Bébés nés sous ice, l’enfer de la drogue dans les maternités

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L’alerte avait déjà été lancée par la maternité du CHPF en avril. Mais, depuis, la consommation d’ice chez les femmes enceintes ne cesse d’augmenter. En une semaine, deux bébés sont nés intoxiqués à la méthamphétamine. Les soignants appellent les futures mamans à se faire aider pendant leurs grossesses, car dans certains cas, la situation peut avoir de lourdes conséquences sur la santé des nourrissons et sur leur devenir.

Publié le 05/06/2025 à 15:32 - Mise à jour le 06/06/2025 à 8:13

L’alerte avait déjà été lancée par la maternité du CHPF en avril. Mais, depuis, la consommation d’ice chez les femmes enceintes ne cesse d’augmenter. En une semaine, deux bébés sont nés intoxiqués à la méthamphétamine. Les soignants appellent les futures mamans à se faire aider pendant leurs grossesses, car dans certains cas, la situation peut avoir de lourdes conséquences sur la santé des nourrissons et sur leur devenir.

Depuis le début de l’année, une vingtaine de mamans ont déclaré avoir consommé de l’ice durant leurs grossesses. Un chiffre qui ne reflète pourtant pas la réalité, car très peu d’entre elles se livrent sur leur consommation de méthamphétamine.

Si certains nouveau-nés ne présentent pas de complication, ce n’est pas le cas pour tous. En une semaine, l’hôpital a dû sauver deux bébés intoxiqués.

« Ils font toutes les complications, soit du prématuré, soit du bébé à terme, de façon plus intense. Il y a quelque chose qui s’appelle le retour à la circulation fœtale, c’est-à-dire qu’un enfant ne s’oxygène pas correctement. Il y a plein de circonstances qui peuvent faire que ça arrive. C’est quelque chose qu’on connaît et dont on a l’habitude. Et c’est beaucoup plus important quand l’enfant est sous l’emprise de l’ice, avec aussi une atteinte au niveau du cœur pendant quelques jours », constate avec regret le docteur Françoise Pavlowsky, la cheffe du service de néonatologie du CHPF de Taaone.

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15 jours sont nécessaires aux bébés intoxiqués pour se remettre. Mais il arrive qu’ils conservent des séquelles pour le reste de leur vie. Un fait nouveau pour les professionnels de santé du fenua qui sont contraints de s’adapter à cette triste situation.

« On essaie de revoir nos pratiques et de s’informer davantage sur ces stupéfiants qu’on n’avait pas l’habitude de gérer à l’époque », confie Josué, assistant social à l’hôpital.

« Avant, on avait souvent des consommatrices de paka, mais pas d’ice. On voit de plus en plus ce phénomène qui fait beaucoup de ravages, parce que ces enfants, qui ont des séquelles, seront forcément suivis par d’autres institutions de santé ou du milieu social » ajoute-t-il.

Une procédure est en effet engagée dès qu’un signalement est effectué par le personnel de santé. Si, dans un premier temps, le service social du CHPF accompagne les mamans sur le chemin de la guérison, le dispositif prévoit aussi le retrait provisoire du bébé à ses parents en cas de danger.  

« Nous faisons une évaluation sociale pour voir le comportement des parents, s’ils ont des gestes adaptés avec l’enfant, si la situation familiale peut permettre un retour à domicile, et nous faisons des retours à la justice », souligne Josué. Mais si le contexte n’est pas favorable, les magistrats peuvent « décider d’un placement de l’enfant en pouponnière ou en famille d’accueil ».

La naissance de leur bébé intoxiqué à l’ice suscite généralement une prise de conscience des mamans qui choisissent alors d’entamer des démarches pour se sortir de l’enfer de la drogue. Elles ont également l’opportunité de décider de se faire hospitaliser durant leur grossesse.

« On lance un appel aux mamans qui sont sous l’emprise de l’ice. Nous ne sommes pas là pour juger et voir les choses négativement. On a véritablement besoin qu’elles viennent à nous pendant la grossesse et, surtout, avant d’accoucher. Parce qu’une prise à ce moment-là a vraiment des conséquences sur le bébé », souligne Françoise Pavlowsky.

Le problème est tel aujourd’hui, en Polynésie, qu’un nouveau réseau est en cours de création pour assurer la prise en charge de ces nourrissons.

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