Ses parents étaient amis avec la victime. Un homme sans descendance qui s’est pris d’affection pour le prévenu qu’il a connu lorsqu’il avait à peine 10 ans.
Tous ont vécu de longues années sous son toit. “On passait beaucoup de temps avec lui. On l’a aidé et il nous a aidés”, a indiqué à la barre le mis en cause, 57 ans aujourd’hui et sans emploi. Depuis la mort de ses parents biologiques, il s’est retrouvé seul avec le vieil homme, devenu, lui, lourdement handicapé.
Les maltraitances sont arrivées aux oreilles des autorités en2022. Un infirmier chargé d’apporter des soins à domicile à l’octogénaire a constaté plusieurs ecchymoses sur son corps, dont un bleu au visage. Il en a référé au médecin traitant qui a ordonné son hospitalisation au CHPF de Taaone.
Placé en garde à vue, le prévenu a reconnu avoir porté “2 ou 3 gifles” au vieil homme durant leurs derniers mois de vie commune, notamment parce qu’il faisait ses besoins dans son lit, ce qui “l’énervait” : “J’ai du mal à m’occuper seul de lui. Je m’en veux de lui avoir fait du mal”, a-t-il dit aux enquêteurs.
La victime a depuis été mise sous tutelle et placée dans une maison de retraite. “Les choses se sont apaisées, mais il ne va pas très bien. Il est très âgé. Il m’a demandé si monsieur pouvait venir le voir (…) Il s’inquiète de savoir s’il lui en veut”, a témoigné le tuteur.
“Un dossier perturbant”
L’avocate du vieil homme a d’ailleurs suivi la consigne de son client, celle de réclamer un seul et unique franc de dommages et intérêts. “Mais je ne sais pas véritablement aujourd’hui si ce souhait est le sien”, a-t-elle tenu à préciser, évoquant un “dossier perturbant”.
“Cela heurte un certain nombre de piliers qui reposent sur les valeurs humaines”, a acquiescé la procureure, “c’est une personne qui a permis la subsistance de monsieur pendant des années (…) La posture de monsieur interroge. Il a longuement minimisé la nature des coups portés et il ne s’est pas interrogé sur les raisons de ce passage à l’acte”.
Autre élément intriguant pour le parquet : le fait que le vieil homme ait fait don de la moitié de sa maison au prévenu, l’autre moitié revenant à la fille de celui-ci. Le procureure a annoncé à l’audience qu’elle ouvrirait une enquête pour abus de faiblesse afin de faire la lumière sur les modalités et le contexte de cette donation.
Reconnu coupable de violences habituelles sur personne vulnérable, le fils faaamu a été condamné à 8 mois de prison avec sursis, ainsi qu’à un franc symbolique de dommages et intérêts.