Edouard Fritch à la COP 21 : « La submersion de nos îles est une violation de notre identité »

Publié le

Publié le 01/12/2015 à 12:16 - Mise à jour le 01/12/2015 à 12:16

« En l’espace de quelques semaines, Paris aura connu l’Humanité sous ce qu’elle peut offrir de pire et de meilleur », a d’emblée déclaré le président de la Polynésie française, faisant référence, tout à la fois, aux terribles attentats du 13 novembre dernier et aux travaux actuels de la COP 21.

Une COP 21 dont il veut croire qu’elle aboutisse dans dix jours à « un accord entre les puissants de cette Terre pour venir en aide aux plus vulnérables ».
Des vulnérables au premier rang desquels figurent les petits Etats du Pacifique sous la menace du réchauffement climatique. Revenant sur le thème de la conférence du jour, à savoir la perte d’intégrité de la zone maritime qui menace ces pays insulaires du Pacifique, Edouard Fritch a souligné que pour les Polynésiens, de toute la région, la diminution de la zone maritime due à une submersion des îles constituait « une violation de notre identité » tant leur histoire et leur culture sont liées à l’Océan.

Additionnées, les surfaces maritimes propres à chaque pays polynésien du Pacifique sud s’étendent sur 10 millions de km2, soit deux fois l’Europe. Une constatation qui a permis au président de la Polynésie française de souligner que ces petits territoires avaient tout de « grands pays océaniques ». Des pays dont les surfaces maritimes absorbent le CO2 des nations industrialisées quand eux-mêmes en produisent si peu. Une injustice criante.
Cette immense Océanie absorbe bien des émissions de gaz à effet de serre et produit de l’oxygène si nécessaire à l’humanité toute entière. Ces espaces maritimes méritent donc, plus que jamais d’être préservés, a martelé le président Fritch, qui a précisé que la Polynésie française bénéficiait déjà d’une reconnaissance internationale pour ses efforts en faveur de la protection de « ces trésors de la biodiversité » à l’image de la réserve de biosphère de Fakarava.

Il n’y a donc pas d’égalité face aux effets du réchauffement climatique. Et le président de la Polynésie française n’a pas hésité à déclarer « qu’au-delà des espaces, il y a des hommes des femmes et enfants, des cadres de vie, des cultures, des langues. C’est tout un patrimoine dont l’intégrité est aujourd’hui menacée ».

Pour autant, la Polynésie ne se pose pas en victime. Elle assume sa part de responsabilité. Coupable, malgré elle car ayant cédé à la civilisation moderne et étant devenue trop dépendante des  énergies fossiles, notamment pour les transports inter-îles. « La Polynésie est aussi coupable comme en atteste sa modeste performance au palmarès des émissions de gaz à effet de serre, 3, 4 tonnes par habitant à l’année. Le double des préconisations garantes d’un avenir climatique maîtrisé. Nous devons nous aussi, nous réveiller ! », a confié le chef de l’exécutif polynésien. Et pour cela il a préconisé que les émissions de gaz à effet de serre soient réduites de moitié.

Edouard Fritch a lancé un appel à la communauté internationale afin qu’elle prenne conscience que « la hausse du niveau marin, l’intensification des cyclones, le réchauffement sévissent de la même façon dans nos sept collectivités polynésiennes. Il y a une urgence climatique et ma demande est que, tous, nous puissions accéder au fonds vert pour le climat ».

En conclusion, le président de la Polynésie française a souhaité rappeler que « la COP 21 est un événement que je qualifierais d’altruisme intergénérationnel. C’est la première fois que les dirigeants de ce monde convergent tous vers une préoccupation partagée : le devenir de nos enfants ».

Il a aussi salué la présence d’une délégation de jeunes Polynésiens venue participer à la COY 11, la conférence des jeunes. Cette délégation lui a livré trois pistes de réflexions qu’il a jugé justes et appropriées : protéger la biodiversité, respecter la culture et promouvoir l’écocitoyenneté.
 

(Communiqué de presse)
 
Le discours du président Edouard Fritch :

Dernières news