Cette équipe pluridisciplinaire calédonienne a reçu la semaine dernière une aide de 25 000 euros (environ 3 millions de Fcfp) du Fonds Pacifique du ministère des affaires étrangères pour poursuivre ses travaux.
La chauve-souris, qui est suspectée d’être à l’origine de l’épidémie de nouveau coronavirus, est porteuse de nombreux virus et possède un système immunitaire hors-norme.
En Nouvelle-Calédonie, après des cas inexpliqués de patients souffrant de perte de poids, de fièvre, de troubles hématologiques et d’une augmentation du volume de la rate, le centre hospitalier territorial (CHT) a envoyé en 2017 des prélèvements à l’Institut Hospitalo-Universitaire de Marseille (IHU) du professeur Didier Raoult.
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« Une bactérie -Mycoplasma haemohominis- a alors été identifiée et il s’est avérée que celle-ci avait également été retrouvée chez des roussettes (grandes chauves-souris), dans un autre service de l’IHU marseillais », a expliqué à l’AFP le docteur Julien Colot, du laboratoire de microbiologie du CHT.
Baptisée fièvre hémolytique, cette nouvelle zoonose a touché 15 patients en Nouvelle-Calédonie entre 2012 et 2019, dont quatre sont décédés. Les autres patients ont pu être guéris rapidement par traitement antibiotique. « Tous les malades, sauf un, avaient été en contact avec des roussettes, soit à la chasse, soit en les cuisinant et la plupart en avaient mangé de 3 semaines à trois mois avant le début des symptômes », a également indiqué M. Colot.
La roussette est un animal emblématique et un gibier prisé en Nouvelle-Calédonie où l’on en recense quatre espèces dont trois endémiques. Également appelé renard volant, ce mammifère, à la chasse réglementée, est consommé en civet ou en bougna (plat traditionnel). Dans la population, ses risques potentiels sont peu pris en compte.
Un test diagnostique (PCR) a été mis au point au CHT avec l’aide de l’IHU pour détecter cette nouvelle bactérie, mais les scientifiques veulent désormais mieux comprendre ses modes de transmission et étendre leurs travaux à des zones du Pacifique où cette roussette est aussi présente comme le Vanuatu ou Wallis-et-Futuna.
« D’autres réservoirs de cette bactérie sont en outre suspectés comme les rats, les tiques ou des végétaux potentiellement contaminés par la salive de roussettes », a précisé le Dr Julien Colot.
Quelque 200 roussettes vont être collectées dans le cadre de ces investigations dont les premiers résultats sont attendus en 2021.