TNTV : Le 1ᵉʳ mai est une date importante pour le dialogue social….
Moetai Brotherson : « C’est une tradition noble, une tradition qu’il faut respecter. L’an dernier, nous avons innové en invitant à la fois les organisations syndicales et les organisations patronales. Cet après-midi, on verra si les organisations patronales répondent à nouveau au rendez-vous, ou si elles décident de continuer leur boycott. En tout cas, ce matin, on a eu un très beau dialogue avec les organisations syndicales salariées. Franchement, c’était très intéressant parce qu’ils sont tous venus avec, je ne vais pas dire des revendications, mais des demandes. Certaines datent de dizaines d’années, d’autres sont plus liées à la conjoncture actuelle. Et on a essayé d’y répondre, chaque ministre dans sa partie. Certaines mesures qui sont envisagées sont interministérielles. Mais voilà, le dialogue a bien fonctionné ».
TNTV : Quelles ont été les grandes lignes de ces demandes et les réponses que vous y avez apportées ?
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Moetai Brotherson : « Il y a des demandes sur la représentativité des syndicats. Aujourd’hui, dans les instances représentatives, tous les syndicats ne sont pas présents. Par exemple, les syndicats qui ne sont que dans la fonction publique ont du mal à être dans ces organisations dites représentatives. Il y a eu des questions spécifiques à certains secteurs : la santé, avec beaucoup de questions sur la réforme de la PSG, sur les retraites. Il y a eu des questions, évidemment, sur le pouvoir d’achat, sur la cherté de la vie. On a représenté les dispositifs qui ont été déjà mis en œuvre : l’ajout de certains produits à la liste des PPN, le texte en préparation sur l’encadrement des marges sur les produits subventionnés, la réforme de la TDL, qui doit être suivie, les PTZ -Prêts à Taux Zéro, ndlr-, l’aide au paiement des loyers. Il y a les textes aussi sur lesquels on réfléchit pour résorber les niches de logements qui sont vides, qui ne sont pas mis sur le marché locatif. Ensuite, on a eu des discussions sur certains points très particuliers au niveau du droit du travail. Il y a eu une demande de renforcement des capacités de contrôle par rapport au droit du travail. On a expliqué qu’on a passé, il y a quelque temps, au Conseil des ministres, un arrêté qui est venu améliorer les choses, puisque auparavant, pour faire des contrôles en matière de droit du travail, il fallait un inspecteur du travail. On est venu simplifier ça. Aujourd’hui, il nous faut des contrôleurs, qui sont beaucoup plus nombreux. On peut mutualiser entre la CPS et les services du Pays pour avoir une action étendue, doublée. Ce sont un peu ces questions-là qu’on a débattues ce matin ».
TNTV : Il y a quelques semaines, vous aviez dit que toute augmentation de la rémunération des fonctionnaires serait aussi demandée dans le privé sur le salaire minimal. Cela a-t-il été le cas ?
Moetai Brotherson : « Je n’ai pas tout à fait dit ça. J’ai dit qu’une augmentation inconsidérée du point d’indice résulterait dans une volonté de renégocier le SMIG. C’est pour ça que nous sommes limités, pour des raisons budgétaires et aussi, dans l’augmentation du point d’indice qui a été proposée. Mais il n’y a pas eu, ce matin, de discussion sur le point d’indice ».
TNTV : Le MEDEF et la CPME, les syndicats patronaux, ont boycotté la rencontre. Quelle est votre réaction ? Regrettez-vous ces absences ?
Moetai Brotherson : « Oui, complètement. On a deux organisations : la CPME et de l’autre côté le MEDEF qui ont décidé de boycotter par tout à fait pour les mêmes raisons. Pour la CPME, c’est toujours le texte qui avait été présenté sur la réforme de l’affiliation et du RNS, qui semble le perturber. On a beau expliquer, qu’aujourd’hui, sans ce texte, c’est tous les revenus qui sont en fait sujets à cotisation, et que nous, on vient fixer à un plancher. Bref, on réexpliquera et j’espère qu’à terme, ils se rendront compte que le texte qu’on propose est un bon texte. Pour le MEDEF, ils nous ont envoyé une liste de dix mesures traumatisantes qu’ils ont subies depuis notre arrivée. Je serais tenté d’en enlever une, puisqu’il nous impute un colloque qui s’est déroulé à l’APF et qui a été organisé par l’APF. Ce n’est pas le gouvernement qui a organisé ce colloque. Sur le reste des mesures, j’ai rappelé, hier, en conclusion du séminaire organisé par la FEDOM, que nous avons commencé notre mandat en rendant neuf milliards de francs à l’activité économique. Ça a aidé à contenir les prix, mais ça n’a pas fait baisser les prix. Le constat est simple : sur ces neuf milliards, une grande partie a été restituée aux entreprises. Donc venir nous dire aujourd’hui qu’ils sont traumatisés et qu’on ne les aime pas, je veux bien. Mais rappelez-moi quel gouvernement a rendu neuf milliards à l’économie du pays ces 20 dernières années ? Moi, ce que j’ai du mal à entendre, notamment de la part du président du MEDEF, c’est quand il nous dit : ‘on veut discuter, mais on ne vient pas discuter’. J’ai du mal à saisir la logique. Soit on veut discuter et on vient discuter, soit on ne veut pas discuter ».