« Nous sommes déçus par les annonces faites par le président de la Polynésie française vendredi », lance Joëlle Frébault, maire de Hiva Oa, dans une vidéo.
La Communauté de communes des iles Marquises (Codim) reconnait que les annonces du gouvernement pour la protection du domaine maritime polynésien constituent une « avancée pour la protection de la biodiversité marine ». En revanche, les hakaiki déplorent dans un communiqué, « l’absence des Marquises dans les annonces officielles du président ». « Malgré l’engagement pris de valider le projet Te Tai Nui avant juin 2026, aucune mesure concrète n’a été actée pour l’archipel », regrettent ils.
La semaine dernière, le gouvernement a annoncé « la création prochaine de zones de pêche réglementées autour des îles des Marquises » et appelé à « un dialogue continu, en particulier », dans cet archipel. Par ailleurs, Emmanuel Macron a déclaré que l’État donnerait les moyens à la Polynésie de surveiller la zone autour des Marquises.
Le mécontentement des hakaiki concerne plusieurs points. Ils estiment que les 15 miles dédiés à la pêche artisanale ne respectent « ni les demandes de la population, ni les spécificités des Marquises. Ce périmètre ne couvre, à pripori, ni les hauts-fonds ni l’espace entre les iles, laissant le champ libre aux palangriers de pêcher entre elles ».
– PUBLICITE –
« Nous ne sentons pas ni écoutés ni respectés par le gouvernement, s’insurge Joseph Kaiha dans la vidéo accompagnant le communiqué. (…) Nous constatons que ce sont toujours les intérêts des armateurs de thoniers qui sont privilégiés »
La Codim regrette également qu’aucune « zone de protection forte » n’ait été prévue aux Marquises, « alors qu’elles existent ailleurs ».
Les hakaiki estiment qu’en matière de pêche artisanale, « la limite de 12m pour les navires ne précise nu les techniques de pêche autorisées ni les garanties contre la pêche industrielle déguisée. Les hakaiki demandent que cette zone soit strictement réservée aux pirogues, poti marara et bonitiers utilisant des lignes ou palangres verticales ».
Ils regrettent enfin de ne pas avoir été conviés au conseil des ministres extraordinaire qui s’est tenu entre Papeete et Nice où se déroule la Conférence des Nations Unies sur les Océans (Unoc), en présence de représentants d’associations environnementales et de pêcheurs.
La Codim demande une aire de pêche artisanale élargie jusqu’à 30 miles nautiques autour de l’archipel, mais aussi des « règles strictes adaptées aux pratiques locales » et une « zone de protection forte de plus de 310 000 km2 au sud et à l’est de l’archipel, sanctuarisée contre toute activité extractive ».

La levée de boucliers résonne jusqu’à Tahiti. Après 10 années de concertations, certains membres du collectif des citoyens marquisiens passent aujourd’hui à des actions radicales pour se faire entendre. L’anthropologue Edgar Tetahiotupa a annoncé ce lundi avoir entamé une grève de la faim » jusqu’à ce que la décision du gouvernement revienne sur les 30 nautiques ».
« La problématique de passer de 30 à 15, c’est que ça ouvre la voie aux Thoniers de pouvoir pêcher entre chacune des îles, explique Joseph Kaiha, maire de Ua Pou. C’est-à-dire, entre Nuku Hiva et Ua Pou, ils peuvent lâcher une longue ligne. Ce n’est pas le but. C’est pour ça qu’on a trouvé un consensus avec les maires pour que ce soit 30 nautiques, pour que chacune des îles, et entre les îles, on soit préservé des pêches hauturières, en tout cas des pêches de thoniers ».
Le collectif attend le retour des Hakaiki pour les suites des actions à mener.