Tournant le dos à l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) compétente en la matière, l’entreprise canadienne TMC a créé la surprise en sollicitant auprès de Washington, via sa filiale américaine, le premier permis d’extraction minière commerciale dans les eaux internationales, pour récolter dans le Pacifique des nodules polymétalliques riches en métaux nécessaires pour la transition énergétique. TMC attend une réponse fin juin.
« Nous n’avons pas formellement informé les marchés de quand nous pourrons voir la première production mais je pense que ce sera plus tôt que ce que les gens attendent. Si vous aviez évoqué 2027, j’aurais dit ‘j’espère’ » , a déclaré le PDG de TMC Gerard Barron à l’AFP, ce jeudi. L’entreprise espère atteindre une production de 12 millions de tonnes de nodules par an d’ici 2030-2031. Pour Barron, il n’est « pas important » d’être les premiers à miner. « Mais c’est un fait que nous le serons (…) Aucun doute » , a-t-il ajouté.
Ce jeudi, il a assuré détenir le premier navire de production, le Hidden Gems (de l’entreprise All Seas, ndlr), et avoir finalisé le processus de transformation des nodules en produits intermédiaires de nickel, cuivre, cobalt et manganèse.
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Tacle aux opposants et à l’AIFM
« Ceux qui s’opposent à nous sont à peu près les mêmes que ceux qui se sont opposés à l’énergie nucléaire. (…) Ils ont dramatisé les impacts potentiels, menti sur les faits, et on a fini par brûler plein d’énergies fossiles, contribuant aux émissions de gaz à effet de serre. Ca n’avait pas à se produire et maintenant le monde prend conscience qu’on a besoin de l’énergie nucléaire. Alors honte à ceux qui ont créé cette situation. Et je pense que ce sera pareil pour les métaux des océans » , lance le PDG.
La France, elle, adopte une position prudente. Un rapport scientifique de l’IPOS (International Platform for Ocean Sustainability) commandé par Emmanuel Macron, publié fin mars, recommande un moratoire de 10 à 15 ans sur l’exploitation minière des grands fonds.
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Gerard Barron n’envisage pas de se tourner vers l’AIFM, empêtrée dans le bourbier de l’adoption du nouveau Code minier international, qui s’est selon lui « laissé dépasser par les militants » , et dont les États-Unis ne font pas partie, au contraire de la Chine.
« Il y a plusieurs façons de contrecarrer le processus si vous êtes Greenpeace. L’une est de convaincre des pays de signer des moratoires (…). Un autre moyen est de pousser des pays à faire le travail pour vous en empêchant une formulation du code minier qui le rendrait opérationnel » , dénonce-t-il.
« Si on dépendait d’un code minier de Nauru, on n’aurait pas beaucoup d’amis, mais les États-Unis d’Amérique sont le partenaire commercial le plus important pour de nombreux pays dans le monde donc je pense que la réalité commerciale l’emportera » , a-t-il conclu.