S’exprimant avant une gigantesque parade militaire organisée à Pyongyang à l’occasion du 105e anniversaire de la naissance de Kim Il-Sung, le fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le N.2 du régime a promis que son pays était « prêt à répondre à une guerre totale par une guerre totale ».
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« Nous sommes prêts à répliquer à toute attaque nucléaire par une attaque nucléaire à notre façon », a insisté Choe Ryong-Hae lors d’une cérémonie précédant la parade militaire.
Dans une déclaration diffusée vendredi par KCNA, l’agence de presse officielle de la Corée du Nord, l’armée nord-coréenne avait assuré que les bases américaines en Corée du Sud, « tout comme les quartiers-généraux du Mal », tels que la présidence sud-coréenne à Séoul, seraient « pulvérisés en quelques minutes » en cas de guerre.
Samedi, des dizaines de milliers de soldats des armées de Terre, de l’Air et de la Marine, ont défilé au pas de l’oie devant le dirigeant du régime nord-coréen, Kim Jong-Un. Ils avaient auparavant patienté pendant des heures dans des centaines de camions alignés le long des rives du Taedong, le fleuve qui traverse la capitale nord-coréenne.
Un défilé de chars a suivi précédant la présentation de 56 missiles de 10 types différents montés sur des semi-remorques.
Pour ce pays communiste isolé sur la scène internationale, il s’agit d’adresser « un message sans équivoque aux Etats-Unis après les propos de l’administration Trump et ses initiatives militaires », juge Evans Revere du centre de recherches Brookings Institution à Washington.
Selon plusieurs observateurs, la Corée du Nord, dont le programme nucléaire est à l’origine de tensions internationales grandissantes, pourrait procéder prochainement à un nouveau tir de missile balistique, voire même à son sixième essai nucléaire, en dépit des interdits de la communauté internationale.
Selon des spécialistes militaires, certains des missiles présentés samedi semblaient plus longs que les engins nord-coréens existant, KN-08 ou KN-14. Il pourrait s’agir de nouveaux missiles balistiques intercontinentaux, a indiqué à l’AFP Chad O’Carroll, du média NK News spécialisé sur la Corée du Nord.
La Chine a estimé vendredi qu’un « conflit pouvait éclater à tout moment »: quiconque en sera à l’origine « devra assumer une responsabilité historique et en payer le prix », a martelé le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, répétant que « le dialogue est la seule issue ».
Pékin souhaite coopérer avec Moscou pour « contribuer à apaiser au plus vite la situation » sur ce dossier, a-t-il également déclaré.
« Très inquiète », la Russie a de son côté appelé toutes les parties à la « retenue » et mis en garde contre « toute action qui pourrait être interprétée comme une provocation ».
Selon les experts du site internet « 38 North », spécialisé sur la Corée du Nord et qui s’appuie sur plusieurs images satellites récentes, le site d’essais nucléaires de Punggye-ri est « amorcé et prêt » à servir.
Pyongyang est sous le coup de nombreuses sanctions imposées par les Nations unies en raison de ses programmes nucléaires et balistiques et de son ambition de se doter d’un missile capable d’atteindre les Etats-Unis.
La Corée du Nord a déjà effectué cinq tests nucléaires, dont deux l’année dernière. Fin mars-début avril, la République populaire démocratique a effectué trois tirs de missiles balistiques vers la mer du Japon.
Jeudi, une semaine après avoir frappé de manière soudaine la Syrie accusée d’avoir utilisé une arme chimique, les Etats-Unis ont utilisé en Afghanistan la plus puissante bombe américaine non-nucléaire jamais larguée, surnommée « la mère de toutes les bombes ».
Le largage de cette bombe, qui intervient au moment où les tensions sont exacerbées avec Pyongyang, a été largement interprété comme un signal adressé à la Corée du Nord.
Pékin plaide depuis plusieurs semaines pour une solution dite de « suspension contre suspension »: Pyongyang doit interrompre ses activités nucléaires et balistiques et Washington ses exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud, des manoeuvres annuelles considérées par le Nord comme une provocation.
Les Etats-Unis rejettent le plan chinois. Mais la Chine juge qu’il s’agit de « la seule option réalisable » et met Washington au défi d’avancer « une meilleure proposition ».
Depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953), qui s’est achevée par un armistice plutôt qu’un accord de paix, Pyongyang assure avoir besoin de l’arme nucléaire pour se protéger d’une possible invasion américaine.