Les artisans traditionnels de Polynésie enfin reconnus

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Le secteur de l’artisanat se professionnalise ! Si un premier pas avait été fait en 2009 avec la mise en place d’une carte professionnelle, 12 ans plus tard, une nouvelle carte est imaginée et le statut d’artisan traditionnel est enfin instauré. Une reconnaissance très attendue et qui permettra surtout aux professionnels de bénéficier des aides du Pays et d’être exonérés de la contribution des patentes.

Publié le 08/04/2022 à 10:29 - Mise à jour le 08/04/2022 à 10:38

Le secteur de l’artisanat se professionnalise ! Si un premier pas avait été fait en 2009 avec la mise en place d’une carte professionnelle, 12 ans plus tard, une nouvelle carte est imaginée et le statut d’artisan traditionnel est enfin instauré. Une reconnaissance très attendue et qui permettra surtout aux professionnels de bénéficier des aides du Pays et d’être exonérés de la contribution des patentes.

Pilier de la culture polynésienne, l’artisanat traditionnel est enfin reconnu comme un métier à part entière.  Un nouveau statut accompagné d’une nouvelle carte d’agrément qui distingue deux qualités : celle d’artisan traditionnel et celle de maître artisan. « La différence elle est de reconnaître des personnalités qui sont incontournables dans ce secteur de l’artisanat. Mais aussi, au-delà de cette reconnaissance, c’est qu’ils puissent accueillir des jeunes pour les former, explique le ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu. Tous les jeunes qui sont sortis du circuit scolaire, il faut aussi leur trouver un autre circuit pour apprendre. Je pense qu’il y a la formation et il y a l’apprentissage. Et cet apprentissage doit passer par les mains avant le cerveau. C’est très polynésien. Nos ancêtres, nos anciens nous apprenaient toujours en faisant les choses. »

L’accès aux formations, un accompagnement attendu depuis 3 décennies par Mama Fauura, artisane de renom : « Il faut les former. Par exemple, les jeunes qui sortent du métier d’art, ils ont beaucoup appris. Mais dans la rue, ils n’y sont pas du tout. C’est un autre métier de vendre leurs produits, il faut apprendre à vivre avec son client.  Créer, fabriquer et vendre : un artisan a trois métiers. »

L’artisane du marché espère également la mutualisation entre les différents organismes. « Il faut travailler ensemble, la Chambre du commerce et le service de l’artisanat. Qu’ils se réunissent pour aider ces artisans. Les paperasses, ils ne savent pas faire. Dès que ça se complique, qu’on ne les accueille pas comme il faut, ils s’en vont. »

Au fenua, près de 2300 polynésiens et plus de 600 associations seraient concernés par cette évolution.

Pour le ministre, ces évolutions sont « des décisions qu’il fallait à un moment donné prendre. Des décisions avant tout juridiques mais aussi budgétaires. L’accompagnement qui va être mis en place aujourd’hui nous a permis par exemple de passer de 30 millions à 70 millions pour cette année le budget consacré à l’installation, aux aides que l’on pourra apporter aux titulaires des différentes cartes, aux formations. Par exemple, lorsqu’on veut se lancer dans l’artisanat, on pourra aujourd’hui bien sûr faire des formations au centre des métiers d’art ou dans les CJA, mais on pourra aussi avoir une formation directement auprès de maitres artisans et derrière, bénéficier aussi d’aides à l’installation pour ceux qui vont se lancer dans ce métier magnifique qu’est l’artisanat. Il s’agit aussi, bien entendu, de penser à une nouvelle génération d’artisans parce que les statistiques que nous avons démontrent quand même que nos artisans sont vieillissants et il faut penser maintenant à la relève. »

Un recensement des artisans a également été lancé. Et les premiers résultats montrent qu’environ la moitié vivent dans les archipels. « Ça c’est aussi quelque chose d’important. Et 50% sont sur Tahiti et Moorea. (…) On va affiner ces chiffres. Sur les 2335, il y en a qui ont plusieurs activités, qui font à la fois de l’agriculture, un peu de pêche aussi. Qui font de l’artisanat en complément. Et puis il y a ceux qui ne vivent que de l’artisanat. Donc on a une estimation aujourd’hui un peu plus fine d’environ 1500 personnes qui ne seraient que des artisans et qui ne vivent que de ça. Donc c’est vers eux aussi que l’on veut concentrer nos efforts; Notamment en proposant d’autres types de manifestations. Nous avons un calendrier bien établi mais on voudrait aussi lancer des thématiques comme on a pu le faire avec ‘ete autour des paniers. On a pu lancer aussi un salon des jeunes artisans justement pour promouvoir cette nouvelle génération que l’on a du mal à avoir, et d’autres thématiques encore autour de notre artisanat traditionnel. »

Enfin, le ministre souhaite la mise en place d’un label. « Un label qui va permettre d’éviter aussi que les produits importés viennent se glisser dans nos produits de l’artisanat dits traditionnels, et peut-être aussi lutter un peu plus efficacement contre les copies. Donc nous avons beaucoup travailler là dessus avec un avocat. »

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