Le message de la France, qui veut faire de cette tournée de six jours du président un moment diplomatique important, est brouillé par cette polémique.
Les images tournées sur le tarmac d’Hanoï par l’agence américaine Associated Press montrent la silhouette d’Emmanuel Macron qui apparaît, encore à l’intérieur de l’avion, dimanche soir.
À ce moment-là, les deux bras de Brigitte Macron surgissent, sans qu’on puisse la voir en entier, et elle porte vivement les deux mains au visage du président dans ce qui peut ressembler à un petit coup. Le chef de l’État semble surpris, a un mouvement de recul, mais se tourne rapidement pour faire un salut vers l’extérieur.
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Le couple présidentiel s’engage ensuite sur l’escalier, Emmanuel Macron tend son bras à son épouse comme il en a l’habitude, mais elle ne le saisit pas.
L’image a circulé rapidement durant la nuit, notamment sur plusieurs comptes habituellement hostiles à Emmanuel Macron, avec nombre de commentaires sur de présumées tensions dans le couple.
« Une espèce de catastrophe géoplanétaire »

En fin de journée à Hanoï, Emmanuel Macron a répondu lui-même aux questions des journalistes, pour justifier les images et contre-attaquer les « maboules » et les « fadas ».
Sur la vidéo, « nous sommes en train de nous chamailler et plutôt de plaisanter avec mon épouse et je suis surpris par cela ». Et cela « devient une espèce de catastrophe géoplanétaire où certains sont en train même d’avoir des théories », a déploré le chef de l’État, après un long regard silencieux accompagné d’un sourire ironique.
Il a tenté d’établir un parallèle avec d’autres images virales, et l’interprétation qui en a été faite, qui ont circulé ces dernières semaines, notamment celle dans le train pour l’Ukraine avec les dirigeants britannique et allemand. L’Élysée avait dû démentir sur les réseaux sociaux les commentaires qui les accusaient de consommer de la drogue.
« Depuis trois semaines (…), il y a des gens qui ont regardé des vidéos et qui pensent que j’ai partagé un sac de cocaïne, que j’ai fait un mano a mano avec un président turc et que, maintenant, je suis en train d’avoir une scène de ménage avec ma femme », a ironisé Emmanuel Macron.
« Rien de tout ça n’est vrai. Pourtant, ces trois vidéos sont vraies, donc il faut que tout le monde se calme et surtout s’intéresse au fond de l’actualité », a-t-il martelé.
Possible intervention de l’IA
Il a attribué ces instrumentalisations à « des réseaux qui sont assez tracés », pointant du doigt nommément « les Russes » et « les extrêmes en France ».
En Russie, ces images ont été diffusées lundi à de multiples reprises sur les chaînes d’information de la télévision publique, a constaté l’AFP.
La diplomatie russe s’est moquée des accusations du président français : « Ce qui est intéressant, ce n’est pas ça (ces images à Hanoï, NDLR) mais ce que va imaginer cette fois le palais de l’Élysée pour couvrir ce nouvel ‘Emmanuel-gate' », a réagi la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
La communication de l’Élysée sur ce sujet a évolué au fil des heures, avant l’intervention du président.
La présidence a d’abord démenti lundi au réveil la véracité des images, évoquant la possible intervention de l’intelligence artificielle, avant qu’elles ne soient authentifiées.
Un proche du président a ensuite parlé d’une banale « chamaillerie » de couple.
« C’était un moment où le président et son épouse décompressaient une ultime fois avant le début du voyage en chahutant », a finalement commenté plus officiellement l’entourage d’Emmanuel Macron auprès des journalistes qui suivent la tournée.
Des affirmations que le député du Rassemblement national (extrême droite) Jean-Philippe Tanguy a qualifiées de « mensonges pavloviens dignes des républiques bananières ». « Face au moindre problème, la Macronie accuse ‘l’intelligence artificielle’ et ‘les services russes’, avant de justifier l’injustifiable », s’est-il indigné sur X.