Jacky Bryant : « la Polynésie n’est absolument pas représentée au Parlement européen »

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Publié le 17/03/2019 à 10:53 - Mise à jour le 17/03/2019 à 10:53

On voit de plus en plus de jeunes Polynésiens se positionner pour la protection de l’environnement. Quel regard portez-vous sur ces initiatives ?
« (…) Toute la problématique des déchets est liée à notre mode de consommation. Et jusqu’à aujourd’hui, notre mode de consommation, c’est d’acheter et ensuite de jeter. Il y a un certain nombre de dispositions qui existent comme la consigne par exemple. (…) Nous avons commencé à travailler sur la responsabilité élargie des producteurs. De toutes ces ordures qui ont été ramassées, il n’y a pas une seule bouteille de Hinano ou de gaz vide. Pourquoi ? Parce que la consigne existe. Il y a une approche d’ordre économique qui doit être actée par les responsables du Pays pour réduire ce geste qui est devenu pratiquement un geste marginal. »

Qu’est-ce qui fait que ça tarde justement ?
« (…) Parce que tu auras toujours quelqu’un qui va te dire : ‘mais ça va avoir un coût’. Mais le fait de ramasser, de détériorer et de laisser pourrir, ça a un coût qui n’est pas payé tout de suite, mais comme le disent ces jeunes, c’est eux qui vont payer. Et si on pousse un peu le bouchon, c’est même pas la troisième génération qui va payer, c’est eux, lorsqu’ils seront adultes. Donc on reporte tout simplement sous forme de crédit notre absence de volonté à la jeunesse et à la génération de demain. »

Êtes-vous surpris de voir autant de jeunes se saisir de telles questions comme la protection de l’environnement, la montée des eaux, l’avenir du Pays… ?
« L’impact de toutes les communications qui ont eu lieu depuis une dizaine d’années avec Rio, Copenhague, ensuite avec la COP21, et ce groupe JEC International avec notamment des experts en climat, qui ont beaucoup communiqué là-dessus avec des tableaux de plus en plus proches d’une réalité. Ce n’est plus de la fiction les scénarios qui nous sont proposés aujourd’hui. La montée des eaux est inscrite maintenant pour les 10-15 prochaines années à venir. La répétition de ce message provoque aujourd’hui. Et on le sent lorsqu’on est dehors sur le parking et qu’on prend sa voiture, la température est extrêmement élevée. »

(…)

Nous entrons dans une période électorale avec les élections européennes qui se déroulent dans deux mois. Pas de candidat à votre niveau, vous n’avez pas postulé pour figurer sur la liste nationale. pourquoi ?
« Si, nous avons un contact avec Europe Écologie Les Verts, c’est sous forme d’un contrat que l’on a depuis maintenant une dizaine d’années. Nous avons adressé un certain nombre de réflexions par rapport au contenu que nous souhaiterions voir inscrits dans le programme. Parce que c’est une démarche globale. (…) En terme de candidature, si nous ne sommes pas retenus, cela ne nous gêne pas beaucoup. Aujourd’hui, la Polynésie n’est absolument pas représentée au Parlement européen, c’est un élu Calédonien. Est-ce pour autant que l’Europe n’a pas versé quelques milliards à la Polynésie ? Oui, il y a eu des milliards qui ont été versés pendant les cinq dernières années, pour l’assainissement, par exemple, de la ville de Papeete. Cela montre qui si nous sommes suffisamment pertinents dans ce que nous proposons et que relayons par l’intermédiaire des personnes qui nous sont proches, on peut toujours  pouvoir accéder. Si on est élu, tant mieux, c’est presque la cerise sur le gâteau. »

Vous vous présenterez aux élections municipales ?
« Oui, nous sommes en train de discuter avec les responsables de Heiura sur cette problématique-là. »

(…)

Vous serez au Heiva cette année. Il y a un code de l’environnement qui est en vigueur et qui est censé mettre un terme aux plaintes pour nuisances sonores durant la période des préparatifs. Est-ce efficace ?
« C’est vraiment un point important la définition que chacun a par rapport à des percussions. Celui qui n’aime pas, va te dire que ce sont des nuisances, c’est du bruit. Nous qui sommes à l’intérieur et qui essayons d’apprendre aux enfants, aux jeunes, les pas de danse qui vont avec, pour nous, c’est la transmission d’un patrimoine culturel. (…) Tous les groupes font un travail entre 18 heures, 19 heures, 19h30. Après, tous les groupes passent à l’utilisation de guitares, de ukuleles… Il est possible qu’il y a ait toujours un certain nombre d’artistes qui continuent à utiliser des percussions qui peuvent déranger, mais de grâce, si on enlève cet  aspect des choses-là, si on le retire de notre Pays, de notre fenua, la transmission de toutes ces connaissances, ce que l’on vit avec les jeunes aujourd’hui en allant ramassant  les poubelles… j’espère que demain on n’ira pas ramasser des restes de notre culture qu’on aura jeté entre deux cailloux . »
 

Rédaction web avec Tauhiti Taunia Mu-San

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