Teva Rohfritsch : « nous allons nous mettre au boulot tout de suite »

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A peine élus, déjà dans une perspective de travail : les sénateurs polynésiens prendront l'avion pour Paris mardi soir. Avec eux : le président du Pays. Ensemble, ils vont devoir déterminer rapidement dans quel groupe les parlementaires seront amenés à siéger. Un rapprochement avec LREM est envisagé.

Publié le 27/09/2020 à 17:07 - Mise à jour le 27/09/2020 à 18:36

A peine élus, déjà dans une perspective de travail : les sénateurs polynésiens prendront l'avion pour Paris mardi soir. Avec eux : le président du Pays. Ensemble, ils vont devoir déterminer rapidement dans quel groupe les parlementaires seront amenés à siéger. Un rapprochement avec LREM est envisagé.

68,2% des voix : les grands électeurs accordent massivement leur confiance à la majorité. C’est ce qui ressort en premier lieu de ce scrutin bouclé en un tour. Un résultat à analyser en tenant compte du contexte inédit qui entoure cette élection : le Pays est fragilisé par la situation sanitaire, économique et sociale dûe à la pandémie de Covid 19.

Le Tapura Huira’atira qui avait vu deux de ses quatre parlementaires claquer la porte, en récupère un en la personne de Teva Rohfritsch.

« Les grands électeurs nous ont donné une très large majorité et je tiens à les en remercier. A remercier le Seigneur, aussi, car c’est également notre foi qui nous a porté. Nous ferons tout pour siéger dignement au nom de tout le monde, de tous les Polynésiens », assure l’ex vice-président du Pays.

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Teva Rohfritsch lors de son vote

Les sénateurs s’envoleront pour Paris après-demain

« Il va falloir qu’on se positionne sur les groupes, et qu’on se mette au boulot tout de suite », explique Teva Rohfritsch. « Il est prévu que nous prenions l’avion mardi soir pour arriver jeudi, et dès notre arrivée, on va aller direct au Sénat et on va bosser. Nos premiers dossiers vont concerner la vie de nos communes, le CGCT, l’avenir du fonds intercommunal de péréquation… Il sera également question de l’incertitude financière qui pèse, à cause de la crise, sur les collectivités locales que sont nos communes, et qui sont le premier interlocuteur de nos populations. Nous devons aussi accompagner le président sur tous les projets qui concernent le gouvernement. Nous serons soudés autour de lui, d’abord pour démontrer l’unité de la Polynésie, car sans cette unité, on ne sera pas entendus à Paris. Et ensuite, nous comptons aller avec lui chercher les moyens de financer notre plan de relance. Il faut accompagner nos populations qui sont en urgence sociale aujourd’hui. Notre pensée va d’ailleurs vers les plus démunis. C’est à eux que j’adresse d’abord cette victoire. Je veux leur dire que ce sont les premiers à qui on pensera là-bas ».

« Les parlementaires, au niveau national, sont très écoutés, et avec Lana, on va se faire entendre! »

Teva Rohfritsch

« Nous comptons faire parler de la Polynésie pour qu’à la fois, notre citoyenneté soit reconnue, mais également qu’elle ouvre les mêmes droits que partout ailleurs. Je suis, pour ma part, un peu lassé de constater que pour des raisons de statut, on fait une différence entre les citoyens des COM et des DOM. Ca ne doit pas être à cause d’un statut que l’on distingue la citoyenneté française! Nous souhaitons aussi faire entendre notre différence, notre singularité, et nous sommes fiers d’appartenir à l’ensemble républicain. C’est le message qu’on va porter« !

Une victoire à la hauteur de la défaite aux municipales de Punaauia

Teva Rohfritsch est revenu sur ses échecs lors de précédentes élections. Pour lui : c’est le signe que sa place était ailleurs : « Concernant mon revers sur Punaauia, il y a peut-être des raisons à cela. En tous cas, je souhaite remercier le conseil municipal pour son soutien et le maire. Peut-être que dès le début : la voie était tracée pour que je vienne là. Je ferai de mon mieux pour relever ce challenge et pour être digne de la confiance des électeurs ».

Lana Tetuanui devant les urnes

Lana Tetuanui a déjà siégé 5 ans au Palais du Luxembourg. Une fonction qui l’a propulsée sur le plan politique.

« Ces résultats sont une marque de confiance à notre égard »

Lana Tenuanui

« Je ressens beaucoup d’émotions et je remercie le Seigneur. Aujourd’hui, je m’attendais un peu à être en tête, mais un aussi bon résultat, wouah…! J’ai toujours estimé que je me suis investie corps et âme pour la Polynésie. Ces résultats : c’est une marque de confiance à notre égard. C’est aussi une marque de fidélité au parti, et de soutien à l’action du gouvernement et de la majorité. Un grand grand merci à nos grands électeurs, et notamment ceux des îles. Mais aussi ceux des îles du Vent« 

« Il n’y a pas de doute sur le sentiment : du bonheur! »

Edouard Fritch

Avec plus de deux grands électeurs sur trois, qui ont glissé un bulletin rouge dans l’urne : le président du Tapura Huira’atira – également chef de la majorité – peut se targuer d’avoir un socle fort. Un signal appréciable, sans doute, alors que le Pays traverse une crise inédite, et que le gouvernement fait l’objet de critiques répétées. Certainement aussi le fruit des divisions de l’opposition.

« Ce résultat traduit la volonté commune que nous avons de nous tenir par la main et d’avancer ensemble », réagit Edouard Fritch, arguant le slogan de sa formation politique. « Ce qui est extraordinaire, c’est l’expression des maires. Nous approchons les 70%, je suis vraiment heureux! Il faut une opposition, sinon, la démocratie n’a plus de fond. On n’en est pas à 80%. Mais je crois que la différence, au niveau du scrutin d’aujourd’hui, c’est que les maires qui se sont exprimés ont d’autres motivations en tête. On a un esprit de regroupement parce-que la situation économique, sociale et sanitaire l’exige. Je crois qu’il ne faut pas interpréter ce vote comme un acte contre la démocratie« .

Lana Tetuanui et Teva Rohfritsch – Crédit photo : Tapura Huira’atira

La majorité en marche vers le président Macron?

Si les parlementaires polynésiens siègent habituellement à l’UDI, le président Fritch en parle au passé. La stratégie de la majorité semble être de se rapprocher du parti du gouvernement central, pour faciliter une entraide mutuelle.

« Ma principale consigne est qu’aujourd’hui, nous soyons clairs sur notre positionnement » indique Edouard Fritch. « Nous étions au centre, à l’UDI à l’époque. Ils nous avaient donné une marge de manoeuvre assez large. Nous avons pu soutenir l’actuelle majorité, notamment, le président de la République. Il a besoin d’avoir du soutien ».

« Siéger à En Marche n’est pas une exigence des discussions que j’ai avec Paris, mais ils ont besoin de notre soutien. Nous ne sommes pas tenus d’aller à LREM, mais je veux jouer ce rôle de soutien, quand ils auront besoin de nous. Nos parlementaires vont siéger dans un groupe : celui de LREM ou un groupe satellite : nous ferons sans doute le choix sur place. On doit être clairs. On ne peut pas rester entre deux. On a besoin d’être visibles, audibles. Nous sommes loins, nous avons fait face pratiquement seuls à cette crise, nous allons avoir besoin de l’accompagnement de l’Etat, notamment pour soutenir nos emplois ».

Si la victoire Rouge a donné lieu à de grandes accolades et embrassades, et qu’elle pourrait avoir été vecteur de contamination à la Covid, Edouard Fritch explique que des mesures de précaution seront prises pour éviter que les grands électeurs ne ramènent le virus dans leurs îles respectives.

« Tous les grands électeurs vont se faire tester, avant de rentrer dans leurs îles et nous-mêmes allons le faire avant d’aller à Paris. C’est une situation exceptionnelle« .

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