Au prix payé pour ce thon de 212 kg, un sushi constitué avec une lamelle du ventre gras appelé « otoro » devrait être vendu 10 000 yens (environ 9700 Fcfp), mais les 51 restaurants Sushizanmai le maintiendront au même tarif que d’habitude, soit 3,50 euros.
Dans les établissements haut de gamme de Tokyo, un tel mets peut valoir jusqu’à plus de 3 000 yens (environ 2 000 Fcfp).
La vente aux enchères de ce jour est peut-être la dernière du Nouvel an à Tsukiji, marché historique du coeur de la capitale qui, après plus de 80 ans d’histoire et maintes péripéties, doit être déplacé, en fin d’année au plus tôt, plus loin dans la baie de Tokyo.
Vieillissant, non conforme aux normes parasismiques, Tsukiji aurait dû déménager en novembre 2016, mais des avaries ont été découvertes au dernier moment sur le site d’accueil, à Toyosu, ce qui a reporté une énième fois cette opération très controversée décidée il y a plusieurs décennies.
Les quotidiennes ventes aux enchères de thon de Tsukiji font la réputation de ce haut lieu qui accueille plus de 40 000 personnes par jour, dont les meilleurs chefs-cuisiniers de Tokyo.
Les premières criées de thon rouge de l’année sont un rituel très médiatisé. Le montant de 74,20 millions de yens déboursé cette année est cinq fois supérieur à celui de l’an dernier, qui était lui-même le triple de celui de 2015.
Cela reste cependant bien en-deçà du record de 2013 : 155,4 millions de yens (environ 151 millions de Fcfp). C’est le même Kiyoshi Kimura qui avait déboursé cette somme astronomique dans le but avoué de ne pas laisser, comme en 2011, 2010 et 2009, le poisson partir dans les cuisines d’un restaurateur de Hong Kong.
Comme chaque année, le thon vendu jeudi a été pêché au large de la ville d’Oma, dans la préfecture d’Aomori (nord).
Les Japonais ont un appétit insatiable pour le thon rouge (hon-maguro), une espèce surpêchée et considérée comme en danger par les écologistes. Ils dégustent cette chair essentiellement crue, sous forme de sushi (fine tranche sur du riz vinaigré) ou sashimi (fine tranche seule).
Kazue Komatsubara, une porte-parole de Greenpeace au Japon, a refusé de commenter cette vente aux enchères en particulier mais a appelé à la vigilance. « Présenter au client un volume énorme de thon risque de faire oublier que c’est en réalité une espèce en danger », a-t-elle dit à l’AFP.