Attentat de Nice : ce que l’on sait du tueur

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Publié le 16/07/2016 à 10:21 - Mise à jour le 16/07/2016 à 10:21

A ce stade, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, Tunisien résidant à Nice depuis plusieurs années, ne présente pas le visage d’un jihadiste chevronné. Mais il semble avoir préparé la tuerie. Dès le 4 juillet, le chauffeur-livreur de 31 ans réserve à Saint-Laurent du Var, près de la cité azuréenne, un poids lourd pour une location à compter du 11 juillet. Les 12 et 13 juillet, il repère les lieux avec ce véhicule, selon une source proche du dossier.
 
Ces repérages, le choix du lieu et l’heure de l’attaque laissent peu de doute sur sa volonté de faire le maximum de victimes: lorsqu’il lance le 19 tonnes sur la Promenade des Anglais, quelque 30.000 personnes viennent d’assister au feu d’artifice du 14-Juillet. Il tue 84 personnes.
 
Inconnu des services antiterroristes, Lahouaiej-Bouhlel a-t-il agi seul ? Dans les SMS retrouvés dans son téléphone, le tueur se félicite peu avant l’attaque de s’être procuré le pistolet 7.65 qu’il utilisera plus tard contre des policiers, avant d’être abattu, et évoque la fourniture d’autres armes. A qui étaient destinés les textos? Et les autres armes ? Plus de 200 enquêteurs sont mobilisés pour « identifier l’ensemble des destinataires » des messages, a expliqué une source proche du dossier.
 
Sept personnes étaient en garde à vue dimanche, après l’interpellation le même jour d’un couple d’Albanais et d’un homme de 37 ans membre de l’entourage de Lahouaiej-Bouhlel. L’avocat d’un des hommes interrogés a expliqué que son client, une connaissance du tueur, était soupçonné de lui avoir apporté un soutien logistique, tout en affirmant qu' »il n’y a rien » contre lui. L’un des suspects albanais est désigné par un témoignage comme celui qui a fourni le pistolet à Lahouaiej-Bouhlel. Reste à savoir si ces personnes connaissaient son projet, ce qui en ferait de véritables complices.
 
Décrit comme très violent, dragueur, dépressif, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, en instance de divorce et père de trois enfants, se serait radicalisé en très peu de temps, selon le gouvernement. Parmi les centaines de témoins entendus depuis la nuit de l’attentat, plusieurs ont évoqué sa religiosité, selon une source proche du dossier, alors que des voisins ont affirmé qu’il n’avait pas de pratique religieuse affichée. Lors des auditions, des membres de son entourage gardés à vue l’ont décrit comme quelqu’un « qui n’avait pas d’intérêt pour la religion », mais au moins l’un d’eux a évoqué un basculement « récent » vers « l’islam radical » qui pourrait remonter à fin juin.
 
L’exploitation de son téléphone et de son matériel informatique permettra peut-être d’en savoir plus sur d’éventuels liens avec d’autres jihadistes et sur ses motivations. Dimanche, ce n’était pas le cas, selon une source policière.
 
Samedi, le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué l’attaque, menée par un « soldat » qui « a exécuté l’opération en réponse aux appels lancés pour prendre pour cible les ressortissants des pays de la coalition » qui combat l’organisation jihadiste.
 
L’EI, qui n’a pas l’habitude de revendiquer des actions par pur opportunisme, a multiplié ce type d’appels, et la France, déjà durement frappée, est une cible privilégiée. A Nice, la logistique est beaucoup moins complexe que le 13 novembre, quand une dizaine de jihadistes, dont plusieurs partis de Syrie, des gilets explosifs, des kalachnikovs et trois véhicules avaient été employés pour faire 130 morts en plusieurs lieux de Paris, avec des bases arrière en Belgique.
 
« Si vous ne pouvez pas faire sauter une bombe ou tirer une balle (…) débrouillez-vous (…) renversez-les avec votre voiture », encourageait en 2014 le porte-parole officiel de l’EI, Abou Mohammed Al-Adnani.
 
Pour le gouvernement, il s’agit d’un « attentat d’un type nouveau », commis par des personnes qui s’engagent « sans nécessairement avoir participé aux combats » en Syrie, « sans nécessairement avoir été entraînés ».

AFP

 

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