Les critiques n’ont pas tardé, le gouvernement australien se disant « extrêmement déçu » et exhortant le Japon à revoir sa position. Le ministre des Affaires étrangères néo-zélandais Winston Peters a adressé à Tokyo un message similaire, fustigeant « une pratique dépassée et inutile ». Le Japon s’abstiendra cependant d’aller chasser « dans les eaux de l’Antarctique ou dans l’hémisphère sud », a indiqué le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d’un point presse. La pêche sera « limitée aux eaux territoriales et à la zone économique exclusive », « en accord avec les quotas de prises calculés selon la méthode de la CBI afin de ne pas épuiser les ressources », a-t-il précisé sans donner de chiffres.
La Commission sera formellement notifiée « d’ici à la fin de l’année », ce qui permettra au retrait d’être effectif le 30 juin 2019.
>> « Notre objectif principal est de reprendre la pêche commerciale »
Mais les pays défenseurs des baleines, conduits par l’Australie, l’Union européenne et les Etats-Unis, ont torpillé le texte nippon, par 41 voix contre 27, ce qui a conduit le Japon à l’option de quitter la CBI. « Un retrait n’est pas la meilleure option, mais c’est ce qui est préférable afin de parvenir à notre objectif principal qui est de reprendre la pêche commerciale », a souligné Hideki Moronuki, un responsable de l’Agence des pêches. Le Japon ouvre ainsi un nouveau front entre les détracteurs et défenseurs de la pêche aux cétacés, que les Japonais, notamment la frange nationaliste, considèrent comme une importante tradition nippone multiséculaire.
> Une « nation pirate » des baleines
Les organisations écologistes ont aussitôt condamné la nouvelle. « Il est clair que le gouvernement tente de faire passer cette annonce en douce à la fin de l’année, loin des projecteurs des médias internationaux, mais le monde n’est pas dupe », a réagi Sam Annesley, responsable de la branche japonaise de Greenpeace. « La décision du Japon est en décalage total avec la communauté internationale, et fait fi de la nécessité de protéger nos océans et ces créatures majestueuses », a-t-il insisté.
L’association américaine Humane Society International (HSI) a déploré que l’archipel « devienne une nation pirate des baleines ». L’ONG Sea Shepherd, habituée à traquer les baleiniers japonais, voit paradoxalement dans cette décision « une bonne nouvelle pour les baleines ». Le Japon, dit-elle, ne chassera plus dans le sanctuaire existant dans l’Océan austral sous couvert scientifique et son retrait de la CBI pourrait permettre à la Commission de voter en faveur d’un nouveau sanctuaire dans l’Atlantique sud. « Nous sommes ravis de voir la chasse prendre fin dans le sanctuaire baleinier antarctique », indique son fondateur, Paul Watson, dans un communiqué.
Le Japon est le plus gros contributeur financier de la Commission baleinière, qui va donc devoir remplacer les fonds manquants. La saison dernière, les pêcheurs nippons ont tué près de 600 baleines au titre des expéditions scientifiques, à la fois dans l’Antarctique et le Pacifique. En dépit de ce motif officiel, la chair de cet animal finit souvent sur les étals des poissonniers, même si la plupart des Japonais disent aujourd’hui ne pas en manger, ou très rarement.
Rédaction web avec AFP