Le gouvernement dit être engagé sur la voie de la réforme, mais que les intérêts politiciens prévalent sur l’intérêt général pour bloquer toute réforme. Le ministre des transports intérieurs, Albert Solia, annonçait ce mardi matin : « Ce texte a été rédigé dans l’intérêt de notre population et non pour satisfaire les intérêts privés de quelques-uns. Ce texte a également été rédigé pour préparer l’avenir des transports interinsulaires, pour améliorer la situation existante et permettre un meilleur développement de nos archipels. Nous vous avons présenté ce texte, ainsi que tous les détails du schéma directeur des transports interinsulaires, et je tiens à ce que votre assemblée n’oublie pas l’essentiel : la satisfaction de l’intérêt général par un meilleur transport à un coût acceptable. »
Selon le gouvernement, le texte présenté a fait l’objet d’une large concertation depuis le mois de mars. Le CESC aurait donné un avis favorable, notamment avec la voix d’Ethode Rey, président du syndicat des armateurs. Les élus de l’Assemblée auraient aussi adopté à l’unanimité, avec les voix favorables du Tahoeraa Huiraatira, le projet de schéma directeur lors d’un comité de pilotage. Et ce texte aurait fait l’objet de plusieurs réunions au sein de la commission en charge du transport de l’assemblée.
Le Président de la Confédération des armateurs polynésiens, Ethode Rey, dément les déclarations du gouvernement : « Il ne faut pas qu’il raconte n’importe quoi. Il n’y a jamais eu de réunions officielles, sauf celle du comité consultatif qui s’est déroulée le 25 août dernier et au cours de laquelle l’ensemble des armateurs a dit non à ce texte. »
De leur côté les armateurs se disent soulagés. 56% de la desserte maritime est subventionnée par le pays. Le texte prévoit que les licences soient délivrées pour une durée déterminée. Les documents incluent aussi des obligations de service public.
À la demande des élus Tahoeraa Huiraatira et UPLD, le gouvernement avait déjà accepté de reporter l’examen de ce dossier alors qu’il était inscrit à l’ordre du jour de la séance extraordinaire du 25 août 2015. Ce report devait permettre aux représentants de l’Assemblée de se concerter à nouveau au sein de la commission des transports.
Sandra Levy-Agami, représentante Tahoeraa Huiraatira à l’assemblée, affirme que « d’un autre côté, les armateurs, qui sont également concernés par ce texte, ont procédé à des investissements et n‘ont pas la garantie que leur licence et leur ligne soient maintenues après l’adoption de ce texte. … Ce n’est pas du tout ce texte-là qui avait été vu ni par le conseil, ni par le CESC, qui est arrivé chez nous. Le texte a été de façon substantielle modifié. »
Dans ces échanges, le gouvernement déclare s’élever contre la prise en otage des populations isolées et qui attendent des élus qu’ils fassent passer l’intérêt général avant les manœuvres politiciennes au service d’intérêts particuliers.
Ce texte reste aussi attendu par la compagnie Air Tahiti, elle permettra d’accélérer sa demande d’aide de défiscalisation métropolitaine. La compagnie attend le vote du schéma directeur pour défiscaliser deux ATR. Sa flotte dont la moyenne d’âge est de plus de 30 ans, doit être renouvelée.
La commission législative compte accélérer ses travaux. Le texte sera revu avec la participation du gouvernement et des transporteurs aériens et maritimes. Le projet de loi sera examiné à l’occasion d’une prochaine session extraordinaire.
Interview du Président de la Confédération des armateurs polynésiens, Ethode Rey
Interview du ministre des transports intérieurs, Albert Solia
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Interview de Sandra Levy Agami, représentante Tahoeraa Huiraatira à l’assemblée