En 1842, suite à un long voyage qui le conduisit en Polynésie et dans l’océan Indien oriental, Charles Darwin explique que les atolls, ces îles tropicales serties d’un anneau de corail, sont la conclusion logique d’édifices volcaniques en affaissement, rappelle sur son site internet l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer.
« Cette théorie est encore aujourd’hui couramment enseignée aux élèves et étudiants, du collège à l’université, affichée dans les musées ou reprise dans Wikipédia », souligne l’institut dont le siège se trouve à Brest.
Mais grâce à des données géologiques tirées de forages et d’études sismiques de différents atolls dans les océans Indien et Pacifique, et aux nouvelles connaissances des fluctuations passées du niveau de la mer, « nous sommes aujourd’hui en mesure de retracer une histoire de l’origine des atolls bien différente de celle de Darwin », explique Stéphan Jorry, chercheur en géosciences à l’Ifremer.
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L’origine des atolls remonterait ainsi à 3,2 millions d’années lors du développement de plates-formes sédimentaires à toit plat sur les hauts fonds océaniques.
Il y a 2,5 millions d’années les calottes glaciaires de l’hémisphère nord s’accroissent cycliquement provoquant des chutes toujours plus importantes du niveau de la mer. Lorsque les plates-formes se retrouvent émergées, « leur calcaire est dissout par les eaux de pluie et un nouveau relief se façonne lentement avec une dépression au centre entourée de bordures plus hautes », explique André Droxler, océanographe à l’Université de Rice, cité sur le site de l’Ifremer.
Enfin, lors d’une troisième étape, il y a environ 400 000 ans, le niveau de la mer se met à varier plus fréquemment avec des amplitudes d’environ 130 mètres. « À chaque période d’immersion, dès lors que les conditions environnementales sont propices, les coraux réoccupent les bordures des plates-formes », expliquent les deux auteurs.
« Ils se développent en suivant verticalement les montées successives du niveau de la mer, formant des anneaux de corail qui entourent les lagons profonds », concluent les deux auteurs, dont les travaux ont été publiés dans la revue Annual Review of Marine Science.