Le juge Watson s’appuie notamment sur plusieurs déclarations de Donald Trump à l’égard des musulmans pour conclure que le décret comporte « des preuves significatives et irréfutables d’animosité religieuse ».
Le texte controversé, qui bannit l’entrée des Etats-Unis aux ressortissants de six pays musulmans, devait entrer en vigueur mercredi à minuit, heure de Washington, soit jeudi 4 heures GMT.
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Deux autres audiences se sont également déroulées mercredi sur les deux côtes américaines, donnant lieu à de vives joutes sur ce décret migratoire.
A Greenbelt, ville du Maryland dans l’est des Etats-Unis, le juge Theodore Chuang avait été saisi par une coalition d’organisations de défense des libertés et des réfugiés, dont la puissante American Civil Liberties Union (ACLU), qui affirment que le décret vise de façon discriminatoire les musulmans.
« Dans l’esprit (de M. Trump), le danger associé aux musulmans et le danger associé aux réfugiés ne sont qu’un seul et même danger », a dénoncé Omar Jadwat, l’avocat de l’ACLU.
Le nouveau décret « ne fait aucune distinction entre les religions », a répliqué Jeffrey Wall, l’avocat du gouvernement.
Le second décret bloqué prévoyait de fermer temporairement les frontières américaines aux réfugiés du monde entier et de suspendre l’octroi de visas durant 90 jours pour les ressortissants d’Iran, de Libye, de Syrie, de Somalie, du Soudan et du Yémen.
Cette mesure, qui ne concerne plus l’Irak et qui exempte les détenteurs de visas et de « cartes vertes », sésame des résidents permanents, était pourtant atténuée par rapport au premier décret adopté le 27 janvier.
Celui-ci avait brusquement semé le chaos dans les aéroports et suscité des réactions outrées à l’étranger. Son application avait été bloquée le 3 février.
James Robart, le juge de Seattle auteur de cette décision, a entendu à nouveau les parties mercredi, lors d’une troisième audience sur la mesure la plus polémique qu’a prise Donald Trump depuis son installation à la Maison Blanche.
Ces derniers jours, le président et ses principaux ministres, Rex Tillerson (Affaires étrangères), Jeff Sessions (Justice) et John Kelly (Sécurité intérieure), ont défendu un texte « vital » pour la sécurité nationale, face à des menaces ne cessant selon eux d’évoluer.
Mais les opposants au décret ne sont pas convaincus de cette urgence. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les attaques les plus graves aux Etats-Unis ont été commises soit par des Américains, soit par des ressortissants ne provenant pas des pays visés par le décret.
Selon ses détracteurs, le nouveau texte aura des conséquences très négatives sur les secteurs de l’éducation et des affaires, notamment pour les sociétés des nouvelles technologies.
Lyft, Airbnb, Dropbox et d’autres sociétés de ce secteur ont déposé mardi un mémoire de soutien à l’Etat de Hawaï, archipel comptant une forte proportion d’habitants d’origine étrangère, qui poursuit lui-même le gouvernement.
Dans un autre bastion démocrate qu’est la façade Pacifique du pays, l’Etat de Washington, rejoint par cinq autres Etats, a lui saisi le juge Robart de Seattle.
Ce magistrat avait été qualifié de « pseudo-juge » par Donald Trump.
« Le gouvernement Trump a peut-être modifié son texte discrédité, qui interdit l’entrée aux musulmans, mais il n’en a changé ni l’esprit ni les effets anticonstitutionnels », a assuré Xavier Becerra, le procureur général de Californie, l’un des cinq autres Etats contestataires avec le Massachusetts, l’Oregon, le Maryland et l’Etat de New York.