Le républicain a tenu à réagir personnellement à la publication par le site Buzzfeed de 35 pages de notes alléguant de liens de longue date entre son entourage et le Kremlin. « Ce sont des fausses informations. C’est bidon. Ces choses ne se sont jamais passées », a-t-il tonné.
Selon ces documents, à l’authenticité incertaine, les services russes d’espionnage disposent également d’informations compromettantes (« kompromat ») compilées au fil des années, notamment sur des rencontres avec des prostituées à Moscou. Le Kremlin a nié l’existence d’un tel dossier.
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Devant plus de 250 journalistes, le magnat de 70 ans a tâché de projeter l’image d’un homme prêt à assumer les responsabilités, évoquant la réforme de la santé, la prochaine construction d’un mur à la frontière mexicaine, ou une prochaine réorganisation des appels d’offres pour l’industrie pharmaceutique.
Mais, visiblement furieux de la diffusion des allégations russes, il a volé dans les plumes du site Buzzfeed –« un tas d’ordures »– et d’un reporter de CNN, à qui il a refusé d’accorder une question.
La chaîne d’information n’a pas publié les 35 pages mais a rapporté mardi que les chefs du renseignement américain en avaient présenté un résumé de deux pages vendredi lors d’une rencontre avec M. Trump, ce que l’entourage de ce dernier a démenti.
Ces notes ont été rédigées de juin à décembre 2016 par un ancien agent du renseignement britannique pour le compte d’opposants politiques au candidat Trump. Elles circulaient depuis des semaines à Washington, notamment dans plusieurs médias qui tentaient d’en confirmer les éléments indépendamment.
Le futur commandant en chef s’en est aussi pris aux services américains, se demandant à haute voix s’ils n’étaient pas la source des fuites de ces notes à Washington.
« Je pense que c’est scandaleux, scandaleux, que les agences de renseignements aient permis (la publication) d’une information qui s’est révélée être erronée et fausse », a-t-il dit. « C’est le genre de choses que l’Allemagne nazie faisait ».
Cette attaque contre le renseignement a en retour déclenché une réponse cinglante de l’administration sortante. Ces critiques sont « très malavisées », a lâché le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest.
Au Congrès, l’opposition démocrate ne s’apaisait pas. L’élu Jim McGovern a relevé que « Trump refus(ait) de dire si son équipe avait eu des contacts avec la Russie pendant la campagne ».
Mais le successeur de Barack Obama a admis clairement, pour la première fois, que la Russie de Vladimir Poutine avait bien commandité le piratage informatique du parti démocrate d’Hillary Clinton pendant la campagne électorale. La divulgation sur WikiLeaks de milliers de messages avait déstabilisé la candidate.
M. Trump doutait jusqu’à présent du consensus du renseignement américain, qui a publiquement accusé le président russe d’avoir lancé une campagne de piratages et de désinformation pour discréditer la démocrate et aider le républicain.
« En ce qui concerne le piratage, je pense que c’était la Russie », a déclaré M. Trump, ajoutant : « Mais je pense aussi que nous avons été piratés par d’autres pays, d’autres gens ».
Cela dit, il n’a pas modifié sa ligne consistant à prôner un rapprochement avec Moscou, cible de sanctions par Barack Obama en décembre pour ses cyberattaques.
Vladimir Poutine « ne devrait pas faire cela », a promis le républicain. « Il ne le fera pas. La Russie aura beaucoup plus de respect pour notre pays quand je le dirigerai que lorsque d’autres gens le dirigeaient ».
En même temps au Congrès, l’homme qu’il a nommé pour diriger la diplomatie, l’ex-PDG d’ExxonMobil Rex Tillerson, a pris le contre-pied de ceux qui l’accusent d’être trop proche de Moscou.
« La Russie représente aujourd’hui un danger », a déclaré Rex Tillerson lors d’une audition, évoquant les opérations russes en Crimée et Syrie.
Donald Trump a enfin annoncé qu’il confierait la direction de l’organisation familiale à ses fils adultes Eric et Donald Jr., ainsi que d’autres réformes destinées à empêcher d’éventuels conflits d’intérêts et présentées par une avocate de Washington.
Le futur président ne vendra pas ses actifs dans la Trump Organization, une nébuleuse non cotée en Bourse avec des activités dans 20 pays, mais il en confiera la gestion à un « trust ».
Un garde-fou insignifiant, a jugé le directeur de l’agence fédérale chargée de prévenir les conflits d’intérêts dans l’exécutif. « Il doit céder ses parts. Rien d’autre ne permettra de résoudre ces conflits », a déclaré Walter Shaub, directeur de l’Office of Government Ethics.
Les démocrates étaient sur la même ligne, la sénatrice Elizabeth Warren déclarant sur Bloomberg TV qu’elle était « encore plus inquiète qu’auparavant, car il refuse de bouger ».