En Nouvelle-Calédonie, la Covid-19 percute la campagne du référendum sur l’indépendance

Publié le

La Nouvelle-Calédonie fait face depuis trois semaines à une flambée de Covid-19 qui a déjà fait près de 130 morts et interrompu la campagne pour le référendum sur l'indépendance du 12 décembre, suscitant chez certains des interrogations sur son maintien.

Publié le 01/10/2021 à 10:05 - Mise à jour le 01/10/2021 à 10:05

La Nouvelle-Calédonie fait face depuis trois semaines à une flambée de Covid-19 qui a déjà fait près de 130 morts et interrompu la campagne pour le référendum sur l'indépendance du 12 décembre, suscitant chez certains des interrogations sur son maintien.

L’archipel français du Pacifique sud traverse une crise sanitaire sans précédent, moins de trois mois avant la tenue du troisième et dernier scrutin d’autodétermination de l’accord de Nouméa.

Ce vote crucial clôt un processus de décolonisation progressif entamé il y a 30 ans et doit être suivi d’une période de transition jusqu’à un référendum de projet en juin 2023 qui portera sur la constitution d’un nouvel État en cas de oui et dans le cas inverse sur un nouveau statut dans la République.

Lancée fin août, la campagne s’est brutalement interrompue le 6 septembre lors de la détection de trois premiers cas locaux de coronavirus, avant un emballement lié à la forte contagiosité du variant Delta.

– PUBLICITE –

Selon le bilan communiqué vendredi par Louis Mapou, président indépendantiste du gouvernement collégial, le nombre total des morts s’élève désormais à 129 dont 10 au cours des dernières 24 heures. Il a annoncé que le confinement strict en vigueur depuis le 7 septembre sera maintenu jusqu’au 11 octobre avant une possible « adaptation pour une reprise progressive de l’économie ». « 96% des morts étaient non vaccinés, leur moyenne d’âge est de 71 ans et le plus jeune avait 40 ans. 56% sont des Kanak, 22% des Wallisiens et Futuniens et 22% sont issus des autres communautés », a précisé Mapou.

Les autorités exhortent la population à se faire vacciner, mais seulement 34% des habitants disposent à ce jour d’un schéma vaccinal complet.  

Grâce au confinement, le taux d’incidence du virus, qui atteignait 1 200 pour 100 000 habitants il y a dix jours, s’établit actuellement à 588, mais la crise « va encore durer de longues semaines », a averti le chef de l’exécutif.

Des conditions pas réunies

Dans ce contexte, les indépendantistes du FLNKS ont l’intention de demander le report du référendum à Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, attendu le 4 octobre à Nouméa pour une visite de deux semaines.

« Les gens ont peur de sortir, de circuler. Il n’y a pas la sérénité nécessaire pour organiser une élection comme celle-là. Il vaut mieux renvoyer à une période plus propice », a déclaré à l’AFP Victor Tutugoro, élu de l’UNI-FLNKS (Union nationale pour l’indépendance) et signataire de l’accord de Nouméa. « Comment demander à nos militants d’aller battre campagne alors que par ailleurs on est en train d’enterrer nos morts », a ajouté l’élu kanak, souhaitant qu’une « discussion » s’ouvre avec Lecornu sur « un report en 2022 après les présidentielles ».

C’est en revanche, le message inverse que va porter le regroupement « Les voix du non », coalition loyaliste créé pour la campagne. « Le report (du référendum) serait une catastrophe au niveau économique. Il est important de sortir de cette incertitude institutionnelle », a déclaré à l’AFP, Christopher Gygès, directeur de la campagne.

Il estime qu’avec « une sortie de crise en novembre », il restera « un mois de campagne, ce qui est suffisant pour communiquer sur des éléments qui sont les mêmes depuis 2018 ». Le responsable considère en outre que les électeurs « sont parfaitement informés », compte tenu de la diffusion en juin par l’État d’un épais document sur les implications du oui et du non.

Député du parti de centre droit Calédonie ensemble, Philippe Gomès juge prématuré de se positionner. « L’évolution épidémique sera un élément de la décision politique », a-t-il déclaré dans l’attente des échanges avec le ministre des Outre-mer. À plusieurs reprises, Sébastien Lecornu a rappelé que la fixation de la date du référendum était « une compétence de l’État » et que les préparatifs devaient se poursuivre pour l’organiser le 12 décembre. « Cette troisième consultation est aussi un moyen de reprendre une vie normale post-Covid », a-t-il récemment déclaré à une radio locale.

Dernières news

Activer le son Couper le son