Les autorités australienne « ont violé leurs droits (des autochtones) à profiter de leur culture et à échapper à des interférences arbitraires dans leur vie privée, leur famille et leur domicile », soulignent les experts, qui ne s’expriment pas au nom de l’ONU, dans leur décision rendue vendredi à Genève.
Bien que non contraignantes, les décisions du Comité ont un écho important et forcent souvent les États à agir pour protéger leur réputation. « Le Comité a ouvert une voie pour que des individus puissent faire valoir leurs droits » quand « des systèmes nationaux ont omis de prendre des mesures appropriées pour protéger les plus vulnérables des effets négatifs du changement climatique », explique une membre du panel, Hélène Tigroudja, citée dans un communiqué.
Le Comité avait été saisi en 2019 d’une plainte inédite par 14 autochtones -huit citoyens australiens et six de leurs enfants- habitant les îles de Boigu, Poruma, Warraber et Masig, dans le détroit de Torrès qui sépare le Nord de l’Australie de la Papouasie Nouvelle Guinée. Les plaignants reprochaient à l’Australie de ne pas avoir établi des digues assez élevées et de ne pas avoir réduit les émissions de gaz à effet de serre, bien que leurs îles soient parmi les plus menacées au monde par la montée des eaux, provoquée par le réchauffement causé par les gaz à effet de serre.
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De l’aveu même de la Torres Strait Regional Authority (TSRA), une agence gouvernementale, « même une faible hausse du niveau de la mer à cause du changement climatique aura un impact immense sur les communautés du détroit de Torrès, menaçant potentiellement leur viabilité » et une hausse plus importante risque d’« inonder complètement et de rendre inhabitables » un certain nombre d’îles de la région.
Les plaignants estiment que « l’État n’a pas pris les mesures adéquates » pour protéger ces populations, qui risquent de devoir quitter leurs îles, ce que les autorités australiennes contestent.
Le Comité conclut que les autorités australiennes n’en ont pas fait assez. « Les États qui ne protègent pas les individus relevant de leur juridiction des effets négatifs du changement climatique pourraient violer leurs droits au regard du droit international sur les droits humains », a souligné Mme Tigroudja.
Le Comité a demandé à l’Australie de dédommager les habitants des îles pour « les préjudices déjà subits, de lancer des consultations sérieuses pour déterminer leurs besoins et prendre des mesures pour sécuriser l’existence sur leurs îles respectives ».