La France et l’Australie esquissent un « nouveau départ » après la crise des sous-marins

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Emmanuel Macron et le nouveau Premier ministre australien Anthony Albanese ont affirmé vendredi leur volonté de "rebâtir la confiance" entre leurs deux pays, gravement abîmée par l'annulation par Canberra d'un gigantesque contrat d'achat de 12 sous-marins français.

Publié le 01/07/2022 à 10:27 - Mise à jour le 01/07/2022 à 10:27

Emmanuel Macron et le nouveau Premier ministre australien Anthony Albanese ont affirmé vendredi leur volonté de "rebâtir la confiance" entre leurs deux pays, gravement abîmée par l'annulation par Canberra d'un gigantesque contrat d'achat de 12 sous-marins français.

« Nous allons parler de l’avenir, pas du passé », a lancé le chef de l’État français après avoir accueilli M. Albanese dans la cour du palais de l’Elysée, à Paris. Le nouveau Premier ministre, arrivé au pouvoir en mai après la victoire des Travaillistes (gauche) aux élections législatives, « n’est pas responsable de ce qu’il s’est passé« , a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron faisait référence aux vives tensions entre Paris et Canberra à la suite de l’annulation en septembre 2021 par l’Australie d’un méga contrat portant sur 12 sous-marins, au profit de bâtiments à propulsion nucléaire dans le cadre de l’annonce du partenariat Aukus entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni. 

Le président avait alors accusé de tromperie le Premier ministre australien Scott Morrison et les ambassadeurs français à Canberra et Washington avaient été rappelés à Paris, geste sans précédent. En mai, la défaite électorale de M. Morrison a permis de commencer à tourner la page, d’autant que M. Albanese multipliait les signaux positifs envers Paris.

Après une première rencontre cette semaine au sommet de l’Otan à Madrid, la visite à Paris représente « un nouveau départ dans les relations » bilatérales, a affirmé le Premier ministre. En insistant sur le fait que « la confiance, le respect et l’honnêteté comptent ».  De son côté, M. Macron a exprimé une volonté commune « de rebâtir une relation de confiance entre nos deux pays, une relation fondée sur le respect mutuel après une phase difficile ».

« Puissance indopacifique »

L’ambiance était d’ailleurs très décontractée à l’Élysée, où Emmanuel Macron était entouré de son épouse Brigitte pour accueillir Anthony Albanese et sa compagne Jodie Haydon. Après l’entretien et le déjeuner, le couple australien a inauguré l’exposition de l’artiste aborigène Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori à la Fondation Cartier à Paris.

À l’Élysée, M. Albanese a insisté sur le fait que la France n’était « pas seulement une grande puissance européenne, mais aussi une puissance indopacifique et mondiale ». « Son engagement en Indopacifique sera essentiel pour faire face aux défis auxquels notre région est confrontée », a-t-il ajouté.

Un tel discours est conforme à la volonté d’Emmanuel Macron, qui insiste depuis 2017 sur l’importance pour la France de développer « une stratégie indopacifique ». Car « nous sommes des acteurs » dans cette vaste région « nous avons un million de compatriotes » qui y vivent et « plus de 8 000  militaires qui y sont déployés », a détaillé le chef de l’État jeudi, en citant la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie, la Réunion, Mayotte… Il a également indiqué souhaiter que soit « partout respectée la liberté de notre souveraineté », faisant allusion aux ambitions de Chine, qui a annoncé en avril la signature d’un « accord-cadre de sécurité » avec les îles Salomon.

« La France et l’Australie forgeront une nouvelle relation de défense », basée notamment sur « un engagement opérationnel et à des échanges de renseignement », « en particulier sur la surveillance maritime », ont précisé MM. Macron et Albanese dans un communiqué commun diffusé à l’issue de leur entretien. Ils veulent également accroitre la coopération » de leurs industries de défense, alors que Canberra a récemment accepté de verser 555 millions d’euros au fabricant français de sous-marins Naval Group pour les sous-marins annulés.

Parmi les autres domaines de coopération à développer, figurent la lutte contre le changement climatique, la biodiversité ou l’éducation, la France s’engageant à mettre en place la section internationale australienne du baccalauréat, déjà présente en Nouvelle-Calédonie, dans un plus grand nombre d’écoles françaises, tandis que l’enseignement du français serait renforcé dans les écoles australiennes.

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