Tahiti Nui Télévision : Le Prêt à taux zéro (PTZ), une bonne idée pour les ménages les plus modestes, on l’a vu. Bonne idée aussi pour les entreprises ?
Steeve Hamblin, président du Medef Polynésie : « Alors les trois banques de la place qui font partie du Medef, avaient déjà signalé l’année dernière un ralentissement du volume des crédits immobiliers. Alors, on va y mentionner effectivement une hausse des prix de l’immobilier. Il y a aussi, ne pas oublier, la hausse des taux d’intérêt. Et donc une solution avait été recherchée. On est allé regarder du côté de la Nouvelle-Calédonie où le PTZ était déjà en place. Et donc on ne peut qu’applaudir aujourd’hui que le gouvernement, alors initialement le ministre Dexter et puis maintenant le nouveau ministre du Logement aient pu faire aboutir ces travaux. Alors, on attend effectivement à ce que le BTP en bénéficie et également tous les commerces de biens d’équipement. »
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TNTV : Quels seraient les risques pour les entreprises, s’il fallait penser par exemple à une réforme du dispositif ?
Steeve Hamblin : « Quels seraient les risques ? Alors, on n’en est pas aujourd’hui à essayer de réformer un dispositif qui n’a pas encore été lancé. (…) On essaie d’anticiper au maximum, effectivement. Alors aujourd’hui, on ne peut qu’applaudir ce type de dispositif. Et si on en avait d’autres dans d’autres domaines, ce serait encore mieux. »
TNTV : Alors sans dire que certaines entreprises risquent d’en profiter, est-ce qu’on peut ce soir assurer les ménages et dire que les grilles de tarifs vont rester à l’identique (…) sur l’immobilier, sur les entreprises, sur le BTP, sur les prestations ?
Steeve Hamblin : « Est-ce que je peux garantir si les prix de l’immobilier vont être les mêmes demain ? Absolument pas. »
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TNTV : En tout cas sur les prestations, les entreprises, les artisans ?
Steeve Hamblin : « Je n’ai pas ce pouvoir, je n’ai pas le pouvoir non plus de garantir les prix. Et c’est aussi la raison pour laquelle nous sommes dans une économie libre. Et ça, c’est important pour notre activité, notre économie. Il faut que les gens, les entrepreneurs puissent décider eux-mêmes des marges qu’ils appliquent. Effectivement, on entend beaucoup de la part des autorités, on entend beaucoup ces messages qui nous disent qu’aujourd’hui, la raison pour laquelle la vie est chère en Polynésie, c’est parce que les entrepreneurs feraient des marges excessives. Or, nous avons démontré par des chiffres, et c’est drôle parce que personne ne veut les entendre, que l’inflation a chuté de 8% à 1,6% en seulement deux ans. Elle est toujours de 5% à l’international. Et il y a eu une seule baisse d’impôt de 1% de la taxe sociale. Donc, qui a fait ces efforts ? Ce sont les entrepreneurs. Malheureusement, on ne veut pas nous écouter. »
TNTV : Alors justement, on va entrer un peu plus précisément dans ce colloque sur la vie chère. Vous avez marqué par votre prise de position, très clair, très transparent, dans un courrier. Un mois plus tard, est-ce qu’on est dans l’impasse ? Ou est-ce qu’il y a eu concrètement des avancées ?
Steeve Hamblin : « Nous, nous continuons à travailler avec les ministres. Effectivement, je ne peux qu’applaudir la qualité des ministres que nous avons. Donc, au niveau des sujets techniques, l’ensemble des membres qui composent le Medef sont toujours sur le terrain et à discuter pour faire évoluer les choses et les secteurs. »
TNTV : Ça veut dire que vous avez une suite à ce courrier ?
Steeve Hamblin : « Ah non, là, ce courrier a concerné l’Assemblée, le président de l’Assemblée de Polynésie. En fait, nous, on n’a pas trouvé, au sein des dix recommandations qui sont sorties du colloque, on n’a pas trouvé ne serait-ce qu’une seule recommandation forte pour faire baisser les prix. Il s’agit simplement aujourd’hui de remettre à plat et en question le fonctionnement. »
TNTV : Qu’est-ce qui vous a chiffonné, Steeve Hamblin ? Est-ce que c’est ce contrôle des entreprises ? Pourquoi finalement ne pas communiquer en toute transparence sur les coûts, sur les marges ?
Steeve Hamblin : « Ça revient en gros à essayer de déterminer combien vous gagnez. Est-ce que vous communiquez dessus ? Chaque entrepreneur va essayer effectivement de faire fonctionner sa société. Et puis, les chiffres qui nous ont été présentés, ce sont des revenus bruts, parce que derrière, il faut payer des salaires. Donc, vous voyez, ce n’est pas aussi simple que ça. Donc, nous, aujourd’hui, ce qu’on critique, c’est cette mainmise de l’administration, parce que demain, au sortir du colloque, on a essayé de nous faire comprendre qu’il fallait contrôler davantage les entreprises, contrôler davantage les commerces. »
TNTV : Alors que vous, vous voulez plutôt agir sur le cadre, c’est ça ? Vous parlez d’investissement, notamment du droit du travail, c’est ce que vous dites ?
Steeve Hamblin : « La libre concurrence, regardez partout ailleurs dans le monde. Une économie qui se développe repose sur la libre concurrence. Et aujourd’hui, malheureusement, nous nous dirigeons vers une administration géante. Et ça, c’est dangereux. »
TNTV : Steeve Hamblin, vous vous êtes aussi déjà exprimé, suite aux taxes annoncées par Donald Trump. Votre constat est sans appel. Vous parlez de crise mondiale. Vous voulez une cellule de crise, concrètement. Qu’est-ce que cela peut impliquer ?
Steeve Hamblin : « Alors, déjà, je n’ai pas de boule de cristal, le Medef non plus. Par contre, nous suivons des indicateurs depuis plus d’un an. Et malheureusement, chaque matin, ils viennent confirmer nos prévisions. On avait espéré que le président Trump puisse ralentir, effectivement, les échéances. On constate tout simplement aujourd’hui, après 100 jours de son investiture, qu’il a empiré la situation. (…) J’ai vécu en tant que ministre du Tourisme, en 2009, le lendemain de la récession de la crise des subprimes de 2008. Et à cette époque, tous nos hôtels étaient à vendre. Donc, ce à quoi il faut faire attention, c’est que lorsque -et le marché américain, touristique, est très sensible- lorsque la panique arrive, ce sont des centaines et des milliers d’annulations qui sont faites dans nos hôtels. Sachant que nos hôtels, ce sont les chevaux de course de notre économie. Donc, si eux, demain, vont mal, c’est toute l’économie qui ira mal.
On aurait simplement souhaité, et on attend toujours que le Pays, alors, ils sont très occupés, mais nous aussi, que le Pays accepte qu’on puisse clairement en discuter avec tout le monde. Avec éventuellement tous les chefs de fil politique, et pourquoi pas également les syndicats des salariés. »
TNTV : Autre point à évoquer dans l’actualité, ce sera le dernier. La TVA à 1% dans les archipels. Comment c’est perçu, ça, par les entreprises ?
Steeve Hamblin : « Alors, c’est surtout l’application qui va être compliquée. Effectivement, on ne peut qu’applaudir le principe qui consiste à essayer de trouver une solution pour que les îles aient des prix moindres et moins élevés au vu du fret qu’ils doivent encaisser et régler. Maintenant, la problématique, c’est comment vous faites appliquer ça. Et c’est de cette administration envahissante dont nous parlons et qui est aujourd’hui, que nous craignons. Parce que ça supposera de faire plus de contrôle des liaisons dans les îles. Ça supposera de donner plus de moyens à l’administration. Ça supposera donc d’augmenter les dépenses publiques. Et donc, peut-être demain, d’augmenter les taxes. Donc, il y a beaucoup de travail à réaliser, effectivement, pour éclaircir cette chose. »