L’Union européenne travaille de « bonne foi » pour obtenir un accord commercial avec les États-Unis fondé sur le « respect » et non sur les « menaces » , a rétorqué le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic.
L’UE est « pleinement engagée et déterminée à obtenir un accord qui fonctionne pour les deux parties » , a-t-il ajouté.
Un appel au calme face aux attaques du président américain plus tôt vendredi, qui a affirmé qu’il ne « cherchait pas d’accord » commercial avec son partenaire outre-Atlantique.
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« Nous avons établi les termes de l’accord. C’est 50% » de droits de douane, a asséné Donald Trump dans le Bureau ovale, quelques heures après l’annonce de cette taxe XXL sur sa plateforme Truth Social.
Le républicain répète à l’envi que l’UE a été « créée pour faire du mal aux États-Unis« .
« Il est temps de jouer à ce jeu de la manière dont je sais y jouer » , a dit le milliardaire républicain, dont la politique protectionniste est basée sur des menaces tonitruantes souvent suivies de volte-face partielles, tout aussi retentissantes.
Made in USA
La Bourse de New York ne s’est pas affolée vendredi, contrairement aux marchés européens. Accusant le coup, Paris a clôturé à -1,65% et Francfort à -1,54%.
Donald Trump, dans un autre message sur Truth Social, a ciblé Apple (dont le titre perdait 2,76% à 195,81 dollars). Il a menacé le géant de l’électronique de lui infliger « au moins 25% » de surtaxe s’il ne fabrique pas ses iPhone aux États-Unis.
« L’iPhone, s’ils veulent le vendre aux États-Unis, je veux qu’il soit fabriqué aux États-Unis, ils en sont capables » , a asséné le président américain.
Ces menaces concernent aussi le géant sud-coréen Samsung et les autres fabricants de smartphones.
Un projet qui « n’est pas réaliste » , a jugé l’analyste de Wedbush Daniel Ives, pour qui « il faudrait cinq à dix ans pour rapatrier la production » . Et dans ce cas il faudrait s’attendre à une flambée des prix.
Le patron d’Apple Tim Cook avait déclaré début mai s’attendre à ce que « la majorité des iPhone vendus aux États-Unis » pendant le trimestre en cours proviennent d’Inde, et non plus de Chine.
Plusieurs pays ont condamné ces nouvelles menaces, qui « n’aident en rien » selon le ministre délégué au Commerce extérieur français.
Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a jugé que ce nouvel accès de fièvre douanière « ne faisait que nuire à l’économie des deux marchés » .
« Très optimiste »
Les États-Unis exportent notamment vers l’UE des logiciels et des services de communications, là où l’Europe leur vend surtout des automobiles, des machines-outils et des équipements de transport.
Donald Trump s’en prend régulièrement à l’Europe depuis son retour à la Maison Blanche, l’estimant « pire que la Chine » dans les relations commerciales.
Les États-Unis évaluent leur déficit avec l’UE pour les biens à 235 milliards de dollars en 2024, mais la Commission européenne pointe que l’excédent américain en termes de services ramène le déficit commercial à 50 milliards d’euros (environ 57 milliards de dollars).
Dans plusieurs notes, des analystes ont décrit l’annonce du président américain comme une « tactique de négociation » .
« Elle intervient alors que les négociations avec l’UE ont débuté mais semblent difficiles, les premiers éléments semblant montrer un mécontentement des Etats-Unis car l’Europe ne propose qu’une baisse mutuelle, et non unilatérale, des droits de douane et rien sur la taxation numérique » , a ainsi pointé Capital Economics.
Les droits de douane appliqués par les Etats-Unis aux produits européens s’élèvent actuellement à 12,5% en moyenne, 2,5% correspondant au niveau avant le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier et 10% aux surtaxes annoncées début avril.