Nani Teaha porte le soleil sur son cœur, cela se voit sur son visage. Femmes de Polynésie vous fait découvrir une vahine passionnée de culture, qui danse la vie avec le naturel qu’ont les oiseaux à s’envoler vers les nuages.
À TRAVERS DES YEUX D’ENFANT
Nani Teaha est originaire de Papara.
« J’aime ma commune. »
Enfant, sa mère, qui ne danse pas mais qui est passionnée par la culture, l’emmène voir des répétitions de groupes. Ensemble, elles ne manquent aucune soirée du Heiva.

« Depuis petite, je baigne dedans avec ma maman.
»
Ainsi, à l’âge de 5 ans, elle demande à prendre des cours de ‘ori tahiti.
UNE PASSION GRANDISSANTE
Inscrite à Vital avec Tumata Robinson , elle découvre un monde qui n’attendait qu’elle. Puis, en 1991, Angela Bernardino, dont elle est très proche, crée son école de danse dans la commune qui les a toutes deux vu grandir.
« Ma sœur de cœur, Angé, c’est la grande sœur que je n’ai jamais eu. Quand elle a ouvert son école de danse, on était 5 ou 6, on dansait dans sa cuisine. »

Au sein de ce groupe de femmes passionnées, Nani Teaha explore ses capacités et son enthousiasme. Elle crée elle-même ses propres costumes, prend son vélo d’adolescente pour se rendre à chaque cours.
« Elle m’a tellement transmis son amour pour la danse, que je n’ai jamais arrêté. Pour cela, je la remercie. »
Le bateau s’embarque, c’est en dansant que Nani s’avancera sur le chemin de la vie. En 1995, elle a 15 ans, et c’est la première fois qu’elle participe au Heiva i Tahiti, aux côtés de la troupe Tamarii Papara et c’est cette année-là que j’ ai rencontré mon amoureux, Torea

EN CONSTANTE ÉVOLUTION
Au fil du temps, elle rencontre Jean-Marie Biret, avec qui elle fait une tournée de shows à Nouméa, Rarahu Temarii, Tatate Alex avec qui elle participe au Hura Tapairu. Sa route croise aussi celles d’autres grands noms de la danse, qu’elle évoque avec tendresse, comme Eva Grouazel, Heimoana, et Vanina.
« Ce partage, ces personnes qui ont ce respect pour notre culture, c’est grâce à ça que j’avance, que j’apprends tous les jours. »
En 2014, lorsque l’école d’Angela Bernardino ferme ses portes, Nani Teaha décide que ce ne sera pas la fin de son apprentissage.

« J’avais envie de chercher encore, alors j’ai continué dans différentes troupes. L’année dernière, je me suis inscrite au conservatoire. »
Depuis six ans, elle s’intéresse également au hīmene, et participe cette année au Heiva avec le groupe de Mike Tessier, Reo Papara.
« Je ne suis pas experte en chant, mais j’ai appris. »
DES HISTOIRES QUI SE DANSENT
Pour Nani, le tamure ce n’est pas seulement vivre sa culture au moment présent, mais aussi acquérir toujours un peu plus de son propre récit.
« J’aime écouter les histoires que les conteurs racontent, j’aime comprendre les gestes que je danse. On s’enrichit tous les jours de ces connaissances. »
Sa culture, elle la vit chaque jour, avec ferveur.

« Quand tu fais ta première répétition à To’ata, tu es pieds nus sur scène, il y a quelque chose qui monte en toi, un amour, un mana. »
DES LIENS QUI SE TISSENT
« J’ai de la chance d’avoir un mari qui comprend et qui est fier de sa culture. Merci à mes enfants ma famille pour leur patience. Je suis très attachée à ma culture. »
À force d’accumuler les connaissances et les techniques inhérentes au ‘ori tahiti, Nani s’est constituée une véritable tribu de cœur.
« On fait de belles rencontres pendant le Heiva, et autour de la danse. Des personnes qui font partie de notre famille après ça. »

Institutrice de profession, elle nous conte, les larmes aux yeux, comment elle rencontre à nouveau, au sein de répétitions, d’anciens élèves devenus adultes. Ce respect mutuel entre danseurs, musiciens, chanteurs, mais également entre professeurs et écoliers, semble la toucher au plus profond de son être.
« Ce qui me marque, c’est de voir des enfants qu’on a connus devenir si complets. Voir ces jeunes qui portent si bien leur culture, c’est formidable ! »
LA CONCRÉTISATION DE SON APPRENTISSAGE
En 2014, Nani Teaha et son mari prennent une décision.
« Avec mon chéri, on avait envie de partager notre passion commune à travers une école que l’on construirait ensemble. »
Ainsi en 2022 naît l’école ‘Ori Ōnounouhia, dont ils sont fondateurs avec ses amis Ornella, Arii et Hitia.
« C’est une fierté. Merci infiniment à tous nos danseurs, danseuses, percussionnistes, familles. »

À bientôt 46 ans, Nani est une véritable source d’inspiration. Elle qui a toujours poursuivi ses rêves, appris et transmis avec amour sa passion pour la culture, elle n’est pas prête de s’arrêter.
« Toujours danser et chanter avec le cœur, avec respect et bienveillance. Bien sûr pour nos personnes âgées, mais aussi pour nos jeunes. Toujours au rythme des percussions. »
©Photos : Cartouche Louise-Michèle, Mata Iti, et Nani Teaha pour Femmes de Polynésie