Nuihau Laurey : « C’est difficile de continuer à être traité et considéré comme ça au sein de la majorité »

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La prise de parole publique du sénateur Nuihau Laurey sur Radio 1 lundi n’a pas manqué de faire réagir le Tapura Huira’atira, qui s’était exprimé dans un communiqué aux rédactions. Le parlementaire avait pointé du doigt l’insuffisance des mesures proposées par la majorité, au monde économique notamment. Nuihau Laurey assure ne pas souhaiter être dans la polémique, mais se veut force de proposition. Et déclare ne pas être écouté. Il a répondu à nos questions.

Publié le 12/05/2020 à 14:06 - Mise à jour le 13/05/2020 à 11:11

La prise de parole publique du sénateur Nuihau Laurey sur Radio 1 lundi n’a pas manqué de faire réagir le Tapura Huira’atira, qui s’était exprimé dans un communiqué aux rédactions. Le parlementaire avait pointé du doigt l’insuffisance des mesures proposées par la majorité, au monde économique notamment. Nuihau Laurey assure ne pas souhaiter être dans la polémique, mais se veut force de proposition. Et déclare ne pas être écouté. Il a répondu à nos questions.

Vous avez tenté d’instaurer un dialogue. Il n’a pas eu lieu ? Il est rompu aujourd’hui ? 
« J’ai essayé, dès le début du confinement, de donner ma position au président par une lettre privée. Je lui préconisais un certain nombre de solutions. Je ne sais même pas s’il a lu ma lettre. J’ai ensuite interpellé, en commission, la ministre du Tourisme et le vice-président : manifestement ça ne passait pas. C’est la raison pour laquelle, compte-tenu de la gravité de la crise, j’ai souhaité m’exprimer publiquement. Je ne souhaite pas faire de polémique, mais proposer une action qui selon moi, permettrait d’éviter les milliers de licenciements vers lesquels on se dirige. Maintenant, quand j’ai vu la réaction du Tapura, c’est une réaction contre ma personne, contre mon bilan : on se trompe de combat. Je ne suis pas dans la polémique mais dans la proposition de solutions.« 

Le monde économique vous sollicite quotidiennement en tant que parlementaire ? 
« J’ai la chance de connaître de nombreux chefs d’entreprise dans de nombreux secteurs d’activité. Le message qui m’est envoyé il est simple, il est clair : sans soutien du gouvernement dans cette crise qui est unique, les entreprises n’auront que deux choix. Mettre la clé sous la porte ou licencier massivement du personnel. Cela a commencé à se faire déjà. Je pense que la CPS va sortir ses chiffres, bientôt, pour le mois de mars, et on va voir combien de destructions d’emplois seront annoncées. Même des sociétés comme la Brasserie, ATN, Air Tahiti, le groupe Intercontinental… ont vraiment des problèmes et vont être dans l’obligation de licencier. Je propose la mise en place d’un emprunt pour aider tous ces secteurs d’activité, non pas pour un mois ou deux mois mais sur une période plus longue, parce-que je pense que l’on va revenir à une situation normale non pas dans deux ou trois mois mais plutôt dans un an.« 

Lire aussi : Nuihau Laurey critique les mesures « pas à la hauteur » du gouvernement, le Tapura l’enjoint d’avoir « le courage de quitter le parti »

Vous considérez que le gouvernement tarde à agir ?
« De l’extérieur, j’ai l’impression que le gouvernement est tétanisé, quand je vois que les mesures proposées ne sont pas à la hauteur de la crise qui touche non seulement la Polynésie mais aussi le reste du monde. Je me dis qu’il y a un problème. C’est surtout aussi le fait de constater que nous avons la chance d’avoir des réserves de trésorerie importantes, et un faible taux d’endettement, ce qui nous permet d’accompagner les entreprises pendant un an sans que ça ne pose de grave problème budgétaire au Pays. Je pense que c’est le moment d’intervenir mais d’intervenir de manière forte et compréhensible pour tous les secteurs économiques »

Dans un communiqué le Tapura vous enjoint à prendre vos responsabilités et à rendre vos mandats. Vous en avez l’intention ?
« En rendant public mon sentiment sur cette crise, j’ai l’impression de prendre mes responsabilités. Maintenant, sur mon bilan, je veux bien tenir un débat à TNTV avec n’importe quel élu ou membre du gouvernement sur la réalité du bilan des uns et des autres. Je l’ai indiqué dans un courrier relativement simple hier. J’ai répondu aux attaques de bas niveau du Tapura, mais il ne faut pas se situer dans la polémique. Si le gouvernement a des mesures à annoncer, et notamment le déconfinement aérien le plus tôt possible, en maintenant les mesures sanitaires : ce sera bien. Mon objectif n’est pas de critiquer les uns et les autres mais d’être constructif dans ce moment unique de notre histoire.« 

Quel est votre avenir au sein du Tapura ?
« J’ai quitté le Tahoera’a parce-qu’il y avait une vision unique des choses, et une impossibilité de dire sa manière de penser, et beaucoup ont quitté le Tahoera’a pour cette raison. J’ai l’impression de retrouver les mêmes symptômes de fonctionnement des partis politiques. C’est compliqué de travailler dans ces conditions là. Et compte tenu de la réaction qu’ont eu les membres du gouvernement et le parti, c’est difficile, pour moi, de continuer à être traité et considéré comme ça au sein de la majorité. »

Un comité majorité de majorité doit se tenir demain. Vous y êtes convié ? Vous vous y rendrez ? 
« Je ne sais pas si je serai le bienvenu.  Je me pose la question encore. »

Avez-vous rédigé une lettre de démission du groupe ou du parti ? 
« Je réfléchis à cette opportunité. Je pense que je démissionnerai effectivement.« 

Bientôt ?
« Oui, très bientôt. »

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