Christchurch : des haka pour faire le deuil

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Publié le 19/03/2019 à 9:34 - Mise à jour le 19/03/2019 à 9:34

« Ka mate, ka mate ! Ka ora, ka ora ! » Des Néo-Zélandais et des Australiens de tout âge et de tout horizon livrent depuis quelques jours des exécutions impromptues de différents haka maori, à travers toute la Nouvelle-Zélande, mais aussi en Australie, afin de rendre hommage aux victimes du carnage des mosquées et d’afficher leur solidarité à leurs familles et proches.

Si cette danse guerrière aux gestes menaçants peut sembler jurer avec l’atmosphère sombre qui règne depuis qu’un extrémiste racialiste blanc a tué 50 fidèles pendant la prière du vendredi dans deux mosquées de Christchurch, dans l’île du Sud, le haka est aussi une cérémonie de deuil qui mêle à la fois la défiance et la beauté, dans un déversement d’émotion pure, explique Te Kahauti Maxwell, professeur de maori à l’Université Waikato.

« Le haka sert à la mort et au deuil. Il fait intégralement partie du processus de deuil maori. Il sert à témoigner son amour et sa compassion. Le haka sert à remonter le moral des familles endeuillées », explique-t-il.

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Lisa Tumahai, cheffe des Ngai Tahu, la principale iwi (tribu) de l’île du Sud, explique qu’il est naturel pour les Néo-Zélandais de recourir à cette danse traditionnelle. « Peu importe que nous soyons en colère, que nous ayons peur, nous devons nous rassembler en une seule communauté solide pour montrer notre compassion envers ceux qui ont fait de Aotearoa leur maison et qui ont perdu des êtres chers et précieux », affirme-t-elle.

Les tribus maori, les écoles et les équipes de sport ont toutes leur propre version du haka. Celle des All Blacks, appelée « Ka mate, Ka mate », raconte l’histoire d’un guerrier de 1820, Te Rauparaha, qui se cacha dans une fosse pour échapper à ses ennemis. Les mots « Je vis ! Je meurs ! », prononcés dès le début du haka, décrivent l’état d’esprit de Te Rauparaha qui songe au sort qui l’attend.

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Pour le professeur Maxwell, le haka est particulièrement approprié du fait de la tristesse générale qui s’est emparée du pays car « nous avons été envahis et un acte terrible a été commis sur nos rivages ». Quand le tueur a ouvert le feu sur ses victimes vendredi, « on peut les imaginer penser : Vais-je vivre ? Vais-je mourir ? ».
 

 

Rédaction web avec AFP

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