Elle fait suite à un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) du 8 mars qui soupçonne des dysfonctionnements dans l’organisation de cette opération, confiée au géant Havas sans appel d’offres par Business France, l’organisme de promotion de la « French Tech » dépendant de Bercy.
Selon Le Canard enchaîné, qui avait révélé l’affaire, le coût de la soirée, en plein Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas aux Etats-Unis, grand-messe mondiale de l’innovation technologique, aurait atteint 381.759 euros, dont 100 000 euros rien qu’en frais d’hôtel. Emmanuel Macron y avait été ovationné par plus de 500 personnalités et dirigeants de start-up françaises.
Le candidat du mouvement En marche! à la présidentielle, désormais favori des sondages, a nié toute responsabilité dans ce dossier. « Mon ministère, lorsque j’étais ministre, a toujours respecté les règles des appels d’offres et des marchés publics », a-t-il récemment affirmé, alors que plusieurs proches à Bercy étaient d’ex-salariés d’Havas.
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Ce n’est « en aucun cas une affaire Macron. C’est une affaire Business France », a insisté mardi son entourage, faisant valoir que le choix du prestataire « n’incombait aucunement au ministre ou à son cabinet ».
La semaine dernière, l’actuel ministre de l’Economie, Michel Sapin, qui avait missionné l’IGF pour enquêter, avait dédouané son prédécesseur.
Emmanuel Macron, son cabinet et le ministère de l’Economie « sont totalement hors de cause » dans cette affaire, avait affirmé Michel Sapin le 8 mars, assurant que « c’est un dysfonctionnement de Business France ».
L’organisme a reconnu sa responsabilité. « Il est apparu ultérieurement que, au vu des délais, le choix d’un prestataire capable de prendre en charge l’organisation de l’événement aux US et les actions de communication associées (…) avait été fait selon une procédure pouvant potentiellement être affectée d’irrégularité », a expliqué Business France.
« Aussitôt qu’elle en a été informée, la direction générale de Business France a suspendu le règlement des prestations et fait réaliser un audit par le cabinet EY afin d’évaluer la situation et mettre en place des actions correctives », a ajouté l’agence.
Le délit de favoritisme vise le fait, pour « une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public », de « procurer ou de tenter de procurer à autrui un avantage injustifié », contraire à « la liberté d’accès et l’égalité des candidats dans les marchés publics et les délégations de service public », d’après le code pénal.
L’ouverture de cette enquête, révélée à quarante jours de la présidentielle, intervient alors que François Fillon, candidat de la droite, a été mis en examen mardi dans l’enquête sur de possibles emplois fictifs de sa femme et de ses enfants comme assistants parlementaires, une première pour un candidat majeur dans la course à l’Élysée.
La présidente du Front national Marine Le Pen a, elle, échappé vendredi à une possible mise en examen, refusant de répondre à une convocation des juges dans l’enquête sur des soupçons d’emplois fictifs chez les assistants des eurodéputés frontistes.
Concernant le candidat d’En Marche!, l’association anticorruption Anticor a annoncé lundi avoir saisi la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) pour lui demander « de vérifier le caractère exhaustif, exact et sincère » de la déclaration de patrimoine d’Emmanuel Macron, s’interrogeant notamment sur ses revenus du temps où il était banquier à la banque Rotschild.