Fillon et Le Pen en tête en Polynésie

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Publié le 22/04/2017 à 6:00 - Mise à jour le 22/04/2017 à 6:00

Dans sa lutte fratricide contre Gaston Flosse, c’est Edouard Fritch qui sort court vainqueur d’une campagne également singulière puisqu’elle a vu les deux grands partis autonomistes soutenir des candidats qui n’étaient pas les leurs, tout du moins au début de cette aventure politique.
 
Un vote FN historique. Supporter de Juppé, puis de Sarkozy avant de soutenir Fillon lors de la primaire de la droite, Flosse avait encore changé de cheval pour accorder un soutien historique et controversé à Marine Le Pen. Controversé dans son propre camp, avec les réserves de Vincent Dubois ou le soutien du bout des lèvres de Marcel Tuihani. Une décision ambiguë également puisque Flosse le jure haut et fort, il ne soutient pas le Front national mais seulement Marine Le Pen. Mais les troupes du Tahoera’a ont visiblement suivi la consigne de vote de leur metua. Et c’est un score historique pour l’extrême-droite en Polynésie puisque jusqu’à maintenant le meilleur score jamais obtenu au fenua pour le FN au premier tour d’une présidentielle était 5,73% pour Marine Le Pen il y a cinq ans. Toutes élections confondues, le meilleur score jamais obtenu ici par l’extrême-droite était 7.72% lors des élections européennes de 2014. Grâce à l’appui du Tahoera’a, finement négocié par Eric Minardi, rédacteur d’un programme sur-mesure du FN pour la Polynésie, le Front National bouscule donc le traditionnel rapport droite-autonomie/gauche-indépendantisme et fait entrer l’extrême-droite de façon fracassante dans le paysage politique du fenua.
 
Fritch en tête. Même si son candidat ne sera pas au second tour dans deux semaines, le président du Pays remporte d’une courte tête son duel local face au Tahoera’a. Pourtant, le soutien à Fillon par le Tapura du président – s’il était cohérent avec la démarche de la primaire de la droite – n’était pas simple. Empoisonnée par les affaires judiciaires, la candidature Fillon était loin d’être celle qui séduisait le plus Edouard Fritch, qui tente de rompre avec le passé affairiste du Tahoera’a. De son propre aveu, Fritch a souvent déclaré à propos de ce soutien : « On n’a pas le choix ». Et malgré une campagne discrète, mais néanmoins ponctuée de nombreux meetings dans les vallées, le Tapura compte ce matin ses voix par rapport au Tahoera’a et devance de près de trois points son ennemi. Un bon score pour rien puisque François Fillon est donc éliminé de cette élection. On attend désormais la consigne de vote du Tapura pour le second tour, mais on voit mal Edouard Fritch se ranger aux côtés du FN et de Gaston Flosse.
 
Temaru et l’abstention. Il voulait être candidat et s’offrir la plus belle tribune mais ça n’a pas marché. Brouillé avec le PS, il décide alors d’appeler à l’abstention lors d’un scrutin pour lequel il voulait être candidat…. Mais on n’en est pas à un paradoxe près en Polynésie ! Avec 61.6% d’abstention il est aussi une sorte de vainqueur de ce scrutin. Là-aussi, comme pour le FN, c’est un taux de participation historiquement bas. La participation la plus faible jusqu’à aujourd’hui était celle d’il y a cinq ans (49,35%).
 
Macron bon troisième. S’il est qualifié pour le second tour en niveau national, Emmanuel Macron arrive troisième au fenua avec 14.71% des suffrages. C’est faible mais sans surprise car le désormais favori de cette élection n’avait pas le soutien d’un grand parti ici. Ce qui va peut-être changer entre les deux tours.
 
Mélenchon et les petits candidats ferment la marche en Polynésie, comme on pouvait s’y attendre. Mélenchon obtient 7.87% des voix, loin devant Benoit Hamon (2.91%) et Nicolas Dupont-Aignan (2.34%). Les autres « petits » candidats font des scores anecdotiques en Polynésie.

 
Bertrand Parent

 
 
 

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