Pour la CTC, la politique agricole du Pays ne porte toujours pas ses fruits

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Publié le 07/11/2017 à 7:24 - Mise à jour le 07/11/2017 à 7:24

Bien que le Pays se soit doté d’une « cadre programmatique 2011-2020  » en matière d’agriculture, celui-ci a connu des retards en raison de l’instabilité politique « qui a caractérisé la période et par la pluralité des objectifs poursuivis par le programme agricole 2011-2020, qui en font davantage un catalogue d’actions qu’une planification des priorités« .

« De manière générale, la programmation 2011-2020, tout comme les dispositifs d’aides, sont dépourvus de toute démarche évaluative « , regrette la CTC.

Les statistiques agricoles montrent « que la production, principalement tournée vers l’autosubsistance, s’avère en repli, alors que le niveau des importations est passé de 38 milliards de francs à 44,7 milliards entre 2010 et 2015 « .
 
Et si la « hausse des exportations entre 2014 et 2015 est portée par l’augmentation de la production de coprah », elle « masque le repli des productions qui ont traditionnellement soutenu les exportations agricoles, telles que la vanille ou le noni « , constatent les magistrats financiers.
 
La faute, entre autres, aux « handicaps structurels identifiés depuis les années 1990 : le manque de foncier disponible, la faible qualification des agriculteurs et le manque de modernisation des pratiques culturales« .
 
La CTC constate que faute de coordination, le « Pays n’a aucune connaissance de ses ressources foncières agricoles (…) alors que le programme foncier est présenté comme l’un des axes prioritaires de sa programmation pour 2011-2020 « .
 
Chaque année le Pays consacre environ 2,3 milliards de francs pour soutenir le secteur. Or, 71% de cette manne est consacré « au soutien des prix du coprah, dont l’objectif est exclusivement social puisqu’il s’agit de garantir des moyens de subsistance aux populations à faible revenu « .

« Si la Polynésie s’est engagée dans la formalisation de ses objectifs en matière de développement agricole, il lui faut désormais les outils indispensables à leur réalisation, dont le Pays apparaît aujourd’hui dépourvu « , conclut la juridiction.

Celle-ci émet comme à l’accoutumée diverses recommandations, des pistes pour changer la donne.
 
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Utilisation de pesticides : des « lacunes » chez les agriculteurs
 
 
La CTC consacre une partie de son rapport à « la maîtrise des pesticides  » dans l’agriculture polynésienne dont la réduction de leurs « nuisances sur la santé et l’environnement  » est l’un des objectifs que s’est fixé le Pays.
 
Elle constate néanmoins que celui-ci « a relevé des lacunes dans les méthodes employées par les agriculteurs « . « »La fiche ‘produits’ de la filière maraîchère avait ainsi relevé, en 2011, ‘des problèmes techniques notamment dus à la forte pression parasitaire en cultures légumières mais également au manque de technicité d’un grand nombre de producteurs qui conduit notamment certains d’entre eux à une utilisation intensive des engrais et pesticides chimiques avec les risques que cela comporte’ ».
 
En outre, si les résultats « des campagnes menées depuis 2013 (1 à 2 par an) sur les produits locaux se montrent très satisfaisants, avec des taux de conformité de plus de 97% « , ils « doivent être fortement nuancés par les modalités d’analyse « , tempère la chambre.
 
Car ces analyses « reposent sur le volontariat des agriculteurs, ce qui en limite singulièrement la portée » et celles « non-conformes ne donnent pas systématiquement lieu à de nouveaux prélèvements« .
 
Dans ses recommandations la CTC incite de ce fait le Pays « à mettre en œuvre une procédure de contrôle (…) conformément aux règles qu’il a édictées et à son objectif de répondre aux attentes du citoyen et du consommateur « .

Ce rapport devrait être bientôt présenté et débattu à l’Assemblée de la Polynésie française.
 
 

J-B. C.

 
 
 

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