Les Outre-mer « en première ligne » face aux bouleversements climatiques, selon le Réseau Action Climat France

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Selon une note de l’association Réseau Action Climat France publiée début juin, les Outre-mer sont "en première ligne" face au changement climatique. Soumis à des événements météorologiques extrêmes, les conséquences pour les populations et les écosystèmes locaux sont déjà visibles, et seront de plus en plus graves avec un niveau de réchauffement élevé.

Publié le 07/06/2022 à 10:49 - Mise à jour le 07/06/2022 à 10:49

Selon une note de l’association Réseau Action Climat France publiée début juin, les Outre-mer sont "en première ligne" face au changement climatique. Soumis à des événements météorologiques extrêmes, les conséquences pour les populations et les écosystèmes locaux sont déjà visibles, et seront de plus en plus graves avec un niveau de réchauffement élevé.

Les Outre-mer sont les territoires français les plus exposés de par « leur aménagement, concentré sur les littoraux, ainsi que la fragilité de leurs écosystèmes – qui concentrent 80% de la biodiversité française sur seulement 22% du territoire national », estime le Réseau Action Climat France. L’association a relevé trois impacts du changement climatique qui menacent les Outre-mer.

Premièrement, l’accès à la nourriture et les activités économiques sont en péril face au blanchissement des coraux. « Les pics de chaleur constituent une menace directe pour les récifs coralliens, et donc pour les sociétés humaines qui en dépendent pour se nourrir », explique-t-elle. A priori, le lien n’est pas évident, mais dans certains territoires comme les îles Tuamotu en Polynésie, l’écosystème récifal constitue le pilier de la vie des sociétés humaines. « La mort de ces écosystèmes, formidables nurseries pour les poissons, provoque un effondrement de la chaîne alimentaire. Cela se répercute sur l’accès à la nourriture, largement basée sur les produits de la mer ». Cela impacte également le tourisme.

Deuxièmement, les graves conséquences économiques et sociales dues à la multiplication des cyclones. On l’a vu par exemple avec l’ouragan Irma, qui a fait au total des dizaines de morts et plus d’un millier de blessés à Saint-Martin et dans les autres îles des Caraïbes, laissant dans son sillage 92% de bâtiments dégradés ou complètement détruits. « Ces épisodes causent une véritable paralysie des territoires touchés, due à la destruction des infrastructures et au gel des moyens de subsistance des populations locales : entre autres, les productions agricoles sont perdues et le tourisme totalement interrompu », écrit le Réseau Action Climat.

Enfin, les bouleversements climatiques entraîneront de plus en plus de migrations forcées du fait de la hausse du niveau des mers. Ce risque concerne en premier lieu les îles, comme les atolls de Polynésie, mais aussi des îles plus hautes. « La plupart d’entre elles sont montagneuses et donc principalement aménagées sur leur bande côtière, directement exposée aux submersions », constate l’association. C’est par exemple le cas de la Guadeloupe, qui connaît déjà des épisodes de submersion à marée haute. « Sur les 120 îles qui seront totalement submergées d’ici la fin du siècle selon le scénario optimiste du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ndlr) environ 30% se situent en Nouvelle-Calédonie et 30% en Polynésie française », ajoute-t-elle.

Menacés de toutes parts, les Outre-mer ont une responsabilité moindre car ils ont peu contribué aux émissions de gaz à effet de serre, selon le Réseau Action Climat. Par ailleurs, ils « conduisent des expériences d’adaptation qui seront riches en enseignements pour tous les territoires menacés par le changement climatique ». L’une d’entre elles est la protection ou la restauration des écosystèmes pour bénéficier du service de protection côtière. Une autre est la construction de digues, de cordons d’enrochement et de murs de protection sur les littoraux. En dernier recours, il y a la relocalisation qui sera sans doute nécessaire pour certaines zones côtières insulaires.

Mais dans tous les cas, « face aux impacts déjà observables du changement climatique et qui empireront dans les années à venir, et au vu des capacités d’adaptation encore relativement réduites des Outre-mer, la première des solutions est de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. (…) Les solutions existent, comme le montre le rapport “Atténuation du changement climatique” du GIEC, à condition de choix politiques forts liés à une transformation rapide de tous les secteurs de la société », conclut l’association.

► Le Réseau Action Climat France fédère 26 associations nationales et 10 associations locales autour de la lutte contre le changement climatique. Ses actions vont de l’international au local. Il est le représentant en France d’un large réseau mondial et européen, regroupant près de 1 300 membres à travers la planète. Le réseau propose des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble des secteurs responsables, visant à préserver le climat mais également porteuses de solutions en termes de création d’emplois, de préservation de la santé et de plus de justice sociale.

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