« Ce dossier vient de rentrer dans l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, dans l’histoire de la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie et je ne peux que me réjouir qu’enfin des juges aient compris le fond du dossier« , s’est félicité Me François Roux, qui défend M. Tein.
Christian Tein, qui comparaissait en visioconférence depuis le centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin), s’est engagé à « répondre aux convocations de la justice » et à vivre chez sa compagne en Alsace.
Placé sous contrôle judiciaire, il a interdiction de se rendre en Nouvelle-Calédonie et d’entrer en contact avec d’autres protagonistes du dossier.
– PUBLICITE –
Élu en août 2024 président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), le leader indépendantiste a toujours nié avoir appelé à commettre des violences et se présente comme un « prisonnier politique« .
Il est le chef de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), une organisation que la justice soupçonne d’être derrière les émeutes qui ont éclaté le 13 mai 2024 en Nouvelle-Calédonie, faisant 14 morts, dont deux gendarmes, et plus de deux milliards d’euros de dégâts.
L’avocate générale avait requis son maintien en détention provisoire, « unique moyen d’éviter une concertation frauduleuse » et pour garantir que M. Tein, présenté comme « le commanditaire » ayant diffusé « un mot d’ordre« , réponde aux convocations des juges d’instruction.
Pour le deuxième avocat de Christian Tein, Me Florian Medico, au contraire « le dossier est vide » et les trois magistrats instructeurs ont pris la « décision unanime » de le remettre en liberté.
« On ne reproche à M. Tein que des discours politiques, militants. Il n’a jamais, jamais appelé à prendre les armes, à la violence, à porter atteinte aux intérêts de l’Etat« , a assuré Me Medico.
L’analyse de son téléphone portable n’a révélé aucun « appel à des rassemblements armées, à des violences », seulement des documents politiques, selon le conseil.
« Boucs-émissaires »
« M. Tein et le FLNKS ont toujours appelé au calme, cherché à maitriser une mobilisation qui les ont dépassés« , a-t-il ajouté.
Pour Me Medico, les troubles en Nouvelle-Calédonie étaient le « signe d’une détresse sociale » pour lesquels « on cherche des boucs-émissaires« . « Voir des indépendantistes être traités de terroristes… », s’est quant à lui désolé Me Roux.
Les trois magistrats instructeurs qui enquêtent à Paris sur les émeutes mortelles de 2024 en Nouvelle-Calédonie ont ordonné le 3 juin la remise en liberté sous contrôle judiciaire de M. Tein, quelques jours après un interrogatoire.
Ils ont notamment estimé qu’à ce stade de la procédure, il n’était pas démontré que M. Tein ou d’autres mis en examen auraient préparé un attroupement armé ou un groupement violent, avait indiqué à l’AFP une source proche du dossier.
Mais le parquet a fait un référé-détention, contraignant le militant à rester incarcéré jusqu’à l’audience de jeudi, à l’issue de laquelle la cour d’appel a donc confirmé la décision des juges.
Le ministère public considère au contraire que M. Tein a occupé une place centrale comme commanditaire d’un plan d’actions violentes contre l’État en trois phases visant à déstabiliser les entreprises et commerces, les administrations et services de l’État par la commission de nombreuses exactions contre les biens et les personnes.
La cour d’appel a également remis en liberté trois autres militants indépendantistes incarcérés dans l’Hexagone, Dimitri Qenegei, Guillaume Vama, Erwan Waetheane, et confirmé celle d’un quatrième, Steeve Unë.
Au cours de l’audience, des militants et des avocats ont évoqué les conditions de leur transfert en avion vers l’Hexagone après leur mise en examen. « Pendant trente heures, notre dignité a été mise plus bas que terre« , a dénoncé, visiblement encore affecté, Steeve Unë, qui comparaissait libre.
L’information judiciaire a été ouverte notamment pour complicité de tentatives de meurtres et vols avec arme et destructions en bande organisée à Nouméa, puis dépaysée à Paris en janvier 2025.