Le rahui séduit à l’UNOC

Publié le

Préserver l’océan en s’inspirant des savoirs ancestraux : c’est un message porté par la délégation polynésienne lors de la 3e Conférence des Nations Unies sur les océans, organisée à Nice.

Publié le 10/06/2025 à 11:04 - Mise à jour le 10/06/2025 à 16:50

Préserver l’océan en s’inspirant des savoirs ancestraux : c’est un message porté par la délégation polynésienne lors de la 3e Conférence des Nations Unies sur les océans, organisée à Nice.

Face aux défis grandissants du changement climatique et de la surpêche, la Polynésie met en lumière un outil ancestral de régulation et de protection :  le rahui. Ce système traditionnel, fondé sur l’interdiction temporaire d’accès ou de prélèvement de ressources naturelles dans une zone délimitée, suscite aujourd’hui l’intérêt croissant de nombreux acteurs à travers le monde.

En mars dernier, après deux années de restriction, le rahui de Tautira a été levé le temps d’une journée. Le résultat a été immédiat : les poissons, plus gros et plus nombreux, ont afflué dans les filets. Une preuve de l’efficacité de ce mode de gestion durable, basé sur un contrat social communautaire.

C’est précisément ce modèle que les membres du rahui center sont venus présenter à Nice. Pour Marguerite Taiarui, responsable au sein du centre, le rahui est plus qu’un outil de régulation : c’est un espace de dialogue adaptable à toutes les cultures.

– PUBLICITE –

On peut l’exporter à n’importe quel écosystème parce que la base, en fait, ça va être cette arène de discussion qui est créée. […] Que les gens puissent s’écouter, se parler et décider de qu’est-ce qu’on fait de cet espace ou de cette espèce”, explique t-elle.

Des chercheurs et acteurs de la conservation s’intéressent désormais à l’adaptabilité du rahui dans d’autres contextes. Pierre Sasal, chercheur du CNRS et du Criobe de Moorea, étudie actuellement son implantation dans l’hexagone.

On essaye de voir comment le rahui pourrait être adapté dans des milieux où il y a une forte connotation culturelle. Au Pays basque aussi, on a une forte puissance culturelle, on a un attachement au pays très fort et donc on essaye de voir comment on pourrait adapter le rahui polynésien dans l’Hexagone et notamment au Pays basque”.

En France métropolitaine, un rahui existe déjà en Aquitaine, et un second projet pourrait voir le jour prochainement.

Le modèle attire aussi au delà des frontières européennes. Juliette Wan Fat, bénévole dans une ONG de conservation sur l’île de Malapascua aux Philippines, voit dans le rahui une source d’inspiration, à condition de respecter les spécificités locales.

“Aux Philippines, sur l’île sur laquelle on travaille, on aimerait voir comment ce modèle pourrait être reproduit, mais toujours en respectant les coutumes locales de l’île en question et en s’adaptant vraiment au contexte local.”

En 2024, la Polynésie française comptait officiellement 36 rahui en activités. Des pratiques similaires sont recensés dans une quarantaine de pays.

Dernières news

Activer le son Couper le son