Vidéo – Ravages de l’ice : les témoignages d’ex-trafiquants et consommateurs

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Publié le 30/01/2019 à 8:58 - Mise à jour le 30/01/2019 à 8:58

« On m’installait, on me ravitaillait, je vendais et je ramenais leur argent (…) Je savais que j’avais mon petit paquet d’ice. » Pour préserver son anonymat, nous l’appellerons Marie. Lorsque cette mère de 4 enfants et déjà consommatrice de Pakalolo s’essaye à l’Ice, c’est toute sa famille qu’elle délaisse pour vivre en toute liberté et sans état d’âme son rôle de trafiquante et de consommatrice. Un environnement délétère qui pousse parfois à l’extrême. « C’était : « tu ne peux pas avoir des relations avec machin ? » Non, moi ça ne se passait pas comme ça (…) Il y a eu des jeunes filles… certaines ont dit oui parce qu’elles avaient besoin d’argent et besoin du paquet ».

>>> Lire aussi : Que faire pour lutter contre le trafic d’ice en Polynésie ? 

Un milieu que Marie a côtoyé durant de nombreuses années sans être inquiétée par la justice. Mais aujourd’hui pas une semaine ne passe, sans qu’une affaire de stupéfiant, surtout d’Ice, ne soit instruite. Un père, une mère, un fils ou un frère à la recherche d’une source de revenus facile et de sensations fortes. Un appât du gain qui se révélera finalement être un traquenard. « Je connais beaucoup de gens qui ont essayé de se lancer dedans et puis qui ne s’en sortent pas. Moi même j’ai essayé et sans faire d’humour, j’ai été mon meilleur acheteur. Donc à chaque fois, je n’ai jamais rien gagné dedans. Au contraire, je me suis endetté », raconte un homme. 

> Un syndrome de persécution, des hallucinations…

Fabriqué à partir de composés hautement nocifs tel que du solvant, de l’acide sulfurique ou encore de l’ammoniaque, l’ice engendre une dépendance dès la première prise. Un cocktail détonant qui cause des ravages physiques et psychologiques, bien souvent irréversibles. « La consommation régulière de méthamphétamine, donc de l’ice, engendre ce qu’on appelle un syndrome de persécution. Ce sont des symptômes délirants, avec des hallucinations et qui changent la perception de la réalité », explique le docteur Yuri Costa de Moraes, psychiatre.

En poste en Polynésie depuis 10 mois, le docteur Costa de Moraes s’occupe d’une trentaine de patients, consommateurs d’ice depuis quelques mois seulement. Il espère que les investigations policières vont encourager un plus grand nombre de personnes à se faire soigner. « Il y a une sorte de culpabilité vis-à-vis du consommateur et des familles. Cette culpabilité rajoutée à la descente peut provoquer des syndromes dépressifs qui peuvent mener à des passages à l’acte suicidaires. » 

« Un jour mon fils est venu et il m’a dit : « voilà, tu vas être grand-mère. Maintenant, par rapport à ce que tu fais, tu dois faire un choix : c’est soit ton petit-fils, soit ton paquet de ice », raconte Marie.  

Aujourd’hui sevrée, Marie s’occupe de jeunes en difficulté et consacre ses efforts à les informer sur les méfaits de l’ice. Selon le docteur Brugiroux, chef de service du centre de consultation en toxicologie, on compte environ 10 000 consommateurs d’ice en Polynésie.

Reportage : Jeanne Tinorua Tehuritaua et Esther Parau Cordette

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