« L’apiculture est un métier, formez-vous »

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INVITÉ DU JOURNAL - Kala'ï Selam, le président de l'association Apis Porinetia, était notre invité en plateau dimanche soir pour faire un point sur la filière apicole polynésienne. Son message à ceux qui souhaiteraient se lancer est simple : "l’apiculture est un métier, formez-vous".

Publié le 06/05/2019 à 8:07 - Mise à jour le 19/06/2019 à 11:27

INVITÉ DU JOURNAL - Kala'ï Selam, le président de l'association Apis Porinetia, était notre invité en plateau dimanche soir pour faire un point sur la filière apicole polynésienne. Son message à ceux qui souhaiteraient se lancer est simple : "l’apiculture est un métier, formez-vous".

Le miel est souvent utilisé en cuisine ou pour adoucir les maux de gorge. Mais il a d’autres bienfaits souvent méconnus, quels sont-ils ?
« Le miel a la particularité d’être un alicament, c’est-à-dire qu’il est à la fois un aliment et un médicament. Certains miels sont utilisés pour traiter les infections, des blessures par exemple, et d’autres miels sont utilisés pour traiter d’autres infections. Et à l’heure où on parle de plus en plus de produits naturels, le miel revient à la mode. »

158 tonnes de miel ont été produites l’an dernier en Polynésie. Cela satisfait-il la demande au plan local ?
« Bien que l’année dernière n’était pas une bonne année de production pour certains, il n’y a pas eu tellement de rupture finalement, puisque sur les étalages des magasins, on pouvait retrouver du miel de différents archipels qui n’ont pas été forcément touchés par la loque américaine ou les aléas du climat. Et donc on retrouve du miel généralement sur toute l’année. »

Où on est-on de cette histoire de loque ?
« La loque américaine est un sujet qui a beaucoup fait parler, parce que c’est quelque chose qui, pour certains apiculteurs, est nouveau. Et donc on en a peur en général. Des mesures ont été prises pour permettre aux apiculteurs d’apprendre à gérer ce problème et de continuer à travailler. D’ailleurs l’année 2019, qui est une année meilleure sans doute pour les apiculteurs, montrera qu’ils ont pu réussir à surmonter ce problème puisqu’il y aura encore plus de miel que l’année dernière qui sera disponible. »

Justement, est-il possible de produire plus de miel en Polynésie et comment ?
« Oui et non. On peut parce qu’on peut s’améliorer, on peut améliorer ses connaissances. On peut perfectionner son travail, mais une grande partie de la production du miel dépend des aléas climatiques et de la saison. C’est vrai en Polynésie et c’est vrai ailleurs dans le monde. »

Peut-on espérer un jour exporter notre miel ?
« C’est notre but. En tout cas on espère avec le concours des miels notamment qu’on a lancé depuis trois ans maintenant. Les miels qui participent à ce concours ont été préalablement analysés. Et chaque année, les miels qui sont reçus pour le concours répondent aux normes européennes, ce qui donne de bonnes perspectives pour l’exportation vers ce continent, et ce qui prouve aussi la qualité des miels de Polynésie. »

Que reste-t-il à faire pour développer la filière apiculture ?
« Beaucoup de choses. Un travail a été déjà initié avec le ministère de l’Agriculture sur des thèmes précis, des thèmes sanitaires, l’exportation, etc. Et ce qu’on souhaite, c’est qu’on puisse, après avoir mis tout à plat, passer à l’action. »

Avec l’apparition de la dengue de type 2, des pulvérisations d’insecticide sont organisées. Quels sont les risques pour les ruches ?
« Ce qu’on tient à dire déjà avec l’association, c’est que pour les apiculteurs aussi la santé humaine prime. Mais effectivement, les pulvérisations, de deltaméthrine notamment, ont des impacts sur les colonies d’abeilles qu’élèvent les apiculteurs. Donc notre souhait est aussi d’essayer de travailler avec les services administratifs du Pays sur peut-être d’autres méthodes aussi efficaces et moins dangereuses pour les abeilles. »

Quels sont vos conseils, lorsqu’on a une ruche, pour éviter ces désagréments liés aux pulvérisations ?
« Déjà c’est de répondre à l’obligation de déclaration. Dès lors qu’on a une ruche, on est obligé de la déclarer à la direction de l’Agriculture afin d’être averti des zones de pulvérisation. Avec ces informations qui nous sont relayées, on peut prendre des mesures de claustration de ruche, ou on peut déplacer nos ruches pour éviter d’avoir des pertes trop importantes d’abeilles. »

D’autres infections menacent les abeilles polynésiennes, comment les en préserver ?
« Ces infections, il n’y en a pas beaucoup. On parle beaucoup de la loque américaine, et avec quelques autres petites infections, c’est ce qui nous touche, mais on est bien lotis par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde. Et donc le meilleur conseil, c’est de se former. L’apiculture est un métier et quand les problèmes arrivent, on apprend à les gérer en se formant. Et heureusement, avec des partenaires, on a pu bénéficier de formations et de la venue de nombreux professionnels de métropole notamment, pour nous aider à gérer ces situations. »

Qui compose l’association Apis Porinetia ?
« On est à peu près une dizaine d’apiculteurs professionnels et quelques apiculteurs amateurs. On existe seulement depuis trois ans bientôt et notre but est de fédérer des apiculteurs professionnels pour partager ensemble les problèmes et surtout les solutions qu’on peut apporter. On essaie d’avoir des apiculteurs de tous les archipels pour avoir une bonne représentativité, donc là ça va être quasiment le cas. On va avoir des apiculteurs de tous les archipels au sein de l’association. Et c’est de continuer à mettre en place des projets comme le concours des miels, la participation à la foire agricole, l’exportation, etc. »

Quel serait votre message aux personnes qui souhaiteraient se lancer dans l’apiculture ?
« Pour se lancer dans l’apiculture, le message c’est formez-vous. L’apiculture est un métier, vous travaillez avec du vivant, et donc pour éviter de faire des erreurs qui risqueraient de couper court à votre motivation, à vos élans : formez-vous. »

Rédaction web avec 

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