« Historique » : une sonde de la Nasa a survolé un lointain objet céleste

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Publié le 31/12/2018 à 7:27 - Mise à jour le 31/12/2018 à 7:27

La Nasa a célébré le Nouvel An avec le survol historique par sa sonde New Horizons de l’objet céleste le plus éloigné et peut-être le plus ancien jamais observé de près, Ultima Thule, situé à quelque 6,4 milliards de kilomètres de la Terre, dans l’espoir d’en savoir plus sur la formation des planètes.

Une série de signaux impatiemment attendus, indiquant que la sonde avait survécu à sa mission à haut risque, est arrivée mardi peu après 15h30 GMT, provoquant des cris de joie dans le laboratoire de physique appliquée John Hopkins, dans le Maryland.

New Horizons « est en état de marche », a annoncé Alice Bowman, une responsable du projet. « Nous venons juste d’accomplir le survol le plus éloigné » jamais effectué, s’est-elle réjouie.

Près de dix heures plus tôt, à 5h33 GMT, New Horizons braquait ses caméras sur Ultima Thule, vestige glacé de la formation du système solaire. Les images et données collectées par la sonde commenceront à arriver plus tard mardi. New Horizons devait prendre 900 images en quelques secondes durant son survol d’Ultima Thule à une distance d’environ 3 500 kilomètres.

Un premier cliché d’Ultima Thule, pris à 1,9 million de kilomètres « seulement », a déjà livré une première surprise : sur cette image plutôt floue, cet objet de petite taille (20 à 30 km de diamètre) semble avoir une forme allongée plutôt que ronde. 

« Voilà une nuit qu’aucun d’entre nous n’oubliera jamais », s’est exclamé le guitariste de Queen, Brian May, également titulaire d’un doctorat en astrophysique, qui a enregistré un morceau en solo pour l’occasion.

> « Objet glacé »

L’enjeu de cette mission est de comprendre comment les planètes se sont formées, a expliqué lundi à la presse le directeur scientifique de la mission Alan Stern. « Cet objet est tellement glacé qu’il est conservé dans sa forme originelle », a-t-il souligné. « Tout ce que nous allons apprendre sur Ultima –sa composition, sa géologie, comment il s’est formé, s’il a des satellites ou de l’atmosphère– nous renseignera sur les conditions de formation des objets du système solaire. »

Ultima Thule, découvert en 2014 par le télescope spatial Hubble, se trouve dans la ceinture de Kuiper, un vaste disque cosmique reliquat de l’époque de la formation des planètes que les astronomes appellent parfois le « grenier » du système solaire.

Les scientifiques ont décidé d’envoyer New Horizons l’étudier, après que la sonde eut accompli en 2015, neuf ans après son lancement, sa principale mission : envoyer des images extrêmement détaillées de Pluton.

Cette fois, « on essaie d’avoir des images d’Ultima avec une résolution trois fois supérieure à celle utilisée pour Pluton », a expliqué M. Stern. « Si on y arrive, ce sera spectaculaire. »

Mais la mission est dangereuse. New Horizons parcourt l’univers à 51 500 kilomètres par heure. A cette allure, si elle heurtait un débris aussi petit qu’un grain de riz, elle pourrait être détruite instantanément.

> Île lointaine

Ultima Thule a été nommé ainsi d’après une île lointaine de la littérature médiévale. « Cela signifie ‘au-delà de Thule’, au-delà des limites connues de notre monde, pour symboliser l’exploration au-delà de la ceinture de Kuiper », a expliqué l’agence spatiale dans un communiqué.

Découverte seulement dans les années 1990, cette ceinture se trouve à quelque 4,8 milliards de kilomètres du Soleil, au-delà de l’orbite de Neptune, la planète qui en est la plus éloignée.

« C’est la frontière de l’astronomie », souligne le scientifique Hal Weaver, de l’université Johns Hopkins. « Nous avons finalement atteint les limites du système solaire », s’enthousiasme-t-il. « Ces choses sont là depuis le début et on pense qu’elles n’ont pas changé. On va vérifier. »

AFP

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