de nous montrer, qu’on va être rassasiés de la démarche de faire exécuter les essais nucléaires en Polynesie. C’est inadmissible et c’est d’ailleurs irresponsable. »
 
Quelle sera la position de l’UPLD à la séance de jeudi (à l’assemblée de la Polynésie, durant laquelle la résolution sera présentée, NDLR) ?
« Alors je vous ai dis que nous avons été convoqués dans la précipitation donc on n’a pas eu le temps de nous réunir. Et d’ailleurs, aujourd’hui, chaque membre de l’UPLD est destinataire d’un bout de document et donc nous allons nous réunir peut-être dès demain (aujourd’hui lundi NDLR) ou après demain pour pouvoir nous préparer à la séance de jeudi. »

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