Hokini Commings, boxeur, ripeur et désormais policier

Depuis cinq mois, Hokini Commings est agent de police judiciaire adjoint titulaire. Avec ses co-équipiers, il assure la surveillance et la sécurité publique de la zone étendue de la commune de Punaauia. Hommes de Polynésie vous emmène à la rencontre de cet ancien ripeur, passionné de boxe, qui a trouvé sa vocation grâce à la fonction publique.

Pour Hokini Commings, tout ou presque, est une question de famille… Son prénom d’abord, qui est aussi celui de son père et de son grand-père, et puis la boxe, une passion intergénérationelle.

Il grandit à Punaauia, intègre une filière en mécanique et obtient son CAP puis son Bac. En parallèle, il boxe…

« Moi et mes frères, on était bénis dans la boxe. En fait, c’est toute ma vie ! J’ai commencé à l’âge de 12 ans. Au début, mon père m’y entraînait pour jouer et me faire dépenser mon énergie. Et puis, j’ai vraiment pris ce sport au sérieux et j’ai porté haut les couleurs de Punaauia. »

Hokini Commings, policier à la brigade de Punaauia, en Polynésie française
Avec son père, son mentor
Hokini Commings, policier à la brigade de Punaauia, en Polynésie française
“ Je ne dis pas que le sport va t’ouvrir toutes les portes, mais grâce à ça, tu peux te faire un nom et te faire respecter aussi. ”

À 18 ans, Hokini s’engage dans la boxe professionnelle. Mais, c’est sans compter sur la pandémie du Covid qui s’invite et stoppe net ses ambitions.

« Heureusement, en 2019, j’ai trouvé un emploi en tant que ripeur pour la commune de Punaauia. C’était aussi une solution pour payer mon sport, qui demandait énormément d’argent pour les déplacements, le matériel et les soins médicaux. J’ai vraiment passé de bons moments en tant qu’éboueur. Il y avait beaucoup de solidarité, c’était une famille. »

Au bout de quatre ans, son actuel chef Étienne Iotefa, lui propose d’intégrer la police municipale via un recrutement.

« Je pense que le sport m’a beaucoup aidé à obtenir cette opportunité. On connaissait un peu mon parcours et ce que je faisais. J’ai voulu tenter ma chance pour voir jusqu’où je pouvais aller, alors j’ai passé les tests physiques, les écrits puis les oraux. Et me voici ! »

En octobre 2023, Hokini rejoint les rangs de la police municipale et, depuis peu, a été titularisé. Il a suivi la formation en tant qu’APJA1, organisée par le CGF2, et a énormément appris.

Hokini Commings, policier à la brigade de Punaauia, en Polynésie française
La promo de Hokini, 20 jeunes qui voulaient y arriver et qui ont tous réussi.

« On est là pour régler les problèmes des autres : violences conjugales, disputes familiales… Mais nous personne ne règle les nôtres. J’essaie de prendre du recul, comme on me l’a appris en formation. J’ai aussi appris à m’exprimer et à avoir une bonne relation avec les gens. C’est un beau métier. Franchement, aujourd’hui, je me vois mal faire autre chose… »

Même si parfois c’est difficile, Hokini apprécie les moments précieux où il voit l’impact de son travail auprès des citoyens, comme cette fois, où une maman a retrouvé son enfant qui s’était perdu.

« Je me suis bien adapté à mon nouveau métier. Je le vis à pleines dents ! Il faut savoir s’adapter tout le temps. C’est le chef de brigade qui nous donne nos missions d’intervention. Parfois, on part sur une opération banale qui se révèle plus compliquée que prévu. »

Ce qui lui plaît aussi, c’est l’ambiance.

« J’ai l’impression d’appartenir à une famille. Que ce soit au poste de police ou à la brigade de Pirae où j’ai passé ma formation, j’ai ressenti cette cohésion. C’est aussi la relation que j’ai avec les habitants de ma commune. C’est toujours un plaisir de servir les gens qui m’ont vu grandir, qui m’ont soutenu dans mon sport et mon travail. »

« Quand je vois des jeunes au bord de la route, je me dis qu’à leur âge, je boxais et faisais des championnats. Peut-être qu’en me voyant, ils peuvent se projeter. Si je peux en inspirer et en sauver quelques-uns, j’ai gagné !»

Lors de ses patrouilles, Hokini aborde les jeunes comme un grand frère.

« Moi, j’ai eu la chance d’avoir mon grand frère comme exemple. Lui et mon papa sont mes héros. Cela m’a permis de garder le cap, de ne pas tomber dans la délinquance. Je conseille aux jeunes de se lancer dans les sports de combats pour éviter les mauvaises influences. »

Hokini Commings, policier à la brigade de Punaauia, en Polynésie française
Avec son frère, Cédric Bellais, champion de boxe, son héros : “ Je suis fier d’avoir essayé de suivre ses traces ”.

Sa journée type commence tôt, souvent par un footing de 10 km avec son frère à 5 heures, ou une séance de sport à la salle l’après-midi s’il embauche à 18 heures.

« Cette hygiène de vie me permet de rester en bonne santé. Dans mon métier, il faut avoir une excellente condition physique. Et puis, le sport, c’est important, cela apporte des valeurs essentielles, comme le respect envers ton adversaire et la confiance en soi. »

Hokini Commings pratique toujours la boxe et l’envie de « monter sur le ring » le titille encore.

Hokini Commings, policier à la brigade de Punaauia, en Polynésie française

Aujourd’hui, ce jeune policier qui aime être sur le terrain ambitionne aussi de devenir tuteur pour accompagner les jeunes recrues en formation. Ensuite, un jour, il aimerait devenir brigadier.

« Comme on dit : “aide et la vie te le rendra”… C’est mon adage. J’ai toujours aimé aider les gens. On m’a toujours appris à respecter les aînés et à être serviable. Aujourd’hui, je mets cette éducation au service de ma commune. »

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¹ Formation professionnelle pour devenir agent de police municipale

² Centre de Gestion et de Formation : établissement public local chargé de la gestion de la carrière et de l’organisation des formations des agents communaux et de leurs groupements 

©Photos : Cl Augereau et Hokini Commings pour Hommes de Polynésie

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