La chienne se met à suivre l’enfant. Maggy, c’était son nom, recommence, jour après jour, et devient le fidèle compagnon de Fatima lors de sa sortie quotidienne. Fatima Pôté se souvient : « J’ai eu la sensation, à ce moment-là, d’oublier ma maladie. J’ai oublié que je ne marchais pas. Cela m’a beaucoup aidée. J’ai eu l’impression d’être une petite fille comme les autres. »
Après une formation d’aide-soignante, Fatima Pôté est devenue zoothérapeute il y a trois ans. Aujourd’hui, elle peut mettre des mots sur ce qui s’est passé quand elle était plus jeune. L’animal l’a aidée à passer un cap. C’est ce qu’elle tente de faire elle aussi avec les gens qu’elle suit.
Fatima Pôté accompagne les personnes malades et en difficulté dans leur quotidien, avec des animaux. La professionnelle explique :
« Cela permet d’aider les humains à aller mieux. J’utilise un animal comme médiateur. Dans le regard de l’animal, il n’y pas de jugement, tout le monde est au même niveau. »
Depuis ses débuts, Fatima Pôté travaille avec des chiens pour des raisons pratiques. La jeune femme a trouvé les animaux au fenua. Des compagnons à quatre pattes qui trainaient dans la rue. « Je voulais des chiens race « caca », comme on les appelle. Je ne voulais pas faire venir des animaux de France. »
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Les animaux ont été éduqués et formés pour être médiateur. Fatima Pôté intervient dans un centre d’accueil de jour pour personnes sans domicile fixe. La majorité des SDF ont un chien pour compagnon. Un des éducateurs confie : « L’animal est un prétexte qui va faciliter l’approche avec ce public-là. Grâce à ses activités, aux animaux et à ses interventions, elle a su créer du lien avec le public et ensuite, travailler en séance individuelle avec eux. Fatima a pu orienter certains vers d’autres acteurs sociaux, comme des psychologues. Elle a débloqué cette peur chez eux. »
La thérapie est établie en fonction des besoins des personnes suivies, avec les cadres de la structure qui les accompagnent. Des objectifs sont mis en place. Fatima Pôté observe : « L’animal est l’acteur de la séance. Juste par sa présence, il fait son travail. »
Quelle formation pour devenir zoothérapeute ?
Son premier poste la mène à l’institut Curie, à Paris. Le centre est spécialisé dans le traitement des personnes atteintes du cancer. Elle se souvient : « C’était très particulier. Nous avions beaucoup de personnes à accompagner du début de leur maladie, jusqu’à leur fin de vie. Il y avait beaucoup de soins, beaucoup de protocoles. Une heure dans une chambre d’hôpital, c’est long. Il faut sortir des murs de l’établissement sans faire de boulettes pour aider les patients. Souvent, la question qui revenait était : « Est-ce que vous avez un animal de compagnie ? « »
C’est par cette question qui peut paraître anodine que Fatima Pôté permettait aux malades de s’évader un peu. L’animal devenait un médiateur, un sujet de discussion. Quelques années plus tard, Fatima Pôté entame les démarches pour devenir zoothérapeute. Très connue au Canada, cette forme de thérapie émerge doucement en France. Fatima suit une formation à l’institut français de zoothérapie en 2015. Après trois mois de cours, elle est ressortie diplômée.
Cette formation n’est dispensée qu’aux personnes qui ont déjà un métier dans la santé ou dans le social.