Devant plus de 450 invités rassemblés dans la salle des fêtes, dont ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande, le chef de l’État a esquissé l’esprit dans laquelle il entendait présider jusqu’en 2027. Il sera « un président nouveau » pour « un mandat nouveau », a-t-il affirmé au cours d’une allocution d’une dizaine de minutes.
Revenant sur sa victoire avec 58,5% des suffrages face à Marine Le Pen, il a estimé que les Français avaient fait « le choix d’un projet clair » face « aux sirènes d’idéologies dont nous pensions avoir quitté les rives » au XXe siècle et aux « démagogies faciles ».
« Le temps qui s’ouvre sera celui d’une action résolue pour la France et pour l’Europe », a-t-il promis. « Agir d’abord pour éviter toute escalade suite à l’agression russe en Ukraine, aider la démocratie et le courage à l’emporter, bâtir une nouvelle paix européenne et une nouvelle autonomie sur notre continent ».
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Il s’est également engagé à « agir pour une société du plein emploi », contre les « inégalités en refondant notre école et notre santé », contre le « terrorisme qui rôde toujours ».
Après avoir officialisé son investiture -en se trompant de 90 000 voix dans l’annonce des résultats définitifs- le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius a insisté sur « les grands défis » à relever, la « guerre », le « réchauffement climatique » et les remises en cause de la « démocratie ».
« En ces temps troublés, soyons les serviteurs du droit et les esclaves du devoir », a-t-il ajouté, en citant Victor Hugo.
« Beaucoup de gravité »
À la différence de 2017, cette nouvelle cérémonie investiture, au protocole très codifié, a été placée sous le signe de la sobriété, comme l’avaient été celles des précédents présidents réélus, François Mitterrand et Jacques Chirac.
À 11 heures (heure française), Emmanuel Macron, vêtu d’un costume bleu, est entré d’un pas lent dans la salle des fêtes au son du concerto pour hautbois de Haendel, réservant son premier regard à son épouse Brigitte, qui l’attendait près du pupitre, en tailleur blanc.
Après la proclamation des résultats, il s’est vu présenter le grand collier de la Légion d’honneur, posé sur un coussin de velours rouge -dont il est déjà grand maître depuis 2017.
Parmi les invités, figuraient le Premier ministre Jean Castex, tout sourire, ses prédécesseurs Edouard Philippe, Manuel Valls, Jean-Pierre Raffarin ou Alain Juppé, les ministres, de nombreux élus, les responsables des corps constitués, des académies, des religions..
Ils côtoyaient, sous les ors du palais, la famille du président, des soignants, les maires de certaines communes où s’était déroulé le grand débat en 2019 après la crise des « gilets jaunes », des responsables d’associations, des sportifs comme Brahim Asloum, champion olympique de boxe, des élèves d’une classe de 6e de l’Oise labellisée JO 2024.
Le chef de l’État a également salué les parents de Samuel Paty, l’enseignant décapité en octobre 2020, la veuve du premier médecin décédé du Covid ou le maire de Trèbes, la ville où avaient été tuées en mars 2018 trois personnes dont le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame.
« Il y avait beaucoup de gravité parce que la situation est grave », a souligné le centriste François Bayrou à l’issue de la cérémonie.
21 coups de canon
Le parterre d’invités préfigurait aussi la « nouvelle méthode » que le président réélu, souvent jugé méprisant et trop solitaire dans l’exercice du pouvoir, a promis de mettre en oeuvre dans les cinq prochaines années, en « planifiant, réformant et associant » toutes les forces vives du pays, des partenaires sociaux aux associations.
« Souhaitons que cette nouvelle méthode, qui reste à définir, puisse permettre au pays de retrouver confiance en lui », a lancé François Hollande en sortant de l’Élysée. « Les épreuves vont être considérables », a-t-il averti.
À l’issue de la cérémonie, Emmanuel Macron est sorti dans les jardins de l’Élysée pour passer en revue les troupes au son de la Marseillaise mais aussi du morceau « Terre et mer » du Bagad de Lann-Bihoué, déjà joué durant le quinquennat pour rendre hommage à des militaires tués en opération au Sahel.
Comme le veut la tradition, 21 coups de canon ont été tirés depuis les Invalides.
Dans l’ensemble, la cérémonie « est un prolongement d’un rituel quasi monarchique, une sorte de sacre du monarque républicain », a expliqué l’historien Jean Garrigues à l’AFP.
Cette investiture n’a toutefois pas marqué le début du nouveau quinquennat : il faudra officiellement attendre la fin du premier, le soir du vendredi 13 mai à minuit.
La nomination du nouveau Premier ministre, objet de toutes les supputations depuis plusieurs jours, n’interviendra qu’après cette date.