Tematai Le Gayic : « 29 juin ou 20 novembre ? Il faut des dates qui nous fédèrent »

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Le représentant Tavini à l’Assemblée, Tematai Le Gayic, était l’invité du journal de TNTV, ce mardi soir pour évoquer divers sujets d’actualité : sa candidature aux Municipales à la mairie de Papeete, la suppression du 29 juin comme jour férié ou encore sur l'encadrement des prix de certains produits exonérés de taxes, comme il l’appelle de ses vœux. « La situation sociale est un peu tendue (…), car il y a beaucoup de réformes fiscales », dit le jeune élu qui estime « qu'il faut tendre davantage l'oreille » au patronat « sur la question du RNS, parce qu’il y a des seuils qui ne sont peut-être pas en accord avec la vraie situation économique de certains patentés ». Interview.

Publié le 07/05/2025 à 10:37 - Mise à jour le 07/05/2025 à 12:44

Le représentant Tavini à l’Assemblée, Tematai Le Gayic, était l’invité du journal de TNTV, ce mardi soir pour évoquer divers sujets d’actualité : sa candidature aux Municipales à la mairie de Papeete, la suppression du 29 juin comme jour férié ou encore sur l'encadrement des prix de certains produits exonérés de taxes, comme il l’appelle de ses vœux. « La situation sociale est un peu tendue (…), car il y a beaucoup de réformes fiscales », dit le jeune élu qui estime « qu'il faut tendre davantage l'oreille » au patronat « sur la question du RNS, parce qu’il y a des seuils qui ne sont peut-être pas en accord avec la vraie situation économique de certains patentés ». Interview.

TNTV : On connaît les besoins urgents dans les quartiers prioritaires. Vous êtes le candidat du Tavini pour les Municipales à Papeete. Pourquoi la réécriture du nouveau contrat de ville prend-elle autant de temps ?

Tematai Le Gayic : « D’abord, je voudrais remercier la présidente Emma Vanaa, ainsi que l’ensemble des équipes du contrat de ville et l’ensemble des associations qui, depuis 2015, font vivre ce contrat de ville, de Mahina jusqu’à Papara et Moorea-Maiao. Ils permettent aux quartiers prioritaires d’obtenir des activités, des voies et moyens pour pouvoir sortir de leurs difficultés journalières. L’objectif de ce contrat de ville était de doter l’ensemble des communes de l’agglomération de Papeete, qui sont des quartiers prioritaires où il y a une concentration de multitude de difficultés : mal-logement, sous-emploi, difficultés de mobilité, à avoir, par le biais d’associations, par le biais des communes, des dispositifs pour pouvoir les aider à obtenir un logement, un emploi, etc.  Cette enveloppe n’est pas extensible. Depuis 2015, la Polynésie cotise à hauteur de 50 millions de francs. Et cela fait 10 ans que la Polynésie continue à cotiser à la même hauteur. Donc, un des sujets de ce renouvellement, c’est: est-ce qu’il faut intégrer d’autres grosses communes comme Taravao, Uturoa ou Bora Bora, qui sont aussi des communes où il y a des quartiers prioritaires ? Mais tout le défi, c’est le financement. Si on augmente les communes, on augmente aussi les financements. Donc, il faudra que l’État et le Pays s’alignent sur cette augmentation de bénéficiaires ».

TNTV : Qu’est-ce qui bloque aujourd’hui ?

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Tematai Le Gayic : « Je pense que tous les acteurs doivent être mis autour de la table. On l’a entendu ce matin, tout le monde veut faire du contrat de ville un FIP bis avec la possibilité de financer tous les projets inimaginables des communes. Je pense qu’il faut se recentrer sur l’objectif même du contrat de ville : comment créer de l’activité, des bulles d’air au sein de nos quartiers prioritaires ? ».

TNTV : Je le rappelle, vous êtes le candidat du Tavini pour Papeete aux prochaines Municipales. Le voyez-vous comme un tremplin pour viser encore plus haut, la tête du Pays, par exemple, plus tard ? 

Tematai Le Gayic : « En 2022, lorsque je me suis lancé aux élections législatives, j’avais cette ambition, d’abord, de faire évoluer la jeunesse en politique. Et cette ambition à l’échelle nationale et polynésienne de faire évoluer les sensibilités liées aux questions d’enjeu statutaire. Ensuite, je me suis présenté aux élections d’élus à l’Assemblée pour essayer de pratiquer le fonctionnement du Pays, son budget, ses compétences. Aujourd’hui, je me rends compte que si on veut atteindre nos objectifs qui sont fixés, à la fois par le parti, mais aussi par cette nouvelle doctrine de la part des jeunes qui montent en politique, il faut s’attaquer au plus bas ».

TNTV : Pour atteindre le plus haut ? 

Tematai Le Gayic : « Non, d’abord le plus bas, l’échelon communal. Je l’ai dit à l’Assemblée nationale, c’est proche de la bise et proche de la claque. Donc, on se rend bien compte des difficultés des gens au quotidien. Il ne faut pas forcément être le maire qui vient pour s’occuper que des poubelles et de l’eau, mais vraiment chercher à rendre cette attractivité de nos communes et pas à chaque fois dire que c’est la faute du Pays, c’est la faute de l’État. Comment peut redynamiser les choses à l’échelle municipale ? Je pense que c’est le plus beau mandat qu’on peut avoir ». 

TNTV : Vous avez porté un texte, ce mardi à l’Assemblée, sur la modification du coût de la concurrence avec une mesure forte : l’encadrement possible des prix de certains produits exonérés de taxes, une mesure qui a déjà fait débat. Ce texte remet en cause la liberté des prix, est-ce que vous l’assumez aujourd’hui ? 

Tematai Le Gayic : « D’abord, trois principes guident ce texte. Le premier : toute exonération fiscale doit bénéficier aux Polynésiens. Le deuxième principe : l’ensemble des acteurs économiques, ou du moins la majorité, sont des personnes honnêtes et je veux remercier tous les chefs d’entreprise, les 37 000 chefs d’entreprise qui se battent quotidiennement pour créer de l’activité dans notre pays. Si on met en place des exonérations fiscales, c’est pour créer de l’activité, c’est pour créer une dynamique, pour que les gens consomment. La difficulté, c’est qu’on s’est rendu compte qu’il y a des marges qui sont beaucoup trop importantes sur certains produits qui sont exonérés. Donc cette perte du Pays bénéficie plus à des agents économiques qu’aux consommateurs ». 

TNTV : Vous parlez des marges, mais est-ce que cela ne va pas inciter les professionnels à répercuter une hausse des prix sur d’autres produits ? 

Tematai Le Gayic : « Si je prends un exemple très simple : un produit coûte 10 000 francs. Sur ce produit, il y avait initialement 15 % d’exonération fiscale, que le Pays déduit. Donc, grâce à ce texte, ce produit doit coûter 8 500 francs. S’il coûte toujours 10 000 francs, ça veut dire qu’un des agents économiques, entre-temps, s’est pris les 1 500 francs que le Pays devait prendre initialement ».

TNTV : La réalité économique se limite-t-elle à cet exemple ? 

Tematai Le Gayic : « En fait, les acteurs économiques ne vont rien perdre. C’est le Pays qui perd tout, parce que c’est lui qui fait une déduction de sa taxe. Si l’acteur économique met sa marge qui est correcte, il ne va rien perdre. Mais si l’agent économique est allé au-delà de sa marge, et est allé grappiller sur la perte fiscale du Pays, c’est là qu’il va se rendre compte qu’il va avoir une perte. Donc, si tout le monde pratique des marges raisonnables, personne n’est perdant, mis à part le Pays, pour que le contribuable soit gagnant ». 

TNTV : Vous assurez que les acteurs économiques ne vont rien perdre. Pourtant, ce projet rappelle des idées évoquées lors du colloque sur la vie chère qui s’est récemment tenu. Ses conclusions ont clairement suscité une levée du bouclier du patronat…

Tematai Le Gayic : « En ce moment, la situation sociale est un peu tendue, je le conçois car il y a beaucoup de réformes fiscales, la réforme de la PSG, notamment le texte sur le RNS. Je pense qu’il faut tendre davantage l’oreille sur la question du RNS, parce qu’il y a des seuils qui ne sont peut-être pas en accord avec la vraie situation économique de certains patentés. Je prends l’exemple des dividendes sur l’immobilier. On sait que beaucoup d’acteurs économiques capitalisent grâce à l’investissement dans l’immobilier. Et je pense que le seuil à 250 000 francs devrait être révisé pour être en accord avec les acteurs économiques. Mais encore une fois, le texte qui nous concerne, la loi sur la concurrence, c’est une perte fiscale pour le Pays au profit des acteurs économiques. Lorsqu’on a pris la décision en 2023 de ramener la taxe sociale à 1 %, les 9 milliards de francs, il n’y avait pas de contrepartie. On l’a ramenée dans l’économie et on l’a vu : les prix n’ont pas baissé. Aujourd’hui, on doit s’assurer que toutes les pertes fiscales doivent bénéficier aux contribuables ».

TNTV :  La suppression du 29 juin comme jour férié, remplacé par le 20 novembre, a longuement été débattue par les représentants, ce mardi. Une date qui ne fait pas plus l’unanimité que l’ancienne. Quel est votre avis sur le sujet ? 

Tematai Le Gayic : « Je pense que tous les groupes politiques sont d’accord sur le fait de célébrer le 20 novembre, car Matari’i est une fête importante qui nous dépasse, qui nous précède et c’est une date où notre peuple peut se fédérer. Maintenant, les acteurs économiques, pour aller dans leur sens, nous ont demandé de ne pas rajouter un jour férié supplémentaire car c’est un coût énorme pour les entreprises et pour l’administration. Donc, il fallait choisir une date à retirer. Quand on regarde le calendrier, on ne peut pas retirer Pâques, on ne peut pas retirer Noël, on ne peut pas retirer le 1ᵉʳ novembre, on ne peut pas retirer le 5 mars, d’innombrables dates symboliques dans la religion ».

TNTV : Le 29 juin n’est pas un jour symbolique, selon vous ? On le rattache à la personne de Gaston Flosse, mais au-delà de ça….

Tematai Le Gayic : « J’ai rencontré Gaston Flosse il y a deux mois. Il m’a dit qu’il faut évoluer sur la question de l’autonomie. Il le dit depuis certaines années puisqu’il est favorable à un statut d’État associé. Peut-être que pour des raisons politiques, il voudrait dire que le 29 juin, il faut le maintenir. Mais je pense que si on est tous d’accord sur le fait que le 29 juin n’est pas une date qui fédère, ça ne veut pas dire que prochainement il ne pourrait pas y avoir une date supplémentaire qui pourrait nous fédérer. L’essentiel, c’est que ces dates puissent nous fédérer ».

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