A Pirae, gare aux « voisins vigilants »

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Publié le 17/07/2018 à 8:59 - Mise à jour le 17/07/2018 à 8:59

Malgré une délinquance en baisse, Pirae veut renforcer encore davantage sa sécurité. Pour cela, elle s’appuie sur le concours de ses administrés, en lançant le dispositif « voisins vigilants ». Un dispositif d’inspiration anglo-saxonne, pensé par la commune depuis déjà plusieurs mois et qui a fait l’objet d’un protocole signé fin 2017 par le tavana, le Haut-Commissaire et le représentant du procureur du tribunal de Papeete.

Dans cette commune, 80% des délits constatés en 2017 concernent des vols simples et cambriolages. Et c’est justement pour lutter contre ce type de délinquance que le dispositif a été lancé il y a quelques jours. Son objectif est double : D’une part, sensibiliser les habitants à la protection de leur propre environnement et d’autre part, les inviter à dénoncer tout comportement pouvant faire l’objet d’une intervention des forces de l’ordre.

> Prendre en considération les risques

Depuis le début de la semaine, les policiers municipaux effectuent donc des patrouilles intensives, pour rappeler à la population la réalité des risques de vols. Ils demandent notamment aux gens de verrouiller leurs maisons et leurs véhicules en leur absence. Des opérations menées dans les quartiers résidentiels mais aussi et surtout aux abords du site d’Aorai Tini Hau, qui accueille en ce moment les Championnats du monde de va’a et ses milliers d’athlètes, davantage préoccupés par leur performance que par la sécurité de leurs biens.

> Dénoncer à la police les actes « suspects »

Pourtant, les athlètes et les spectateurs de ce Championnat ont eux aussi leur rôle à jouer, et c’est bien là l’essence du dispositif « Voisins vigilants » : mettre toute la population à contribution.

Des référents, choisis pour leur volontariat et leur disponibilité, ont donc été désignés au sein des quartiers. Lors de réunions mensuelles avec la police, ils seront chargés de porter à la connaissance des forces de l’ordre « toute information susceptible de les intéresser ». Chaque habitant du quartier est invité à contacter ces référents s’il est témoin « d’un événement suspect ou de nature à troubler la sécurité des gens et des biens. »

Ce dispositif ne concerne pas uniquement la sécurité mais aussi les incivilités. « A Pirae il y a une vingtaine de mutoi pour 15 000 habitants, il n’est pas possible de mettre un agent derrière chaque incivilité« , explique Abel Temarii, adjoint au maire. « Derrière moi, vous voyez, il y a des tas d’ordures (déchets verts et sacs poubelles entreposés en bord de route NDLR). C’est inadmissible pour une commune qui accueille les Championnats du monde« .

Au travers de ce « réseau de solidarité », la commune annonce qu’elle souhaite renforcer son action de proximité. Mais un tel dispositif peut susciter des interrogations. En 2011, lors de la mise en place d’un procédé similaire en métropole par Claude Guéant (alors ministre de l’Intérieur), certains défenseurs des libertés individuelles s’étaient inquiétés de cette incitation à la dénonciation, qui pourrait encourager quelques félons à faire peser des soupçons sur d’innocentes personnes.

Mais, pour l’instant, aucun vent d’indignation ne s’est fait sentir à Pirae, où la surveillance des personnes sera encore accrue dans quelques mois, avec l’installation d’une trentaine de caméras de vidéo-surveillance.

Rédaction web avec Naea Bennett

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