Manaarii Ajonc, de la musculation au cheerleading

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À 36 ans, quand Manaarii Ajonc n'est pas en train d'enseigner l'anglais à ses élèves, il danse ou fait du cheerleading. Rencontre.

Publié le 24/03/2024 à 14:56 - Mise à jour le 24/03/2024 à 14:56

À 36 ans, quand Manaarii Ajonc n'est pas en train d'enseigner l'anglais à ses élèves, il danse ou fait du cheerleading. Rencontre.

Si on lui avait dit 15 ans en arrière qu’il se retrouverait à faire des spectacles de danse chinoise devant près de 800 personnes ou encore du cheerleading, Manaarii ne l’aurait pas cru, et pourtant. Après une scolarité au lycée La Mennais à Papeete et des études à l’UPF pour être professeur d’anglais, Manaarii s’envole en France, à Pau plus exactement, pour passer le Capes.

Il le rate et rentre au fenua en 2012. Deux ans plus tard, lui qui n’était pas plus attiré par le sport que ça, se met à la musculation. Un proche le convainc de s’inscrire avec lui à une salle de sport, fin 2014 : « Je faisais un peu de sport chez moi pour perdre du poids, et ce cousin, comme il savait que je commençais chez moi, m’a proposé de le rejoindre ». Le responsable de la salle le prend sous son aile, et Manaarii se lance à fond dans la musculation pendant plus de quatre ans. Il enchaine plusieurs séances hebdomadaires, jusqu’à 6 heures certaines semaines, et adopte une hygiène de vie stricte : « Dans mon alimentation, je faisais très attention, tout tournait autour du sport ».
En 2020, il repasse le concours de professeur d’anglais et l’obtient. Si professionnellement, le jeune homme de 24 ans est épanoui, sur le plan sportif, il ne l’est pas complètement : « Quelque chose me manquait, il n’y avait pas d’art dans ce que je faisais. Et je voulais faire quelque chose avec ce que je construisais en musculation ». Il décide donc de se mettre à la pole-dance : « J’ai rêvé une nuit que je faisais de la pole-dance, alors le lendemain matin, je me suis inscrit à une école ». Un rêve qui devint ainsi réalité.

Pendant trois ans, Manaarii excelle dans la pole-dance : « On ne dirait pas comme ça, mais c’est du sport ! ». Une discipline dans laquelle les hommes se font rares, mais ce n’est pas ça qui le freine. Loin de là. Il se produit même en spectacle. Un monde qu’il découvre et qui le fascine, lui à la personnalité plutôt réservée… « J’ai gagné en assurance et en confiance. La pole-dance m’a aussi appris la connaissance de mon propre corps dans son espace, donc ça m’aide aujourd’hui dans la danse au sol. J’aimais beaucoup, mais au bout de quelques années, je commençais à avoir envie de changer… Je ne m’épanouissais pas complètement artistiquement » confie-t-il.

Manaarii se cherche en danse. C’est alors qu’on le contacte en 2021 pour remplacer un danseur pour un spectacle de l’école de danse chinoise Li Yune. Un déclic pour Manaarii et qui marque la fin de la pole-dance pour lui : « C’était super. J’adore surtout les portées. Et cela me permettait de me rapprocher de ma culture chinoise ». À partir de là, Manaarii danse ponctuellement pour Li Yune. « Il n’y a pas d’élève homme, mais leur prestation ne se limite pas qu’aux spectacles. Ils interviennent aussi dans des événements, des foires, à Miss Dragon, Miss Tahiti ».

(Photo transmise par Manaarii Ajonc)

Mais Manaarii se cherche toujours et encore en danse. Une amie de France arrive à Tahiti, l’initie au cheerleading et monte l’association Tahiti Cheer qu’il rejoint. Une troupe qui compte une vingtaine de membres dont les plus jeunes ont 8 ans. Après la pole-dance, le voici initié au cheerleading, où les hommes se font également rares : « ce côté atypique me plait aussi » admet-il. « Si vous avez des idées reçues sur la pratique, venez essayer. Physiquement, c’est dur, surtout pour nous, en tant qu’hommes, lorsque des figures sont à deux et nécessitent des portées. Et on en manque de danseurs porteurs au fenua ». La troupe de cheerleading est la seule du fenua à faire des figures acrobatiques, indique le danseur. « L’accent est très fort sur la partie gymnastique, notamment quand on est porteur. On retrouve un travail similaire avec les gens qui viennent de la musculation et du street work out. Culturellement, il y a l’esprit d’équipe très présent. On est très soudés ». La troupe souhaiterait se professionnaliser et prétendre plus tard à une compétition internationale en représentant la Polynésie.

Aujourd’hui, si Manaarii ne fait plus de pole-dance, il continue de danser pour l’école Li Yune, de pratiquer du cheerleading, et il va toujours à la salle : « Je fais environ 4 heures par semaine de muscu’ et 3 heures de danse ». Depuis quelques semaines, il prend des cours de ‘ori Tahiti au Conservatoire artistique de la Polynésie française (CAPF) : « Je suis épanoui dans tout ce que je fais en danse. Et le ‘ori Tahiti me rapproche de ma culture ». Prochain objectif pour celui qui rêverait de vivre de sa passion : participer au Heiva i Tahiti un jour.

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