Dialyse : les malades bientôt évasanés pour suivre leur traitement ?

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Publié le 31/03/2018 à 17:00 - Mise à jour le 15/06/2019 à 3:25

Depuis 2014, les centres de dialyse tirent la sonnette d’alarme : ils n’ont plus assez de place pour accueillir les malades. Leur capacité d’accueil est saturée. Le ministère envisage d’envoyer les malades se faire soigner en France ou en Nouvelle Calédonie.

Jacques Raynal, ministre de la Santé, commente :

 « Si c’est nécessaire, bien évidemment que l’on sera dans l’obligation de prévoir pour une période très limitée très limitée certainement, une évacuation sanitaire. »

Une option que refusent catégoriquement les malades. Denys Tong Sang – vice président de l’association, dialysé à Papara, s’insurge :

« On ne peut pas nous imposer d’aller à Nouméa, à un autre d’aller en France ou dans les îles… Nous avons notre famille ici. »

Le gouvernement promet que cette solution ne sera que provisoire. Au mois de décembre, le Comité d’organisation des soins (COS), présidé par le ministre de la Santé, a confié la création de 30 nouveaux postes de dialyse à la société Isis. Elle les implantera avenue Prince Hinoi à Papeete. D’autres centres devraient ouvrir dans les îles.

Jacques Raynal explique :

« Le centre est déjà identifié et devrait être mis en place en septembre. Raiatea un peu plus tard, mais dans le courant de l’année 2018. Tubuai et Bora Bora en 2019. »

DE 39 000 à 35 000 francs

Mais cette décision pourrait être annulée par le tribunal administratif. Les candidats qui n’ont pas été retenus pour l’appel d’offres ont déposé un recours devant la juridiction.

D’après le ministre, le choix du Cos s’est porté sur la société Isis car elle offrait de nombreuses garanties, notamment financières, qui correspondent à la volonté de maitrise des dépenses de la santé.

« On a diminué le coût des dialyses qui étaient 39 000 francs, on l’a mis à 35000. »

Et c’est aussi ce qui inquiètent les dialysés, qui se plaignent des conditions d’accueils des centres Apurad. Ils nettoient et montent eux même leurs machines, quant aux équipements, ils manquent sérieusement de confort… Joaquim Aukara, président de l’association des dialysés de Polynésie, remarque :

« Les malades sont mal installés. »

Le représentant des dialysés de Papara confirme :

« L’accoudoir n’est pas très bien et le bras tombe un peu. Du coup, la veine explose… »

Pourtant, les investisseurs étaient nombreux à répondre à l’appel d’offre du Cos, preuve de l’aspect lucratif des centres de dialyses. Lorsqu’on regarde les comptes de l’Apurad, l’argent ne semble d’ailleurs pas manquer. Les dotations de la CPS sont simplement utilisées pour autre chose que le confort des malades. Jacques Raynal indique :

« Il y avait une polémique à un moment donné au conseil d’administration de la CPS sur un matelas financier que l’Apurad aurait constitué de plus de 300 millions… »

C’est une des raisons de l’ouverture à la concurrence. Au 31 décembre 2016, 463 patients souffraient d’insuffisance rénale. On estime qu’il y en aura 600 d’ici 2022. Outre la création de nouvelles unités d’auto dialyse, le gouvernement compte aussi sur une augmentation du nombre de transplantation rénale pour endiguer le problème.
 

Rédaction web avec Tamara Sentis et Mata Ihorai

La dialyse en chiffres

  • 463 : soit le nombre de personnes souffrent d’insuffisance rénale en Polynésie, on estime qu’elles seront près de 600 à l’horizon 2022
  • 152 : soit le nombre de personnes sont greffées du rein en Polynésie
  • 65 : soit le nombre de postes de dialyse en centre (23 au CHPF et 42 dans les APURAD) et 64 postes de dialyse à domicile
  • 30 : soit le nombre de nouveaux postes de dialyse qui vont être crées à Papeete par la société ISIS, avant la fin 2018

Au Taaone, seul centre à traiter les cas graves, sur les 189 malades souffrant d’insuffisance rénale, 1/3 pourrait être pris en charge par des centre d’autoanalyse 

 

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