Les SDF en question à l’assemblée

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Publié le 12/12/2018 à 10:23 - Mise à jour le 12/12/2018 à 10:23

Dans une question orale lue ce jeudi matin à l’assemblée de la Polynésie française, le représentant Tahoeraa James Heaux a souhaité appeler l’attention de la ministre de la Famille et des Solidarités, Isabelle Sachet, « sur la multiplication des abris de fortune entre Carrefour Faa’a et la Maison de la culture ».
 
« Côté mer, plusieurs abris à flanc des rochers ont été installés, dont le plus ancien repose maintenant sur des fondations en béton. (…) De pauvres bougres ont également élus domicile sous le pont de l’échangeur, jetant sans vergogne leurs déchets sur la voie publique alors que l’on enseigne aux futures générations l’importance du tri sélectif pour préserver notre environnement.
 
Ce qui est encore plus dramatique dans cette situation, a-t-il poursuit, c’est la présence d’enfants dans ces taudis et tout cela sans qu’aucune autorité communale ou territoriale ne s’en émeuve. Par ailleurs, des faits divers récents impliquant des violences perpétrées par des SDF sont relatés régulièrement dans la presse. (…) Pas une semaine ne semble passer à Papeete, sans qu’une affaire d’agression ou de violence n’alimente les colonnes des journaux…
 
Quelle honte pour le Pays de laisser quelques-uns de sa population vivre dans des conditions dignes d’un pays du tiers monde !, s’est insurgé James Heaux. Quelle honte pour un pays qui se vante de développer son tourisme d’exposer aux yeux des croisiéristes qui entrent dans la passe de Papeete ce triste spectacle d’une population laissée pour compte ! Quelle honte pour la préservation de l’environnement et pour tous ceux à qui sont imposées des règles d’urbanisme de plus en plus contraignantes !
 
Madame la ministre, au-delà de vos déclarations de bonnes intentions, quelles solutions concrètes proposez-vous pour ces personnes dès 2019 ? », a-t-il enfin demandé.
 

Dans sa réponse, la ministre Isabelle Sachet a commencé par le corriger, en indiquant que concernant les abris de fortune évoqués, « il est injuste d’affirmer que personne ne s’en émeut puisque très récemment, le 1er adjoint au maire de Faa’a et moi-même avons pu aborder ce sujet ensemble ».
 
« Par la suite, le ministre de l’Équipement et des Transports terrestres a enclenché à l’encontre de ces occupants la procédure applicable en matière d’occupation sans titre du domaine public de la collectivité, puis saisi les maires de Papeete et Faa’a afin de procéder au délogement des occupants en question.
Si le maire de la commune de Papeete a fait procéder aux interventions idoines
, a-t-elle précisé, le maire de la commune de Faa’a, quant à lui, n’a pas encore donné suite à cette demande. Ce dernier n’est pas pour autant à blâmer, car vous le savez bien comme moi, il est facile de déloger les squatteurs. Il est cependant une autre paire de manches lorsqu’il s’agit de les reloger. »
 
Puis elle a énuméré les projets à venir destinés à ce public :
 
« – D’abord un centre de jour, accueillant un public mixte uniquement à la journée dans le cadre d’une prise en charge individuelle. Y seront proposés un accès aux douches et produits d’hygiène, mais également un accès aux droits et un véritable accompagnement dans la détermination d’un projet d’insertion. Il s’agirait de réhabiliter le centre de jour actuellement situé à Vaininiore, sachant que le maire de Papeete a d’ores et déjà assuré son soutien au Pays pour la réalisation de ce projet.
 
– Deuxièmement, un centre d’hébergement d’urgence, accueillant un public mixte, majeur, à la nuitée dans le cadre d’une prise en charge individuelle pendant laquelle une ébauche de projet de réinsertion sera entamé. Il viendrait replacer le centre d’hébergement d’urgence situé à Tipaerui, qui présente quelques difficultés au niveau de la salubrité.
 
– Troisièmement, un centre d’hébergement et de réinsertion sociale accueillant un public mixte, ayant un projet d’insertion validé par une commission d’admission pour une période de trois à six mois maximum, renouvelable une fois. Il s’agit cette fois d’une prise en charge individuelle et collective destinée à mettre en œuvre le projet de réinsertion par la formation et le travail en collectif. Nous serions là dans le cadre d’une construction nouvelle.
 
– Un village communautaire accueillant le public SDF en marge de la société pour une durée illimitée jusqu’à restauration complète de l’autonomie. Il s’agit là d’une prise en charge collective étayée sur le plan social et professionnel durant laquelle seront dispensées des formations sur fond d’éco-gestion : fa’a’apu, recyclage, autosuffisance. Nous serions également dans le cadre d’une construction nouvelle sur un terrain probablement situé dans la commune de Hitia’a.
 
– Pour les SDF présentant des pathologies psychiatriques, qui représentent tout de même 40% de la population de SDF, une réelle prise en charge sanitaire bien plus lourde que ce qui a pu être proposé précédemment est à envisager. »
 

Rédaction web

 

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