« Nous allons parler de l’avenir, pas du passé », a lancé le chef de l’État français après avoir accueilli M. Albanese dans la cour du palais de l’Elysée, à Paris. Le nouveau Premier ministre, arrivé au pouvoir en mai après la victoire des Travaillistes (gauche) aux élections législatives, « n’est pas responsable de ce qu’il s’est passé« , a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron faisait référence aux vives tensions entre Paris et Canberra à la suite de l’annulation en septembre 2021 par l’Australie d’un méga contrat portant sur 12 sous-marins, au profit de bâtiments à propulsion nucléaire dans le cadre de l’annonce du partenariat Aukus entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni.
Le président avait alors accusé de tromperie le Premier ministre australien Scott Morrison et les ambassadeurs français à Canberra et Washington avaient été rappelés à Paris, geste sans précédent. En mai, la défaite électorale de M. Morrison a permis de commencer à tourner la page, d’autant que M. Albanese multipliait les signaux positifs envers Paris.
– PUBLICITE –
Après une première rencontre cette semaine au sommet de l’Otan à Madrid, la visite à Paris représente « un nouveau départ dans les relations » bilatérales, a affirmé le Premier ministre. En insistant sur le fait que « la confiance, le respect et l’honnêteté comptent ». De son côté, M. Macron a exprimé une volonté commune « de rebâtir une relation de confiance entre nos deux pays, une relation fondée sur le respect mutuel après une phase difficile ».
« Puissance indopacifique »
L’ambiance était d’ailleurs très décontractée à l’Élysée, où Emmanuel Macron était entouré de son épouse Brigitte pour accueillir Anthony Albanese et sa compagne Jodie Haydon. Après l’entretien et le déjeuner, le couple australien a inauguré l’exposition de l’artiste aborigène Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori à la Fondation Cartier à Paris.
À l’Élysée, M. Albanese a insisté sur le fait que la France n’était « pas seulement une grande puissance européenne, mais aussi une puissance indopacifique et mondiale ». « Son engagement en Indopacifique sera essentiel pour faire face aux défis auxquels notre région est confrontée », a-t-il ajouté.
Un tel discours est conforme à la volonté d’Emmanuel Macron, qui insiste depuis 2017 sur l’importance pour la France de développer « une stratégie indopacifique ». Car « nous sommes des acteurs » dans cette vaste région « nous avons un million de compatriotes » qui y vivent et « plus de 8 000 militaires qui y sont déployés », a détaillé le chef de l’État jeudi, en citant la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie, la Réunion, Mayotte… Il a également indiqué souhaiter que soit « partout respectée la liberté de notre souveraineté », faisant allusion aux ambitions de Chine, qui a annoncé en avril la signature d’un « accord-cadre de sécurité » avec les îles Salomon.
« La France et l’Australie forgeront une nouvelle relation de défense », basée notamment sur « un engagement opérationnel et à des échanges de renseignement », « en particulier sur la surveillance maritime », ont précisé MM. Macron et Albanese dans un communiqué commun diffusé à l’issue de leur entretien. Ils veulent également accroitre la coopération » de leurs industries de défense, alors que Canberra a récemment accepté de verser 555 millions d’euros au fabricant français de sous-marins Naval Group pour les sous-marins annulés.
Parmi les autres domaines de coopération à développer, figurent la lutte contre le changement climatique, la biodiversité ou l’éducation, la France s’engageant à mettre en place la section internationale australienne du baccalauréat, déjà présente en Nouvelle-Calédonie, dans un plus grand nombre d’écoles françaises, tandis que l’enseignement du français serait renforcé dans les écoles australiennes.