Le parlement de Hong Kong occupé plusieurs heures par des manifestants

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Publié le 01/07/2019 à 13:18 - Mise à jour le 02/07/2019 à 18:41

Dans la nuit de lundi à mardi, la police anti-émeute a finalement repris le contrôle du parlement local. Les contestataires avaient pris la fuite quand, juste après minuit, les policiers – équipés de casques, matraques et boucliers – ont chargé et tiré des gaz lacrymogènes aux abords du bâtiment, après des avertissements à la foule.

La cheffe du gouvernement de Hong Kong, Carrie Lam, qui bat des records d’impopularité, a condamné l’invasion « extrêmement violente » du parlement. Evoquant des événements « bouleversants et choquants », elle a dit espérer que la société « revienne à la normale aussi vite que possible ».

Avec ces scènes de violence, la crise n’en finit pas de s’approfondir. La contestation a éclaté en réaction à un projet de loi du gouvernement visant à autoriser les extraditions en Chine continentale.

Quelques heures plus tôt, lundi soir, des dizaines de manifestants hostiles au gouvernement pro-Pékin, casqués et masqués, avaient réussi à envahir l’hémicycle du Conseil législatif (LegCo), le parlement hongkongais, après avoir forcé un barrage de police.
Chariot en fer rempli d’objets divers, barres métalliques, pinces gigantesques, les manifestants ont fait feu de tout bois pour abattre les portes vitrées du bâtiment, pour finir après six heures de coups de boutoir par faire irruption dans l’hémicycle.

> « Tyrannie »

Là, les manifestants ont déployé le drapeau de l’époque coloniale britannique à la tribune du parlement. Ils ont arraché les portraits des dirigeants de la mégapole et saccagé l’immeuble, maculant les murs de graffiti en un geste de défiance sans précédent à l’égard du gouvernement local et de Pékin.
« Il n’y a pas d’émeutiers violents, juste de la tyrannie », pouvait-on lire sur une banderole.

Les forces de l’ordre se trouvant à l’intérieur avaient auparavant fait usage de gaz poivre pour les repousser, avant de se replier sous la pression de la foule.

Cet assaut du parlement rompt avec le caractère jusque-là largement pacifique des manifestations déclenchées par le projet de loi sur les extraditions. 
Le texte, désormais suspendu mais pas enterré, a précipité des foules immenses dans les rues, jusqu’à deux millions le 16 juin selon les organisateurs, sur une population totale de 7 millions d’habitants. 

Lundi après-midi, un vaste cortège de dizaines de milliers de manifestants s’était déployé dans le centre-ville pour marquer la date anniversaire de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine en 1997.

Auparavant, de petits groupes de contestataires s’étaient emparés de trois grandes artères du coeur de Hong Kong et avaient entravé la circulation avec des barrières de plastique et de métal.

Peu avant la traditionnelle cérémonie de lever des drapeaux chinois et hongkongais qui marque l’anniversaire de la rétrocession, des contestataires ont été chargés par les policiers. 

> « Quoi qu’il arrive » 

Le Royaume-Uni a exprimé lundi son soutien « indéfectible » aux libertés à Hong Kong. Les manifestants « sont en quête de démocratie », a jugé le président américain Donald Trump, tandis que le département d’Etat appelait « l’ensemble des parties à s’abstenir de toute violence ».

Aux termes de l’accord de rétrocession, l’île bénéficie de libertés inconnues dans le reste de la Chine communiste, en théorie jusqu’en 2047, en vertu du principe « un pays, deux systèmes ».

Mais les Hongkongais s’inquiètent d’une érosion de leurs libertés par Pékin. Le mouvement de protestation s’est élargi à une dénonciation généralisée de l’action d’un gouvernement auquel ils ne font plus confiance.

A chaque anniversaire du retour de Hong Kong dans le giron chinois, les démocrates organisent une manifestation pour mettre en avant leurs exigences, dont l’élection du chef de l’exécutif au suffrage universel.

Ces dernières années, les foules ont été immenses. En 2014, l’élan pour la démocratie avait donné lieu à un vaste mouvement d’occupation, la « révolte des parapluies ». Mais sans arracher la moindre concession à Pékin.
Les manifestants, qui appellent à la fin des violences policières, exigent aussi la démission de la cheffe du gouvernement Carrie Lam ainsi que la fin des poursuites contre les protestataires arrêtés ces dernières semaines.

Les militants, pour la plupart des jeunes étudiants, se sont juré de continuer leur campagne de désobéissance civile.
« Quoi qu’il arrive, on ne perdra pas courage, c’est pour cela qu’on sera toujours dans la rue« , déclare Jason Chan, comptable de 22 ans.

Dimanche, des dizaines de milliers de partisans du gouvernement avaient manifesté pour soutenir la police, illustration des profonds clivages qui traversent la société hongkongaise.

AFP

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