Sixième soirée du Heiva – Tahiti ia Ruru-tu noa dans la cour des grands

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Publié le 15/07/2017 à 2:20 - Mise à jour le 15/07/2017 à 2:20

Après la cinquième soirée vendredi, les soirées de concours se sont achevées ce samedi. A TNTV, nous avions eu un coup de coeur pour Tamariki Poerani  chez les professionnels, et pour Heihere  et Pupu tamarii Papara oire  chez les amateurs. Sans présumer de la décision du jury, la dernière soirée rebat les cartes. Et ajoute du suspense dans la compétition. Car le spectacle a été grandiose.

La soirée promettait d’être longue : quatre groupes de chant et deux groupes de danse programmés. Des groupes qui ont attiré du monde, puisque la soirée était à guichets fermés, au contraire de la veille où les tribunes latérales étaient presque désertées. 

Ce qui a fait venir les amateurs de ‘Ori Tahiti, c’est bien sûr Tahiti ia Ruru-tu noa. Le groupe d’Olivier Lenoir avait survolé le Hura ava tau l’an dernier, il était donc très attendu chez les professionnels. Et il n’a pas déçu.
 

Quelques instants, To’ata doute : le groupe, vêtu de rouge, entre en scène, et ne semble pas bien nombreux. Mais soudain, ils sont autant de danseurs à déferler des tribunes, vêtus de jaune. Les rouges contre les jaunes : ce n’est pas l’île de Koh-Lanta, mais bien celle de Rurutu, où va se jouer une guerre sans merci. Les rouges crient famine et demandent aux jaunes de les accueillir sur leurs terres. Ils acceptent, mais les asservissent et les méprisent. La guerre éclate, et après la bataille, les chefs s’accordent enfin : ils ne se battront plus qu’au travers de la danse.

Olivier Lenoir est partout : chef de groupe, chorégraphe et orero, il transmet son énergie à ses danseurs. Et peut compter sur le couple le plus glamour du Ori Tahiti : il y a quelques jours, le Mister Tahiti 2008 Rainui Teriirere faisait le buzz sur notre page facebook, en demandant en mariage la sublime Onaku Ellis (dont nous vous proposions le portrait il y a un an) devant toute sa troupe. Samedi, ils se sont tous les deux présentés dans le concours de danse individuelle. Et comme l’ensemble de leur groupe, ils ont séduit To’ata.
 

Deux heures plus tôt, To’ata avait vibré sous les pas d’une troupe plus que prometteuse : Nunaa e hau. Elle n’a que six mois, mais elle est portée par le texte et la voix de John Mairai. Son thème est à la fois poétique, philosophique et politique. Le « Poisson Tahiti » se libère du joug de Raiatea, et nage vers le soleil levant. Mais les Dieux le punissent de cette liberté, font couper ses tendons et l’immobilisent. L’auteur y voit un message caché : Tahiti, nageant vers la lumière, mais immobilisée par le poids de l’Histoire, lorsqu’elle perd sa liberté en 1842. Marchera-t-elle de nouveau vers la lumière, et vers sa liberté ? 
 

Parole politique, souverainiste même, mais aussi grand spectacle. Peut-être quelques hésitations dans le placement, au tout début. Mais une fois la machine lancée, elle ne s’arrête plus. Des costumes d’une grande délicatesse, des solistes particulièrement inventifs, et une Orero, Heia Parau, qui prend aux tripes. Une vraie réussite.
 

Mike Leyral

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