Le calme n’aura été que de courte durée pour cet homme de 34 ans, récemment sorti de la prison de Tatutu. Moins de deux mois après sa libération, il comparaissait ce jeudi au tribunal correctionnel de Papeete pour des faits d’outrage, de menaces et de violences sur des gendarmes venus intervenir dans une situation familiale explosive à Faa’a, ce lundi après-midi.
Depuis trois jours, il hébergeait chez ses parents son ex-compagne, malgré une interdiction formelle d’entrer en contact avec elle. Une relation violente, marquée par une précédente condamnation pour séquestration. Dès lors, la cohabitation forcée a fait monter la tension d’un cran dans ce foyer déjà fragilisé.
Sa présence, reconnaît l’ex-compagne devant les enquêteurs, n’est pas innocente : elle admet avoir « manipulé » le prévenu pour qu’il s’occupe d’elle. Une situation qui déclenche la colère de la soeur du prévenu, venue déjeuner. Elle va demander des comptes à l’ex-compagne, en filmant avec son téléphone, mais se heurte à un refus catégorique de son frère. Les parents du trentenaire, qui ont eux-mêmes déjà été victimes de ses accès de violence – la mère a eu des côtes cassées, le père un nez fracturé –, finissent par appeler les gendarmes. Ils sortent leur voiture du garage et s’arment d’un couteau, par crainte d’un nouvel accès de rage.
À l’arrivée des gendarmes, la situation est critique. Devant le portail, les forces de l’ordre perçoivent immédiatement le comportement « incontrôlable » du prévenu, et appellent du renfort – une seconde brigade, ainsi que des mutoi. Malgré des insultes, un militaire parvient à le calmer momentanément. Mais la tension monte d’un cran lorsque le trentenaire, agacé par les aboiements de son chien, le bat à l’arrière de la maison.
Il ressort, furieux, et s’en prend cette fois à la voiture de sa sœur, brisant le rétroviseur. Il jette ensuite une poubelle en direction des gendarmes, qui le poursuivent. L’homme lève les poings en garde, menace de les « défoncer » et de faire « pleurer (leur) maman », avant de finalement se laisser interpeller.
« Les gens ont peur de vous », résume la présidente du tribunal. Le prévenu acquiesce à demi-mot : « J’écoute rien, je suis une tête de mule », reconnaît-il, tout en affirmant travailler sur ses accès de colère. Il tente de les expliquer par son passé douloureux : un père qu’il dit violent, dont il n’a jamais oublié le coup qui l’a « mis KO ». « Lui n’a jamais été en prison pour ça », lance-t-il.
Malgré les violences, l’ex-compagne – mère de leur fils de 5 ans, aujourd’hui placé en famille d’accueil – minimise les actes du prévenu : « Il faut le connaître, c’est pas sa faute », affirme-t-elle aux enquêteurs. « J’arrive pas à me détacher de lui », avoue-t-elle, une phrase qui fait réagir l’avocate de la défense, Me Genot.
Selon elle, son client est « victime » de l’insistance de cette femme, et n’est pas « le méchant de cette histoire ». Me Genot évoque aussi les « provocations » de la sœur, qui auraient « fait déjanter » son client, dans un contexte familial hautement inflammable.
La sœur, elle, n’a plus de doute : elle demande une interdiction formelle de contact et une mesure d’éloignement pour elle même… et pour ses parents. « C’est pas une vie pour eux », déclare-t-elle au tribunal. « Il faut lui donner ce qu’il veut, sinon il se fâche (…) À long terme il n’y a pas d’avenir comme ça. » La mère du prévenu, accablée, confesse quant à elle avoir parfois des pensées extrêmes. Malgré son amour pour lui, qu’elle lui adresse devant les juges, elle dit avoir déjà songé à le « tuer » .
Pointant un comportement qu’elle qualifie d’« aberrant », la procureure souligne l’inefficacité des nombreuses peines de prison déjà infligées. Elles n’ont pas, selon elle, « fait progresser d’un iota » la capacité du trentenaire à maîtriser ses frustrations. Elle requiert la révocation du sursis probatoire datant de 2023 et réclame quatre ans de prison ferme.
Finalement, le tribunal a déclaré l’homme coupable de l’ensemble des faits reprochés. Il a été condamné à 18 mois de prison, dont 9 mois assortis d’un sursis probatoire renforcé, avec obligations de soins psychologiques et de travail.
Il devra verser 40 000 francs de dommages et intérêts aux deux gendarmes et 168 400 francs à sa sœur. Une interdiction de contact avec sa sœur, sa mère et de paraître à leur domicile a également été prononcée.