Nouvelle-Calédonie : vive tension et mission difficile pour le retour à l’ordre

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La tension reste vive samedi en Nouvelle-Calédonie, où la mission de "rétablir l'ordre dans les jours à venir" fixée par le président Emmanuel Macron se heurte à beaucoup de difficultés.

Publié le 24/05/2024 à 15:25 - Mise à jour le 24/05/2024 à 15:25

La tension reste vive samedi en Nouvelle-Calédonie, où la mission de "rétablir l'ordre dans les jours à venir" fixée par le président Emmanuel Macron se heurte à beaucoup de difficultés.

Le bilan des violences est passé vendredi à sept morts, le septième étant un homme de 48 ans dont l’identité n’a pas été communiquée, tué par un policier.

Au surlendemain de la visite d’une journée du chef de l’État, les opposants à la réforme électorale qui a provoqué les émeutes à partir du 13 mai restent déterminés à obtenir son retrait définitif.

M. Macron s’était félicité jeudi de la retenue des forces de l’ordre. Il soulignait devant des journalistes calédoniens que « nos gendarmes et nos policiers n’ont tué personne ».

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Dès le lendemain après-midi, les faits l’ont démenti. Un policier, « pris à partie physiquement par un groupe d’une quinzaine d’individus », a tiré un « coup de feu pour s’extraire » et tué un homme à Dumbéa à côté de Nouméa, selon le récit du procureur de la République, Yves Dupas.

Ce policier, qui présente des « traces de coups sur le visage » tout comme un collègue qui l’accompagnait, a été placé en garde à vue, a ajouté le procureur.

– « Extrêmement fragile » –

Avant cet homicide dont les circonstances restent à éclaircir, deux gendarmes, dont un touché par un tir accidentel, trois Kanak (autochtones) et un Caldoche (Calédonien d’origine européenne) avaient été tués.

Des images de la télévision publique Nouvelle-Calédonie La 1ère montraient le départ samedi matin du cercueil d’un indépendantiste de 19 ans, tué à Nouméa le 15 mai, en bateau vers l’île de Maré dont il était originaire.

Dans les secteurs et quartiers où les indépendantistes hostiles à la réforme électorale sont les plus nombreux et les mieux organisés, reprendre le contrôle des axes de communication et faire cesser les actes de destruction, principalement la nuit, va être un travail très long et complexe.

« C’est bien l’ordre qu’il faut rétablir, et rétablir vite, avant que la situation ne dégénère encore », a affirmé vendredi le Premier ministre Gabriel Attal, lors d’une cérémonie d’hommage aux deux gendarmes tués, près de Paris.

« La situation aujourd’hui reste extrêmement fragile en Nouvelle-Calédonie, un rien peut la faire vaciller », a-t-il ajouté. Il a dit vouloir « protéger encore et toujours les Calédoniennes et Calédoniens, premières victimes de ces émeutes ».

La nuit a été encore agitée dans plusieurs quartiers de Nouméa et alentour.

Dans le quartier de Kaméré, des maisons ont été touchées par des incendies et/ou pillées dans la nuit de vendredi à samedi. Une mère de famille a raconté à l’AFP avoir été sortie de là via l’océan par le GIGN, avec « plusieurs dizaines de personnes du quartier ».

« On a su par les gens du quartier que notre maison avait été pillée dans la nuit comme d’autres. C’est horrible, très choquant », a-t-elle raconté en pleurs au téléphone.

Dans un des quartiers défavorisés de Nouméa, la Vallée du Tir, des pneus brûlaient encore samedi matin devant une voiture calcinée, a constaté une journaliste de l’AFP.

– « On maintient la résistance » –

« On maintient la résistance dans nos quartiers », a lancé vendredi Christian Tein, le chef de file de la CCAT, collectif indépendantiste qui organise la contestation, lors d’une conférence de presse.

Dénonçant « la forte répression (…) que notre population est en train de subir », M. Tein n’a pas répondu au souhait de M. Macron, qui demandait la veille « un appel clair » à cesser les barrages. 

Il a dit vouloir « desserrer un peu l’étau de manière à ce que le carburant (…) et surtout les médicaments » puissent être transportés sans entraves sur l’archipel. « C’est notre priorité », a-t-il assuré.

L’état d’urgence instauré le 16 mai prévaut toujours, avec les mesures qui l’accompagnent : couvre-feu de 12 heures quotidiennes, interdiction de rassemblement, de transports d’armes et de vente d’alcool, bannissement de l’application TikTok.

Le président de la République souhaite pouvoir lever cet état d’urgence grâce à un « apaisement » qui viendrait de négociations sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.

Il a donné jusqu’à fin juin aux élus et responsables politiques de l’archipel, aidés par une « mission de médiation » de trois hauts fonctionnaires dépêchés depuis Paris. L’objectif du président est « un accord global » qui « puisse être soumis au vote des Calédoniens ».

La visite de M. Macron a cristallisé les positions des uns et des autres sur la question de l’élargissement du corps électoral lors des élections provinciales.

« On lui a dit qu’aujourd’hui, ce sujet-là doit être reposé sur la table », a rapporté M. Tein vendredi, pour faire comprendre que les indépendantistes radicaux refusaient toujours la réforme constitutionnelle votée par le Sénat puis l’Assemblée nationale.

Celle-ci doit encore être entérinée par le Parlement réuni en Congrès, à une date qui n’est pas arrêtée.

Sonia Backès, élue à la tête de la droite « loyaliste », a salué à l’inverse la possibilité laissée par M. Macron de mener à terme la réforme si un dialogue « de bonne foi » ne s’enclenche pas. « Ce qui était important, c’est : pas de report, pas de suspension, pas d’abandon de cette réforme », déclarait-elle vendredi à la radio RRB.

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