Mais dans une allocution extrêmement virulente à l’encontre du régime de Téhéran qu’il a qualifié de « dictatorial », il a précisé qu’il ne « certifierait » pas le fait que Téhéran respecte ses engagements, en dépit des assurances en ce sens de l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Son discours a provoqué une virulente réaction de Téhéran. Les Etats-Unis sont « plus seuls que jamais contre le peuple iranien », a lancé le président iranien Hassan Rohani.
Moscou a immédiatement dénoncé la stratégie de l’occupant de la Maison Blanche, très isolé sur ce dossier. La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a mis en garde contre la tentation de « démanteler un accord qui fonctionne et tient ses promesses ».
Dans un communiqué à la tonalité diplomatique mais ferme, Paris, Berlin et Londres ont rappelé que cet accord avait été l’aboutissement de « 13 années de diplomatie ».
La Première ministre britannique Theresa May, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron ont souligné qu’ils restaient « engagés » dans l’accord, appelant à sa « pleine application par toutes les parties ».
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« Quel est le sens d’un accord qui ne fait que retarder la capacité nucléaire (de l’Iran) pour une courte période ? », s’est interrogé le président américain, soulignant que son administration souhaitait en particulier supprimer les échéances en vertu desquelles les restrictions sur le programme nucléaire pourraient être levées progressivement après 2025.
M. Trump a également annoncé des sanctions contre certains membres des Gardiens de la révolution, l’armée d’élite iranienne.
Les Gardiens de la révolution « ont détourné de vastes parts de l’économie iranienne et saisi les dotations religieuses pour financer la guerre et le terrorisme à l’étranger », a-t-il accusé, sans toutefois aller jusqu’à les désigner comme un « groupe terroriste ».
A contre-courant des signataires de l’accord, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a immédiatement félicité le milliardaire républicain pour sa « décision courageuse ».
L’Arabie saoudite, monarchie sunnite du Golfe qui redoute la montée en puissance de son grand rival chiite, a salué la « stratégie ferme » de M. Trump.
Cette « non-certification » place de facto le Congrès américain en première ligne.
La majorité républicaine ne semblait pas prête à réimposer des sanctions et donc à endosser la responsabilité de saborder cet accord soutenu par les autres grandes puissances mondiales.
Une solution, concoctée par deux sénateurs républicains en coordination étroite avec la Maison Blanche et le département d’Etat, consisterait à voter une loi créant un nouveau seuil pour déclencher des sanctions contre l’Iran à l’avenir. Une sorte de mise à jour, unilatérale, du « JCPOA » (acronyme anglais de l’accord).
Les élus espèrent aussi rendre permanentes les limites imposées sur le développement nucléaire iranien.
« Nous proposons une voie qui comblera les lacunes de l’accord nucléaire tout en maintenant l’administration dans l’accord », a expliqué Bob Corker, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat.
Mais rien n’indique que Téhéran acceptera de nouvelles contraintes sans broncher.
« Tout ce qui va dans le sens de nouvelles conditions » ajoutées à l’accord sera considéré « comme une violation unilatérale de l’accord lui-même », a mis en garde vendredi Wendy Sherman, principale négociatrice américaine du texte sous l’ère Obama.
Si Téhéran et Washington ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980, au lendemain de la révolution islamique de 1979, la fin de l’administration de Barack Obama avait marqué le début d’une évolution. Le président démocrate avait jugé que l’accord donnait « une chance d’aller dans une nouvelle direction ».
Mais depuis son installation à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a donné un net coup de barre. Il n’a eu de cesse de durcir encore le ton face à Téhéran.
Et il est déterminé à gommer une distinction faite par son prédécesseur: négocier sur le nucléaire d’un côté, dénoncer les activités « déstabilisatrices » de l’autre (soutien au régime de Bachar al-Assad en Syrie, au Hezbollah au Liban, ou encore aux Houthis au Yémen).
Cette annonce s’ajoute à la longue liste des accords que les Etats-Unis ont quitté –ou menacé de quitter– au cours des derniers mois: partenariat transpacifique (TPP), accord de Paris sur le climat, accord de libre-échange nord-américain (Aléna). Et, depuis jeudi, l’organisation onusienne Unesco accusée par la Maison Blanche d’être anti-israélienne.
« La politique étrangère de Trump a trouvé un thème: la doctrine du retrait », estimait cette semaine Richard Haass, président du centre de recherche Council on Foreign Relations (CFR).